FESTIVAL Du mercredi 10 novembre au samedi 13 novembre 2010, la Salle Del
Castillo à Vevey, Suisse, sera l’hôte de la première édition du Festival
Heartland. Après les présentations, interview avec le même Pascal Roth et description de la programmation.
« Il n’y a déjà aucun jour meilleur qu’un autre, et je
le dis sincèrement. Il y a des inconnus et des très connus qui se côtoyent, ce
qui crée un équilibre. Du jeudi au samedi, il y aura à chaque fois une énorme
tête d’affiche. Nous avons reçu des réservations de la part de gens d’Oslo,
Paris, ou ailleurs, des gens qui veulent venir prendre des photos, écrire à
propos du festival. Ca fait plaisir d’autant plus que tout cela se trouve dans
la petite ville de Vevey. Nous avons des artistes qui jouent le jeu et qui
viennent proposer quelque chose d’artistiquement très pointu dans une ville de
taille extrêmement modeste. Voici la preuve finalement qu’avec les bons moyens,
il est possible d’organiser de belles choses ».
Lords of Rock: tout ceci est très bien, mais au niveau des groupes suisses?
S’il n’y aucun groupe helvétique dans la
programmation, ce n’est pas par snobisme, mais bien par crédibilité au vu du
dessein culturel du festival. « On a dans l’idée de faire une réponse
suisse l’an prochain, au Canada, dans un format plus petit. Je rêverai aussi
que les groupes locaux viennent au festival pour échanger leurs idées sur la
musique. Nous avons tous à apprendre de cette scène là, et spécialement de
leurs plus dignes représentants, Broken Social Scene. La multiculturalité de ce
pays se retrouve dans le métissage musical des groupes en question, ainsi que
leur ossature. Nous voici face à une décomplexions complète, sans jugement,
sans catégorie rigide. Ils sont à l’aise avec l’idée de tout brasser. Je pense
que le succès d’Arcade Fire vient beaucoup d’un groupe comme Broken Social
Scene qui pendant dix ans a poussé l’idée qu’on pouvait être dix sur scène,
qu’on pouvait recycler des mélodies eighties sans avoir l’air d’être kitsch, qu’on
peut toucher aux arrangements grandiloquents comme les groupes des années 70.
Tout peux coexister sans être jugé, sans dire que la new wave est mieux que le
hip hop, la techno ou la musique country. Leur musique est très représentative
de leur mélange de culture. C’est comme manger un menu thaï mélangeant
certaines épices venant de pays totalement différents.
Tu peux préciser?
On vit une époque extraordinaire de métissage, plus que
jamais. Il n’est plus dans la juxtaposition dans styles mais dans la fusion.
Une violoniste de classique y côtoye un DJ techno ainsi qu’un guitariste de
hard rock. Ils ne jouent pas l’un à côté de l’autre leur style respectif, ils
vont discuter pour trouver le meilleur fonctionnement possible entre eux.
Commençons par parler du mercredi : Eric Chenaux with Ryan Driver •Sandro Perri • Daniel, Fred & Julie
C’est la soirée gratuite. Pour inaugurer le festival, on
offre cette soirée à tous les fans de musique. C’est une soirée qui va être
intime. Les groupes sont légèrement moins connus, il n’y a pas de tête
d’affiche. En même temps il y a Daniel, Fred, and Julie en dernière partie.
Julie, c’est Julie Doiron, une artiste canadienne qui a tout de même plus d’une
dizaine d’albums, qui a joué dans plusieurs groupes et qui est une figure du
rock canadien indépendant.
