On l’a entendu passablement au début de l’année, Biggles. Il nous chuchotait "We May Run" au creux de l’oreille. Mais l’homme n’en est pas à son coup d’essai et a plein d’autres projets sous le bras. Portrait d’un touche-à-tout jusqu’au-boutiste.
Si ton album était une peinture, quelle serait-elle ?
Ce serait une peinture avec énormément de différentes atmosphères. J’imagine plutôt une B.D. qu’une peinture en fait. Cela doit être rempli d’imagination et de sentiments – heureux ou tristes… C’est pour cela que mon nom est tiré d’un personnage de B.D.
Quel album a été une révélation pour toi ?
A travers les années, il y a eu beaucoup de révélations, mais on dit que la première fois est toujours la plus forte en émotions… Alors je pense qu’il s’agit de The Rise And Fall of Ziggy Stardust and the Spiders From Mars de David Bowie.
Certains titres sont très subtils ("Applebite") alors que d’autres sont pas mal rock FM ("Karmageddon"). Es-tu ce genre de personne curieuse, touche-à-tout ?
Je suis très curieux il est vrai, mais surtout je suis quelqu’un qui aime la diversité. La plupart des mes albums préférés sont plutôt diversifiés que homogéniques. Lorsque j’ai fini mon premier album (lequel était très homogénique), j’ai en quelque sorte décidé d’amener plus de couleurs sur son successeur.
De mon point de vue, "We May Run" est un chef-d’oeuvre, mais d’un autre côté, "Blackcaptain" est assez mauvais – à peine meilleur que le "Wind of Changes" de Scorpions! Que réponds-tu à cela ?
Tout le monde voit ou entend ce qu’il connaît déjà. On dirait que tu connais bien Scorpions (dit-il satisfait de m’avoir renvoyé ma vanne en pleine tronche – NdlA) "Black Captain" est en fait un hommage autant à l’époque glam rock de Ziggy Stardust qu’à la personne à Zurich qui était quasiment la seule à soutenir ma petite carrière de débutant. Cette personne tient un bar au look très marin et il se fait appeler Captain V. Il m’a donné la chance de jouer dans son club très en vogue alors que personne ne me connaissait. Plus traditionnellement, le "Capitaine Noir" est une sorte de figure mauvaise dans les films ou les romans, mais c’est une autre histoire.
Tu compares le Moby Dick de Herman Meville avec ton album Colossus. De ton point de vue, les deux sont des descentes aux Enfers. Mais des titres comme "Afterglow" ou "Cityburning" ne sont pas si dark…
"Afterglow" ou "City Burning" ne sont peut être pas si dark de manière harmonique (elle ne sont non plus pas particulièrement heureuses non plus…). Si tu regardes mieux les paroles, il y a comme une cassure entre les arrangements tranquilles d’"Afterglow" ou l’euphorie de "City Burning" : "Today my heart
freezes away / so I turn but on the other end I burn" ("Afterglow") ou "When you’re the last one, forget to turn off the gas / Tak your hair dryer with you when you’re taking a bath". Putain, c’est pas du tout happy, ça !
As-tu connu Adrian Weyermann, qui joue sur l’album, durant ta carrière musicale ou étiez-vous copains déjà avant que tout ce cirque commence ? A-t-il influencé ton écriture ?
Adrian et moi nous sommes rencontrés à l’école à Zurich. On était vraiment mauvais en sport, et lorsque les équipes étaient tirées aux cours de gym, personne ne nous choisissait pour jouer avec eux, alors on finissait systématiquement sur le côté du terrain à discuter musique. Il n’a pas influencé mon écriture tant que ça. Toutes les chansons du premier album ont été enregistrées avant de faire équipe avec lui et j’ai écrit Colossus en complète indépendance aussi. Travailler avec lui en studio m’a été d’une grande aide et m’a appris beaucoup, il est vrai, notamment au niveau de la production. D’un point de vue de producteur j’ai beaucoup appris d’Adrian.
Et est-ce que Zurich a influencé ton écriture ?
Bien sûr, mais je pense que les villes suisses ont tous plus ou moins la même tête n’est-ce pas (!!! – ndlr) ? Zurich n’est pas vraiment une ville idyllique, particulièrement où je vis. Mais les parties vaseuses de mes chansons ont sûrement quelque chose à voir avec cette ville.
Certaines personnes disent que cela prend vingt ans pour écrire son premier album, alors qu’il ne faut que 2 ou 3 ans pour écirre le deuxième. Qu’en penses-tu ? As-tu subi quelque pression des radios après avoir entendu ta musique en rotation sur les ondes ?
Colossus est déjà mon deuxième album, alors la pression n’est plus aussi grande qu’au début. Le premier album (Biggles) a pu passer énormément sur DRS3 et j’ai même gagné le Swiss Top award (durant l’enregistrement de Colossus), alors j’ai eu pas mal la pression, normal… Pour le prochain album, je suis très bien préparé. J’ai vingt-neuf nouvelles chansons – j’entends par-là des démos abouties, finies ! – que je pense enregistrer à New York avec l’un de mes producteurs favoris de tous les temps. Il s’appelle Bryce Goggin, il a produit des groupes comme Spacehog (une des premières formations à me faire découvrir le spacerock), Pavement, Nada Surf, The Lemonheads et beaucoup d’autres. Tu vois, ce sera super excitant, je me réjouis beaucoup !!
Comme dit précédemment, il y a énormément d’atmosphères sur Colossus. Vas-tu te focaliser sur l’une d’entre-elles en particulier sur le prochain album?
Au niveau de l’ambiance générale se dégageant des démos que j’ai couchées, il y a clairement quelque chose qui se cristallise… Il y aura moins de parties avec des ambiances montantes, croissantes disons, et il y aura beaucoup de synthé analogue. Il y a même des titres semi-instrumentaux. Bien sûr tout dépend de la sélection finale et de la production. Bryce a un super studio avec plein de consoles analogues, alors ce ne sera pas que du travail et encore du travail mais beaucoup de fun aussi !!
Pourquoi les gens devraient-ils acheter ton album?
Parce que la musique t’aide à traverser ta journée. En tout cas c’est l’effet que ça a sur moi !
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