J’y étais ! J’avoue ! Pour me remercier de la chronique sur l’album 33, Jean Baptiste Mersiol m’a invité à son concert à Vendenheim en février 2015 (enregistré sur le premier disque), et ce fut un remerciement appréciable. L’artiste s’est révélé à la fois très professionnel et, en même temps, d’une proximité touchante. Il nous a expliqué la genèse de certaines chansons, et l’émotion qui suivit fut assez intense. J’y reviendrais par la suite.
L’univers de Jean Baptiste Mersiol est difficilement descriptible en quelques mots, et pourtant, ce concert a su le résumer. Dans ses compositions personnelles, il évoque à la fois des épisodes personnels, comme « Je t’ai aimé, je t’aime encore », où il raconte son amour pour une femme d’une autre culture avec le regard des proches. Dans le titre punk « Crève pourriture », il se place en père de famille contre un pédophile et se lâche. Il n’y a pas eu de mort, mais l’énergie sauvage et dévastatrice du morceau a bien éraillé sa voix. Et, sans doute le moment le plus émouvant, et pourtant si juste, c’est le bis « Tu avais ta place dans ce monde », lettre adressé à son meilleur ami qui mit fin à ses jours. Chaque mot est juste, humain, et crée une situation à laquelle on s’identifie. Pourtant, des titres plus joyeux sont aussi présents, comme l’excellent Mr Pink. Il y a des chansons d’amours tendres mais aussi plus crus (les Réfractaires de l’Hexamètre) ainsi que l’excellente réflexion sur son art (suite à une critique) « Je chante comme un vieux ».
Jean-Baptiste Mersiol ne manque pas d’inviter sur scène des artistes ayant participé à ses deux derniers disques comme Wendy, Sarah Eddy et Bouboule. Pour la petite anecdote, le chanteur avait prévu que ce concert soit le dernier pour divers motifs. Mais ce qu’il a donné au public ce soir-là, et ce que le public lui a rendu l’a fait changer de positions Si, si, il le dit avant de chanter la dernière chanson.
Second disque, les inédits studios. Comme annoncé sur scène, il contient quelques chansons italiennes, comme « Ti Voglio Bene », écrite à l’âge de 18 ans pour un amour d’été. Ce qui est remarquable, c’est qu’on y entend la chanson italienne classique d’Umberto Tozzi ou Toto Cutogno. Certaines compositions méritaient vraiment d’être publiées comme « Je crois en toi », hymne d’encouragement dans ce monde où l’on aime détruire les gens, leur faire perdre confiance. Cette chanson est la main tendue pour se relever, avec des mots pourtant simples. L’arrangement sobre magnifie le texte. Dans les autres chansons personnelles, il y a aussi le « Alors Corinne », dédiée à son amie et productrice. Généralement ce genre de liens est assez rare entre artiste et producteur, mais la description de leur amitié nous rend envieux de manière général à trouver cet(te) ami(e). On oublie aussi que Jean-Baptiste Mersiol est un grand amuseur, et des courtes plages comme « Andiamo », courte mais enjouée, rappelle aussi ce trait de caractère.
33 live & + est la compilation d’une période où un artiste indépendant s’exprime, s’explique et éclaire le public sur un long travail, à travers différentes facettes graves ou comiques, engagées ou légères. Et en ce moment, Jean-Baptiste défend un peu partout ce projet, ainsi que son single mixé au studio d’Abbey Road. Personnellement, je trouve qu’avec sa sincérité sur scène, les compositions y gagnent beaucoup. D’ailleurs, il sera sur la scène parisienne du Cosy Montparnasse le 5 janvier 2016. Pour les amoureux de vinyles, une compilation de ces albums « 33 » est sortie en 33 tours. J’ai déjà le mien ! Et vous ?