Hellfest 2024 – INFERNOPOLIS – Jeudi 27 Juin

Crédits photos et article : Emmanuel

Tout vient à point. On y est, et c’est avec une petite attente qu’arrivent mes quatre comptes rendus de ces ÉNORMES quatre jours. Le mois de juillet a été chargé car votre serviteur à posé le genou a terre devant sa belle afin de lui passer la bague au doigt ! Rien que ça! Et ça mériterait un compte rendu au moins aussi conséquent que celui de cette édition 2k24, croyez-le bien.

Dix années que je fréquente cet extraordinaire festival et que les claques sont au rendez-vous à chaque nouvelle édition. À l’ouverture, ce jeudi, c’est un site, encore une fois, plein à craquer mais à l’intérieur duquel il est paradoxalement très facile de circuler. Une des grandes nouveautés de cette année c’est un espace Market repensé au niveau des bars, et, qu’on se le dise, de toute beauté.

Que vous découvriez cet espace ou que vous en soyez familier, vous êtes désormais dans une véritable petite ville avec ses commerces, son ambiance, et ses retrouvailles, j’y viendrai un peu plus tard. Il y a même des soirées (alternatives) et une jolie programmation de concerts, et cela, à tout moment de la journée. Bref, cet endroit est devenu un univers parallèle à lui tout seul. 

Désormais on y trouve un bien joli bar dédié à l’univers du rhum, une fois l’entrée franchie, sur votre gauche, ainsi que d’autres espaces consacrés à la dégustation de bières. Autant vous dire qu’il sera possible de s’hydrater comme il se doit, en plus des différents stands déjà présents à l’intérieur du site.

Le soleil est impitoyable en ce jeudi après-midi  (et il n’est que 14h30 moussaillon!). Bien que le début des hostilités ne soit pas prévu avant 16h30, toutes scènes confondues, les festivaliers ont déjà envahis les scènes et on commence à voir s’agglutiner des gens pour ces premiers concerts. 

Le respect est de mise et, je le répète, malgré ce que j’ai pu entendre ça et là, il est plutôt aisé de circuler sur les différentes scènes. Le site est très bien pensé ce qui n’est pas le cas pour tous les festivals. De nouveau, le site a été repensé, notamment un peu plus incliné au devant des Mainstages, de telle manière qu’il est possible d’être eu milieu de la fosse et d’avoir une vue bien dégagée et un son de bonne qualité, clair et puissant. C’est là ce que j’ai constaté tout au long de ces quatre jours. 

De la Valley, je ne parlerai pas plus qu’en 2023. Il n’y a rien à en dire. Je la trouve à sa place, avec là aussi, une scène suffisamment intimiste, tout en étant ouverte pour que les spectateurs retardataires puissent jouir des concerts proposés. Je ne comprends donc toujours pas ce (faux) débat qu’il y a autour de son changement de place. 

Quatre semaines et demie après ces quatre jours de folies, et après avoir échangé avec différents festivaliers, ami-e-s youtubeuses et youtubeurs (c’est ainsi qu’on les appelle!), et, différents personnels présents sur les stands et le site, le bilan est simple : (Quand) la musique est bonne, bonne, bonne !

L’essentiel de ce festival réside dans la MUSIQUE, au delà de prétendues questions fondamentales comme le fait de savoir si les toilettes sont eco responsables, et les plats proposés aux stands, sans gluten. Parlons musique, donc.

Comme nous le disions avec mes (illustres!) homologues de Rock Hard Magazine, quasiment plus personne ne veut (ni ne peut?) prendre le temps de produire des comptes rendus écrit et un tant soit peu fouillés. Quel dommage. Il y a tant à écrire en prenant son temps. À l’heure de “l’intelligence artificielle”, qui n’est pas intelligente mais totalement artificielle, il convient de ramener un peu de subjectivité et de chaleur dans le monde de l’écrit. Ne comptez pas sur moi pour bouder mon plaisir de m’adonner à cet exercice. Point de Chatgpt ici !