Jeudi : Snowblink • Andre Ethier • Destroyer • Owen Pallett (Final
Fantasy)
On a une soirée que je trouve très féérique. Très
songwriting. C’est une soirée basée sur la force d’une chanson, d’un texte,
d’une mélodie, déclinée en trois versions, allant de l’inconnu à Destroyer, qui
a une certaine renommée. Le clou du spectacle est évidemment Owen Pallett, anciennement
connu sous le nom de Final Fantasy. 2000 personnes avaient fait la queue devant
une petite église lors du récent Primavera pour tenter de le voir. Pour situer,
c’est aussi l’arrangeur des chordes chez Arcade Fire tout en travaillant avec
de nombreux grands artistes. Son album a touché instantanément des gens qui ne
sont pas du tout au courant du rock indépendant. Il n’est pas loin de l’univers
de Björk ou de Radiohead par exemple, des artistes qui sont partis tout en bas,
en ne touchant que des auditeurs avisés pour devenir de plus en plus
populaires. Il y a une grâce, une simplicité qui est universelle. C’est un
énorme enjeu de l’avoir à Vevey, lui qui est si rare en Suisse, d’autant plus
qu’il vient d’ouvrir pour toute la tournée de The National et d’Arcade Fire aux
Etats-Unis, qu’il a fini sa tournée et rentré se reposer au Canada.
Vendredi : Zeus • The Hidden Cameras • Broken Social Scene
C’est une soirée Arts and Craft Records, qui est le label
entre autre de Feist, de Gonzales, de Broken Social Scene, de Jason Collett. On
vient de signer The Hidden Cameras qui est un groupe venant très rarement en
tournée du fait du grand nombre de membres, entre sept et neuf membres.
S’ensuit Broken Social Scene, qui sont eux entre neuf et onze membres. Ces deux
groupes demandent en général des salles beaucoup plus conséquentes, comprenant
souvent deux milles personnes, entre Tokyo, Sydney, Las Vegas, Paris ou
ailleurs. Mais on ne peut pas imaginer un groupe d’une telle envergure à Vevey.
C’est un véritable événement de les avoir.
Samedi : The Acorn • Timber Timbre • Buck 65 • Do Make Say Think
Dans le même ordre d’idée que Broken Social Scene vendredi,
on aura cette soirée Do Make Say Think, rarement programmé chez nous aussi
parce qu’ils sont neuf sur scène. Outre ces derniers, on a aussi Buck 65 qu’on
ne présente plus. Il y aura aussi The Acorn qui est un groupe folk bien ancré
dans l’univers indépendant, ainsi qu’un nouveau venu sur la scène canadienne
qui s’appelle Timber Timbre, dont son album vient d’être ressorti en Europe,
via Pias. En général, lorsque je le passe dans mon magasin, les gens l’achètent
direct, à 100%. Le line-up de samedi est donc inespéré, ceci grâce à ces trois
mois de travail préliminaire. Pour l’anecdote : les groupes canadiens
refusent l’étiquette de groupe, tout le monde joue avec tout le monde d’où ces
groupes protéiformes. C’est une chose normale que de jouer du folk, du
psychédélique, de l’électronique, etc. Pas de supergroupe. Justement, le
bassiste de Do Make Say Think, Charles Spearin, l’est aussi chez Broken Social
Scene. Donc jamais ces deux groupes ne se côtoyent en festival, par obligation.
L’un des deux est toujours en repos. Sauf qu’on désirait ardemment ces deux
groupes. Ils se sont donc arrangés à l’interne pour trouver une solution, bien
que Do Make avait toujours refusé poliment, car Social Broken Scene est un des
rares groupes du festival en tournée. Et puis un jour on reçoit un
e-mail : « bon, votre festival, c’est tellement incroyable d’y voir
tous nos amis qu’on a aussi envie de venir. L’idée est belle. Broken Social
Scene a donc modifié son agenda pour avoir le samedi libre, lui permettant
ainsi de venir à Vevey et donc à Do Make d’y jouer le jour d’avant.
Naturellement, Spearin a donc booké des vols séparés des deux groupes, afin de
jongler parfaitement. Il restera ainsi deux jours à Vevey. Le booker de Do Make
n’en est pas revenu : voici un festival qui avait trouvé la solution
miracle permettant aux deux groupes de jouer.
Les prix :
37.- CHF par soir, hormis le mercredi qui est gratuit.
100.- CHF le pass pour le jeudi, vendredi et samedi.
Plus d’informations: http://www.heartland.ch/