David Lynch

Avant de commencer, une petite interrogation, comme cela, en passant : quelqu’un chez Lords Of Rock m’en veut-il ? Non, parce qu’après « mon Zombie » qui m’a traumatisé les oreilles (et le reste), j’en viens à avoir à chroniquer Mister Lynch ! Remarquez, j’adore les difficultés. Continuons donc la séance de torture !

Après des années d’une filmographie aussi épatante que déroutante, voire schizophrène, David Lynch se lance avec un album assez, heu, comment dire, inclassable ! Dès que les premières notes, je n’ai pu m’empêcher de penser à des films. A partir de ce moment précis, je suis partie en vrille et le mode "angoisse, terreur et compagnie" s’est mis en marche… Parce que l’univers de M. Lynch est particulièrement excentrique et étrange.

Dès "Pinky’s Dream" et la voix de Karen O (Yeah Yeah Yeahs), un peu semblable à du Sonic Youth, j’ai pensé à "True Romance" et à ce côté trash 90’s avec ce qui faut de délire hallucinant et un soupçon de PJ Harvey. Mais cette impression de bande-son n’est pas restée longtemps (je trouvais pourtant l’idée intéressante !)… Au deuxième morceau, j’ai failli en avaler mon chocolat de Noël de travers. C’était quoi ce truc avec pleins de beats bizarre, entêtant mais ambiance "Au secours !". Je me suis dit "incident de parcours ?"… Et bien non ! Le troisième titre m’a plongé dans une perplexité digne d’un film d’Aki Kaurismäki avec l’ambiance destroy en sus ! Des paroles sombres, un son angoissant, biscornu, bref… un truc improbable… mais toujours cette atmosphère envoûtante.

 

 

Cela sonne comme un mélange de "Twin Peaks" (Good Day To Day), "Mulholland Drive" et "Inland Empire" et sa voix se pose, malgré cela, à la façon d’un Iggy Pop. Évidemment, c’est insolite, subtil et avec un relent de chaos. "Football Game" lorgne du côté de "L’Armée Des Douze Singes" version maison de retraite, pour son côté lent.  "I Know" et "Noah’s Ark" rendent quasiment claustrophobes dès les premières notes… Mais, n’étant plus à une extravagance près, j’adore "Noah’s Ark", en définitive ! "Strange And Unproductive Thinking" est un paradoxe lent-rapide (à la Lynch, donc), façon Daft Punk qui aurait pu l’intégrer dans leur B.O. du film "Tron, l’héritage". Puis, au milieu du chaos, on entend "The Night Bell With Lightning", avec un son issu de "Blue Velvet" avec une lampée de Chris Isaak en sus (mais que fait-il là, celui-là, David !?). Kafka aurait pu produire le titre sans problème.

Enfin, Lynch compose une bande-son pour un prochain film où il y aurait une course poursuite (Stone’s Gone Up), un héros terrifiant ("Crazy Clown Time", titre sur lequel j’ai pensé immédiatement au film "Le Clown" qui m’a terrorisé pendant des jours quand j’étais petite), une scène dans un cimetière la nuit (Speed Roadster) avec les paroles qui vont avec, of course, et un tueur fou mais charmant (Movin’ On). Mon imagination a carrément écrit le synopsis ! Heureusement, sa voix typique et son univers reviennent en force sur le trashy mais captivant, et plus paisible, "These Are My Friends". "She Rise Up" clôture l’album (et je suis, désormais, accrochée à ma camomille !) avec un côté doux-dingue borderline.

David Lynch livre, en conséquence, avec cet album, un condensé de son inquiétant, sombre, hermétique et tendu univers de claustrophobies, avec la fascination habituelle que ses films apportent. Malgré l’angoisse et le côté traumatisant de l’ensemble, on se laisse faire, troublés que nous sommes, par ce mélange de blues moderne, rock, électro et spleen rock suicidaire…. L’atmosphère de Mister Lynch sied au teint mais peut nuire gravement à l’état mental d’un chroniqueur… Allez, une rasade de camomille, un petit chocolat et au lit !

 

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