Akoufene – 15 ans

Le label indépendant Akoufene s’offre une rétrospective pour 15 ans de service à la scène nord-est de France. Loin de promouvoir la musique traditionnelle, ce label a enregistré de nombreux groupes allant de l’electro au blues, en passant par la variété française et bien sur, le rock !

Le premier titre de 1999 est le premier projet de Jean Baptiste Mersiol, Jaybee. Ce titre électro diffère de ce qui va suivre sur le plan sonorité. Dans son genre, il est réussi. Les « Kangourous australiens » (2000) d’Insert Coin rappelle le style des Fatals Picards, dynamique et drôle sans pour autant faire chansonnette. Un autre titre présent du même groupe est « J’suis alsacien Man » (2003) qui deviendra un tube local grâce à la reprise de Mr Bretzel. Ce reggae entrainant est un hymne à l’Alsace, dont la culture régionale est aussi importante que pour la Bretagne par exemple. Mr Bretzel est aussi présent ici, dans un duo avec Didier Super nommé « Visite à Strasbourg »(2007). Sur un fond rock, les deux compères se lâchent et donnent l’impression d’improviser, ne manquant pas de se moquer de tout, y compris d’eux-mêmes. Ils feignent même un excellent solo de guitare qui, par son excellence, devient un gag vu l’amateurisme exagéré de nos deux compères. Ce moment d’humour contraste avec d’autres titres plus sérieux comme Yannick Previdente, avec son « Entre violence et violons » (2001) ou la reprise de Léo Férré « L’Opression » (2006) par Sarah Eddy et Bireli Lagrène, la référence actuelle en guitare manouche. D’autres titres de Sarah Eddy sont aussi présentés ici. Elle se démarque par un style de variété plus traditionnel, assez rétro, comme « J’exorcice » (2013). D’ailleurs, le bonus inclus sur le CD est une composition écrite et chantée avec Cookie Dingler (créateur de « Femme Libérée » en 1984, un des plus grands succès des années 80 que personne n’a oublié) nommé « Jeter l’encre » (2008). Ce magnifique hymne est une réflexion sur l’art d’écrire, et est sans aucun doute un des plus beaux moments du disque. D’ailleurs on retrouve ce titre « Femme libéré », mais en alsacien sous le titre « Schrieb mehr doch » (2013), chanté par les Copines & Hughette Dreikaus. Cette version sympathique rappelle les origines alsaciennes du compositeur.
Le label Akoufene a aussi produit des artistes plus rock, comme Marauders, un groupe de power pop, ou Tant Reel, un groupe qui refait à lui seul l’histoire du rock de Bill Halley à Oasis. Nous retrouvons aussi Rusted cans, dont nous avions chroniqué l’excellent album de blues rock. Le chanteur Bouboule (ex Rhythm Chekers) est aussi de la partie. Doyen du disque, il n’a rien perdu de son énergie rock. Le groupe Stereo Fusion (l’un des groupes de Jean Baptiste Mersiol) est aussi présenté ici, avec l’énergique « Gorgeous silence » (2011). Avec son énergie punk et sa sonorité rétro, ce titre ainsi que les précédents confirment le sous titre du disque « T’es rock coco ! ».

Dans le style variété française, on retrouve également Jean Baptiste Mersiol avec de nombreuses compositions, qui chante ou fait chanter, comme le titre « J’ai mon voyage » interprété ici par Jean-Marie Koltès, dans un style proche d’un Moustaki. Il reprend aussi avec Veronique Gayot une chanson de Danyel Gérard, « Moi j’attends » (2012) dans une version sobre qui n’est pas sans rappeler la poésie d’un « Mistral Gagnant » de Renaud… L’une des dernières reprises est le classique « Hallelujah » de Léonard Cohen, par Wendy. Cette version pleine de tendresse et d’émotions est plus proche de Jeff Buckley que de son créateur. L’album se termine sur l’étonnant Frank Jean Schmidt. Cet auteur-compositeur-interprète a la particularité d’être sourd, ce qui ne se devine pas, tant sa poésie et son univers de rêves caractérisent sa musique.

Nous terminerons avec le seul groupe que j’ai mis de coté, parce qu’il diffère de tout point de vue du reste (preuve de l’ouverture du label Akoufene). Les Fout la merde est un groupe à prendre au 36ème degré, et chante « Je trouve ca nul à chier » (2010) sur un rythme électro se moquant volontiers des chansons comme « Ca m’énerve » de Helmut Fritz, qui obtiennent un succès commercial alors que ces titres sont sans intérêt sur le plan musical comme textuel.

Ce petit regard sur 15 ans d’existence nous rappelle que le label indépendant Akoufene, créé pour soutenir les artistes alsaciens, continue sur cette lancée sans s’enfermer dans un style musical précis. Passant de l’électro au blues, de la chanson comique à la chanson à textes, que ce soit en français, anglais ou alsacien, ce label reste synonyme de liberté artistique. Son gérant Jean Baptiste Mersiol étant lui-même actif dans des styles musicaux très variés, n’est pas pour autant l’unique star de cette compilation, ou de nombreux artistes peuvent prouver leurs talents.

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