Le temps de digérer les différents émotions qui traversent mes oreilles et mes yeux, voici donc le report de cette édition 2024 qui s’est déroulée entre le 27 et le 30 juin 2024 à Clisson

En préambule, je voudrais passer dores et déjà le bonjour à Phil Lageat, et lui signaler que sur ses conseils éclairés, j’avais décidé d’annoncer à ma famille que je faisais du hard ! Cher François (Blanc), j’envisage de me tatouer le logo de Sabaton sur le visage, l’année prochaine, pour mes un an de mariage, un avis ? Je le répète votre travail est inspirant et le métal à besoin de vos murs porteurs, encore un grand merci à vous, on a passé un bon moment.

C’est à une véritable renaissance, depuis trois ans, à laquelle nous assistons et j’en suis très heureux. Merci à Ben Barbaud et aux organisateurs d’avoir eu l’audace de mélanger les styles et les ambiances. Qui peut se targuer de recevoir Cradle of Filth et The Offspring dans le même festival ? Thursday et Prodigy ? Kerry King et Wargasm ? Bravo également d’avoir diversifié et introduit davantage de metal féminin qu’il soit issu du heavy, de l’electro, ou du metalcore. Et bravo pour toutes ces fontaines à eau qui m’ont sauvé la mise malgré mes trois litres quotidiens, déjà présents dans mon sac. 

Slaughter to Prevail

Je vais être honnête ça ne fut pas ma prestation préférée de cette édition.

Je n’ai, à vrai dire, pas tellement été convaincu par cette prestation poussive dans son ensemble. Jugez plutôt : son brouillon, batterie inaudible sur les parties rapides, et que dire de ce wall of death qui arriva après qu’Alex dit « le terrible » eu quémandé ce dernier pendant plus de dix minutes face à un public hagard, dubitatif, curieux et plutôt jobard.  

Bref, si en vidéo, le concept semble intriguant : muscles, testotérones, tatouages de la tête aux pieds, très effrayante cicatrice sur le visage, bataille avec des ours, hurlements de l’apocalypse ! En concert, du moins, devant le parterre d’une Mainstage, selon mon moi, ça n’a pas vraiment fonctionné. 

Toutefois, le grand sourire d’Alex, à la fin du set, viendra contraster avec le côté « terrible » et théâtral des slaves. À revoir dans d’autres conditions, certainement.

Ice nine Kills

Voilà mon ENORME coup de coeur de ce jeudi. Voilà c’est dit. Tout fonctionne. Tout. Le metalcore des américains qui ont démarré par le passé par faire…du ska (oui monsieur! NDR : d’ailleurs le premier album est complètement épuisé et introuvable à présent) aujourd’hui le groupe a une proposition pour le moins étonnante : costards, bogossitude (pour les gens qui se souviennent de quoi il s’agit..), techniques vocales très rodées, harmonies de guitares très léchées et spectacle horrifique complètement incarné. 

Basé sur les films d’horreur, donc, le concept du groupe est totalement en adéquation avec les textes et la mise en scène horrifique très inspirée d’un certain Alice Cooper : Freddy, Patrick Bateman tiré du livre de (l’immense) Bret Easton Ellis qui raconte l’histoire d’un banquier sociopathique qui fait semblant de travailler la journée et tue des gens la nuit (tout un programme!), mais encore, Halloween, Leatherface, American Horror Story, The Purge, etc. 

Finalement, le combo, à lui seul, illustre bien ce chouette tournant metal de ces dernières années. Exit les cheveux longs et les looks un peu destroy. Là, tout le monde est beau, propret et le niveau technique est éclatant. Mais ne vous y détrompez pas, les compos sont superbement orchestrées et la mise en scène, à elle seule, vaut le détour. Ça faisait longtemps, à vrai dire, depuis Killswitch Engage et Parkway Drive (Atlas quel album quand même !) que je n’avais pas ressenti un enthousiasme pareil. 

