Kurt Vile

SMOKE RING FOR MY HALO marque l’explosion de Kurt Vile, les canards musicaux entrant en compétition pour le célébrer le plus langoureusement possible. On ne cesse aussi de signaler qu’il est issu de The War On Drugs, qu’il a cofondé avec Adam Granduciel ; ça fait certainement bien de sortir ça lors d’un apéro dînatoire, mais qui franchement a entendu parler d’eux avant les petits papiers sur SRFMH ? Bref, partout, on a qu’un mot à la bouche sur toutes les touches : prodige. Neil Young, Tom Petty, Bob Dylan (facile), Bruce Springsteen, les rapprochements – à un passé lointain cependant – sont foisons et pas totalement dépourvus de bon sens. Les reconnaissances des pairs – Animal Collective, ouais c’est pas rien hein ? – viennent encore rajouter une pierre dorée au piédestal. On se permet d’omettre le rating (bon ok, signalons juste que 2011 le voit entrer dans le Billboard 200 de façon easy papy). Kurt Vile énerve déjà avant qu’on ne prête une oreille attentive à sa galette.

Ainsi, le 4e album solo de ce jeune de Philadelphie aux cheveux longs et ondulés vous caresse d’entrée dans le sens du poil. Dès le doucereux "Baby’s Arms", ce dix-titres offre une simplicité d’écriture touchante mais vous envoie son intelligence en pleine poire. Si cet album se défait de l’emprunte lo-fi des trois précédents, les sympathies financières de Matador Records aidant, le son n’en est néanmoins pas moins authentique, n’en déplaisent aux puristes du self-made et autres amoureux du crados parfois inaudible. La voix se pose comme une plume sur cet enchevêtrement de pickings, tandis que plus loin, sur "Puppet To The Man", guitare et vocale sont font plus aguicheuses, voire carrément putes.

 

 

C’est le retour du Classique avec un grand « C », rien d’original, un folk qui se lie au blues, ose parfois le dégradé rock, mais même si je l’ai lu partout, je n’ai rien ressenti de psyché. Certes, ses compositions flirtent avec une ambiance aérienne, mais on est bien loin d’un envol spatial qui crève l’atmosphère. D’ailleurs, pas de climax, les ballades se suivent avec une partie rythmique minimaliste au point de sentir le bâclé, proposent de temps à autre une petite touche perso (harpe sur "On Tour", le vocalise qui se la joue ampoulé western sur "Runners Ups", une guitare aquatique à la fin de "In My Time"), mais la fin de l’album vous donnerait presque des ailes si vous ne vous dépêtriez pas déjà à digérer les huit morceaux précédents.

 

Parfait pour la branlette, intellectuelle et manuelle

 

Dans à peu près le même style, autant lui préférer encore Devendra Banhart, plus bandant de folie, ou Bradford Cox – allez hop, je le sors aussi, comme moult parallèles faits dans les chroniques sur Kurt Vile, mais là pour garder sans partage le qualificatif « prodige » à Atlas Sound. Mais les trois premiers albums de Kurt Vile, surtout CHILDISH PRODIGY, suggèrent que le garçon a encore du matos sous la caboche, et que cet album n’est pas celui de la maturité comme on se plaît à le dire – décret aisé tant la galette est le fruit d’une bonne digestion de vieux dinosaures (cités plus haut). Un album pour bourgeois-es bohèmes qui lisent Femina, pondu par un doux rêveur de banlieue noyé sous ses dix frères et sœurs. Parfait pour la branlette, intellectuelle et manuelle.

En concert à la Rote Fabrik le 21 août, avec The Violators pour y ajouter – on l’espère – un peu de pompeux. Kurt Vile a encore de la marge pour cela.

 

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