Hop Pop Hop hourra !

REVIEW – Orléans est à la région Centre ce que Zlatan est au football. Elle croit être la meilleure mais au final il y a quand même largement mieux. Ce week-end, par contre, il faut avouer que la cité de Jeanne D’Arc a tutoyé l’excellence avec l’édition 2021 du festival Hop Pop Hop.

C’est désormais le rendez-vous de la rentrée pour les centristes (géographiquement hein, pas politiquement), le festival Hop Pop Hop soufflait donc sa sixième bougie, lui qui se veut propulseur de talents, promoteur des musiques émergentes. Première bonne nouvelle après des mois de pandémie, les conditions étaient presque normales, un contrôle du pass sanitaire à l’entrée puis permission de retirer le masque pour retrouver nos congénères vaccinés/contrôlés. Rien que ça on aime. Exit les concerts assis, exit les jauges de 50 personnes dans des salles de 500, la musique live reprenait ses droits, et comme Orléans se veut modeste, le retour à la civilisation s’est fait en douceur.

On retiendra beaucoup de chose cette année, mais surtout beaucoup de belles choses. Partagés entre Campo Santo, jardin de l’Évêché et salle de l’Institut, les festivaliers ont largement la place pour ne pas se marcher sur les pieds. On démarre avec le shoegaze planant des Irlandais de Just Mustard. Pas super débordants d’énergie certes, mais ils nous embarquent en début de festival dans un trip hop hypnotique qui nous met en jambes progressivement. Si on devait les placer sur l’échelle de Pelle Almqvist, ils seraient sans doute sur le premier barreau.

Deux salles, deux ambiances avec Souleance au jardin de l’Évêché. Le duo de beatmakers, composé de Fulgeance et DJ Soulist, s’entoure de Guillaume à la batterie et de Vincent au clavier pour nous caresser les oreilles avec un joyeux bordel groovy comme il faut. Autre petit bonbon de la soirée : The Cool Greenhouse. Sous des airs BCBG, les londoniens sont en réalité de sérieux déglingués. Leur rock psyché ultra détente accompagné par un chant nonchalant à la Art Brut est notre principal fournisseur de dopamine du soir.

Egyptian Blue forfait de dernière minute, voilà que les gars de The Guru Guru viennent en backup. Portés par un Tom survolté qui s’éclate les cordes vocales en mangeant son micro (et ce, dès le premier morceau), les belges amènent un peu de folie au festival avec une touche de sale, ce rock brut qu’on apprécie encore plus en concert qu’en CD. Gestes barrière en pause, la foule se tasse en fin de soirée devant la scène du Campo Santo. Les gus d’Acid Arab débarquent et réchauffent Orléans pendant plus d’une heure à coup de gros beats orientaux, ça manque un peu de guitare à notre goût, mais ne boudons pas notre plaisir sur les tubes du groupe. Le vendredi se termine, première journée riche donc.

Le samedi, le programme est chargé : Johnny Mafia est en tête d’affiche. En attendant, il est temps de voir Lescop et sa nouvelle formation. Lui qu’on connaissait au sein de l’excellent Asyl, puis un passage en solo, le castelroussin se retrouve désormais à la tête de Serpent. Le nom n’est pas franchement pratique pour des recherches Google, mais le groupe a en tout cas autant de mordant que ses semblables. C’est pop, c’est indie, c’est funky et on entendra même autour de nous « ça paraît cucu mais c’est pas inintéressant, c’est assez noir mais dansant. Un petit côté Simple Minds ». Tout est dit et on espère les revoir très vite.

Que dire de l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp si ce n’est qu’il porte son nom à merveille ? Le brass-band partage la même folie artistique que Duchamp pour la propager à travers l’Europe. Le bassin remue, les genoux aussi, il vous sera impossible de ne pas succomber à votre tour.

Le gros morceau pour nous arrive : Johnny Mafia débarque sur scène. Après avoir poncé tout l’été leur dernier album, nous assistons donc à notre dépucelage de ces fameux mecs de Sens. On attaque fort avec « Refused » histoire de rentrer dans le vif du sujet dès le départ. C’est costaud, c’est puissant, le public n’a pas d’autre choix que de prendre le train au passage. Ces quatre garçons plein d’avenir alternent entre morceaux bien établis comme « Black Shoes » et nouveautés comme « Trevor Philippe », pépite de « Sentimental » la dernière galette du groupe. Tout s’enchaîne très vite, c’est une véritable claque en pleine poire que prennent les loirétains. Le concert se termine par le plus gros fan du groupe : Bruno, confectionneur de raclette aux Eurockéennes qui suit le groupe un peu partout, vient fracasser les cymbales d’Enzo. C’est fait, Johnny Mafia a conjuré le mauvais sort, et leur venue chaotique sous la pluie en 2019 est loin derrière eux.

Nous avons à peine pu profiter de la furie nerveuse des toulousains de Slift, l’interview de Johnny Mafia ayant été programmée au même moment. Pour des types qui disent chocolatine avec un accent rigolo, on peut dire qu’ils ne plaisantent pas quand il s’agit d’envoyer du gros riff bien lourd et plein de rage. Le sol du Campo Santo en vibre sans doute encore un peu.

Mention spéciale aux DJ qui se sont succédés pour meubler entre chaque concert, alors que d’habitude clairement le temps est long. Altin Gün, Sexy Sushi, Gargantua et autres merveilles nous ont aidé à tenir tout au long du festival. A l’année prochaine Orléans !

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