Mais quand même : que ça fait drôle de voir des types en bermuda rose et Polo Ralph Lauren chanter au millimètre, puis hurler à la mort en arborant le gant de Freddy Krueger avec un très joli noeud pap!

À revoir de toute urgence, donc!

Baby Metal

Et bim, deuxième grosse claque. 

Le jeudi est officiellement un jour de plus à cocher dans l’agenda. 

Ce qui m’intrigue le plus avec le combo japonais, c’est la manière dont le combo arrive à ambiancer son public avec son metal « Kawai » comprendre metal « mignon » en convoquant un mélange de death metal technique et mélodique qui n’est pas sans rappeler Slipknot et le côté édulcoré d’une pop toute en douceur. Le décor est posé. Il fait une chaleur étouffante tandis que les trois jeunes chanteuses sont couvertes d’épaisses couches d’un très beaux tissu et vont se donner comme missions de transpirer pendant une heure en courant, gesticulant, dansant avec la précision japonaise qu’on imagine. 

Moins décousu que Poppy et plus puissant qu’une prestation Kawai traditionnelle, Baby Metal a une vraie proposition singulière.

On se demande bien quelle énergie et entraînement sont nécessaires ici, pour exécuter ces sauts de cabris avec cet épais tissus et des Doc Martens montantes sous ces redoutables 35 degrés?! 

L’hypnotique « babymetal death » dit les termes. La voix robotique de Suzuka Nakamoto conjuguée aux riffs mécaniques et froids exécutés par des musiciens masqué renforcent la bizarrerie de l’ensemble. J’adore ! 

Si les deux chanteuses auxiliaires : Mizuno et Moa Kikuchi chantent finalement assez peu mais se dépensent comme si leur vie en dépendait et surtout quel travail de synchronisation entre ces trois artistes. Le niveau technique est très très élevé et, qu’on se le dise, les japonais qui n’ont pas l’habitude de présenter des choses médiocres, s’attèlent à mettre en place une prestation très ficelé. Cette dernière, d’ailleurs retransmise intégralement sur Arte Concert pour les retardataires. Bravo. 

Kerry King 

Lorsque Slayer annonça son split en 2019, je n’y ai pas cru. Avant eux : Aerosmith, Kiss, Oasis ! Et devinez quoi?! Tous se sont reformés. Oui, Oasis s’est reformé, mais là n’est pas la question !

Et puis, il a fallu s’y faire. Ajoutons à cela, la manière triste avec laquelle les anciens comparses ont tous été vindicatifs les uns avec les autres et on obtient un bonne dose de déception. En interview, interdiction absolue de parler de Slayer et pourtant ce soir c’est une page de l’histoire du métal qui va se rouvrir pour notre plus grand plaisir, et le mien. Je suis devant pour admirer le crâne lisse comme une boule de billard de monsieur Kerry King.

Ce soir, c’est un Kerry King très en forme qui apparait devant nous et il y a de quoi! Jugez plutôt le line up : Mark Osegueda de Death Angel et Paul Bostaph qu’on ne présente évidemment pas, parviennent difficilement à me faire comprendre que ça n’est pas à une prestation de Slayer à laquelle nous assistons tant la voix d’Osegueda et sa troublante ressemblance capillaire avec son homologue chilien me plongent dans une totale confusion.

Le roi Kerry ouvre le bal avec le très cérémonieux « Where i Reign » tiré de From Hell I Rise. Parlons peu : cet album fonctionne très très bien sur scène. Les riffs sont racés, le jeu de guitare agressif, mais avec une nouvelle intensité. Alors que Slayer était un collectif, Kerry King décide dans cet mouture de se mettre plus en retrait, avec un Oseguada qui occupe la scène et impose le style furieux qui est le sien.

