Paléo, du lourd pour le samedi

Allait-on rugir de plaisir ou roucouler devant The Animen pour débuter la soirée sous le Club Tent? Et bien un peu des deux. Leur rock aux sonorités vintage est fait pour danser et malgré la fournaise, le public se laisse aller, dégoulinant même lors du moment slow du concert. Trois accords de ukulélé plus tard, la foule exulte sur "Pretty Ballerina" et The Animen ne la lâche pas. Mélangeant comptine populaire et final au kazoo, les cinq nous achève avec le refrain répétitif de "Shake (On The Tabletops)" mais on en redemande!

Bien qu'on aurait préféré le voir plus tard dans la soirée pour profiter plus au frais de sa musique, Oxmo Puccino a montré aux Arches qu'il était bien le crooner du rap, le Black Jacques Brel. La plume affutée mais pas acérée, Oxmo Puccino manie la poésie comme personne. "Il faut plus que des qualités" pour réveiller le public assommé par la chaleur mais en distillant son "Artiste", Oxmo Puccino a montré qu'il les avait dans le cœur. Piano espiègles et rythmes taquins, on se laisse onduler au gré du flow.

Au même moment les charmantes Théodore, Paul et Gabriel délivrait une prestation tout à fait convaincante au Club Tent. Un univers folk-rock assez léger qui peut s'appuyer sur des compos en bêton. Leur premier album sorti l'année dernière PLEASE HER, PLEASE HIM nous avait tapé dans l'oeil et c'est donc des mélodies plein la tête que nous passons un agréable moment avec le groupe parisien. La reprise des Clash confirme évidemment que ces filles ont du goût.

Petit tour à la Grande Scène pour voir les BB Brunes égrainer leurs tubes face à un public qui lui renvoyait les paroles en karaoké. Leur pop rock fait son effet, il suffit de "Dis-moi" et les adolescentes se pâment. Mais on n'est pas rester trop longtemps, trop de NICO TEEN LOVE tue paraît-il.

Aux Arches, c'est Benjamin Biolay qui arpentait la scène. Une chemise hawaïenne ne suffit pas a rendre le chanteur heureux mais ça tombe bien car c'est son côté tortueux qui nous plait (même s'il a esquissé quelques pas de danse). Il enchaine les titres, c'est sympa mais sans plus.

La venue de Damien Saez était très attendue sur la plaine de l'Asse. On se rappelle du concert annulé "à la der" aux Docks avec toutes les questions légitimes qui se posaient à ce moment là. Ce soir, le chanteur est bien là. Attitude rock à la Saez, lunettes de soleil, clope, whisky. Il réclame des seins nus, il les obtient, facile. On connait les textes engagés du chanteur, pour ce concert il taille en morceaux la finance, Genève, les banques et ceux qui ramassent tous les profits sur le dos du peuple. Un show sur mesure pour tous ces curieux. Certains partiront, Saez ne laisse pas indifférent. "Marie ou Marylin" s'enchainant avec "Marie" (ou Damien Saez se la fait en Brel), "J'accuse", "Pilule", "Sonnez le tocsin dans les campagnes", "Les Anarchitectures 2", tant de morceaux qui claquent en live. Une fin de concert intense, un verre levé, pas de rappel. La classe quoi.

Attention, si vous n'aimez pas les superlatifs, arrêtez-vous de lire là, le reste du paragraphe en est truffé car il en faut pour décrire la prestation de Blur hier devant "all the people, so many people" de la Grande Scène. Commençant direct par "Girls & Boys", les quatre rois de la Britpop sont là pour revivre leurs plus grands tubes avec nous et durant une heure et demi, c'est exactement ce qu'ils feront avec brio. Un lightshow correct, pas de déguisement, c'est dans l'attitude qu'on reconnaît les grands groupes. Jouant de manière complice avec Dave Rowntree sur "Beetlebum", se jetant sur les amplis et se roulant par terre sur "Parklife" ou surfant sur la foule sur "Country House", Damon Albarn a du charisme à revendre. Enrichissant sa musique de quelques cuivres et de choristes, Blur a fait du Blur avec un zeste d'originalité bien dosé. Alex James et Graham Coxon ont montré leur talent avec un superbe final sur "Trimm Trabb". Bref,  chacune des chansons jouées hier sur la plaine de l'Asse mériterait son éloge. Cela faisait près de vingt ans que les quatre n'étaient pas revenus à Paléo, leur public a certes vieilli lui aussi mais qu'importe, les bons sons sont éternels et dans le rappel, Blur en a encore distillé: l'intemporel "For Tomorrow", le troublant "The Universal" et l'éternel "Song 2". "This is the night", this was THE night!

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