Pour que le public puisse évacuer sa nostalgie, les inconiques « Disciple », « Raining Blood » et le très lointain « Black Magic » sont assenés avec la précision nécessaire grâce à un Bostaph qui connait, bien évidemment ses classiques. Il faut dire que le tandem King/bostaph, c’est de l’histoire ancienne. A n’en pas douter ce « From Hell I Rise » qui conclue cette prestation, nous rappelle que la tête pensante n’a pas dit son dernier mot. 

Megadeth 

Malgré la fatigue évidente d’un Mustaine au visage buriné, plus que d’ordinaire, et qui nous livre ses plus belles mimiques, je constate immédiatement que le gaillard est de bonne humeur, de très bonne humeur même.

De plus son nouveau guitariste depuis fin 2023, Teemu Mäntysaari, qui remplace désormais le brésilien (Kiko Loureiro), se balade littéralement, sur l’ensemble du répertoire exécuté ce soir. En plus d’être un beau gosse, sorte de Tom Cruise aux cheveux longs, le monsieur, taquine la six cordes avec une facilité pour le moins déconcertante. 

Alors que le soleil est encore haut et, chose inespérée, qu’un fond d’air (frais?) vient caresser la peau brûlée par un après-midi caniculaire, quoique que le ciel fut bien gris par moments, craquent des éclairs qui résonnent sur tout le site et laissent les ricains débouler sans crier gare sur un « The Sick, The Dying…And The Dead » 16ème album du combo sorti en 2022, ultra efficace. 

Mustaine n’aura donc jamais faibli. Ce type est une usine à riffs. C’est une chose. Mais il sait se renouveler, s’en est une autre. Il sait renouveler le son et surtout se montrer créatifs sans jamais se répéter. 

Bien sur, les anciens morceaux sont attendus « Skin o My Teeth », « Symphony of Destruction », « Holy Wars » mais les nouveaux passent crème et franchement ce concert s’est déplié à la vitesse de la lumière tant la set list était parfaite piochant intelligemment dans Youthanasia, Killing et Countdown. Bien entendu, il y aurait eu aussi à faire avec la période 2010-2018 tant les morceaux sont bons. 

Le rouquin nous a encore régalé avec un mini best-of tout-à-fait succulent. Quelle belle soirée. 

Cradle of Filth 

Après avoir mangé une excellente salade bien pimentée (mes origines tunisiennes m’obligent à assaisonner violemment tout ce qui se trouve dans mon assiette). 

Voilà une bien belle manière de terminer cette première journée. 

Ce soir, la proposition des anglais fait immédiatement mouche. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder autour de soi et de constater que cette tente  est pleine à craquer, on devine aisément, donc, que les britanniques sont très attendus.

Tout d’abord le son est divinement réglé. Le light show adéquate entre le rouge, le jaune et le pourpre, à cette heure bien tardive, 2heures du mat’, nous plonge dans l’univers inquiétant mais chaleureux du berceau de la crasse. Et ça n’est pas Marek Smerda grimé en Pinhead (Hellraiser) qui ramènera de la quiétude. 

Si les hostilités s’ouvrent sur l’excellent « Existential Terror » tiré du dernier né Existence Is Futile (qui accuse déjà 3 ans depuis sa sortie) il est agréable de constater que ce soir le combo décide de piocher dans les meilleures parties de sa discographie, sans pour autant jouer la carte de la facilité, pour monter sa set list. Ainsi font partie du casting : « She Is a Fire », « Dusk and her Embrace », « Her Ghost in the Fog », « Nymphetamine ». 

La voix de Dani est parfaitement rodée ce soir et les fameux cris stridents ajoutent un côté grinçant à l’affaire. La mise en place est soignée, grandiloquente sans être excessive et surtout le son parfaitement réglé, ce qui n’avait pas toujours été le cas par le passé. 

« From the Cradle to Enslave » vient clôturer cette bien belle première journée. Il est maintenant fort tard, je suis démonté. Chouette il reste encore 3 jours! Il ne manque plus que quelques verres au bar pour terminer cette chic soirée.

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