Chant du Gros 2015

Jeudi, 10 septembre 2015

C’est sur la fameuse scène du P’tit du Gros que l’on va faire de belles trouvailles locales et accessoirement où les bières sont moins chères. Tout débute par Schwarz. Avant même l’entrée en scène, notre esprit frétille, c’est là que l’on ressent la portée d’une appellation. Schwarz, groupe du coin, fait de la musique pas très joyeuse mais qui fait valser les tripes et les battements de cœur. Mélancolie expérimentale.

Sur scène, on retrouve Romain Siegenthaler (composition et claviers), Antoine Kaufmann (batterie et percussions), Danaé Lietenberg (écrite des textes et chant), Jonathan Nido (guitare) et Donatien Thévent (basse). Dur pari pour un groupe qui se lance dans des envolées intergalactiques que de jouer devant un parterre de joyeux lutins qui démarrent un festival convivial, mais qui sait tendre l’oreille, tripera à coup sûr. On est accrochés par ces airs glauques et surprenants. Groupe à approfondir chez vous avec un peu plus de sobriété et d’intelligence.

La soirée se poursuit avec la voix un peu trop soule de Selah Sue. L’enivrement du malt me fit plus d’effet. 

 

Vendredi, 11 septembre 2015

Enfin du très rock’n’roll pour débuter cette deuxième journée du Chant du. La rage au ventre, revendiquant l’utopie, No one is Innocent demeurent déchaînés, jamais en cage, faisant front. Et nous on aime ça ! Ce concert est le premier de la tournée PROPAGANDA, leur 6ème album. Fidèles à leur image, ce sont des chansons aux textes engagés et enragés contre l’injustice qui se déchaînent, guitares en avant, sur la « Scène déménage ».  Impossible de rester immobile, ce rock alternatif au son métal, excitant sueur et révolution, est décoiffant.

C’est donc sans surprise qu’ils  entonnent « Charlie », lettre ouverte à la barbarie, en hommage aux attentats du 7 janvier dans les bureaux de Charlie Hebdo. Ils dénoncent encore une fois la bêtise des djiadistes et la nécessité de ne pas se taire : « Charlie parle moi encore ». L’absurdité de la violence djiadiste est également le centre de la chanson phare de leur nouvel album : « Djihad Propaganda. ». A l’image de leur engagement politique, les chansons s’enchaînent à un rythme effréné. Malgré leur énergie et l’effet bêtes de scène, le public reste moyennement enthousiaste, est-ce parce qu’il ne connaît pas ces nouvelles chansons ou parce que plus personne ne s’engage ? Ouf, dès que résonne « la peau » en milieu de concert, titre phare du groupe en 94, les fans chantent à tue tête.

En tout cas on ne peut pas dire que Kémar Gulbenkian n’ait pas tout fait pour faire participer son public : aller chanter dans la foule et faire venir les spectateurs sur scène dès la 4ème chanson. Le décloissonnement des frontières on s’en éprend. Vivons debout la plume face aux plombs !

Caravan Palace, les manouches électroniques reviennent au chant du gros et font swinguer le public. Un bon moment jazzy. Puis jolie suprise avec Manfred Mann’s Earth Band des vieux de la vieille, groupe formé en 1971. De la haute voltige ! Les jurassiens de Difficult to cure sortent de leur hibernation, toujours taillés dans le rock montagneux et brut, rendre-dedans comme il se doit et aux mélanges bâtards. Ca sent bon l’amitié, le tout leadé par notre animateur radio préféré Duja.

La soirée du vendredi se termine en beauté avec The Bloody Beetroots (SBCR DJ SET) (littéralement « les bettraves sanglantes ») au rendu très pêchu. Le public se déchaîne et la danse prend la partie. Ce groupe de musique électronique italien a de quoi te tenir éveillé jusqu’à l’aube.

 

Samedi, 12 septembre 2015

On démarre le dernier jour avec Sim’s et les repentis, contents de jouer tout près de chez eux. C’est qu’il y a chez eux de la conscience du monde, un mixage de genres, une identité forte, une complicité, de l’énergie qui anime, des textes intelligents et des compositions dignes. Difficile de les définir car ces jeunes gens se veulent bien insaissisables, là où on ne les attend pas. En un mot : underground. Un univers particulier et de l’audace et ce petit je ne sais quoi qui s’assume : voilà probablement ce qui séduit le public. En fin de concert, Sim’s demande une évaluation du concert à la foule par un mouvement de rapprochement vers lui qui est descendu en son sein : de la chaleur humaine on en redemande !

C’est à l’heure de Mademoiselle K de se pointer, on la croit nue aux premiers coups d’oeils. Katerine Gierak tient la route sur scène dans un bon rock, dommage que le son ne la mette pas à l’honneur. Une artiste qui va jusqu’au bout de ce qu’elle entreprend sans conscession. Cette française a décidé de se mettre à l’anglais dans son nouvel opus HUNGRY DIRTY BABY. Une mise à nu.

Personnellement assez déçue de ce passage à la langue de Shakespeare qui enlève un brin de sensualité entre autre, je décide d’aller voir Pineapple solution qui joue en parrallèle. Des petits jeunes de Tramelan qui chantent oui bien sûr aussi en anglais mais dans un style qui y colle plus. Ils se définissent comme un groupe d'Underground Canapé Sound. Des gros riffs et une jeunesse toute fraîche. Du régional sympathique à qui on souhaite encore plein de tournée car franchement ça fout la patate et j’ai toujours pensé que l’ananas était la solution.

Zebda revient ici tomber la chemise et se les geler. Peu de renouvellement. Babylon Circus ah un groupe qui a su garder sa grandeur, ses accordéons et ses cuivres. Toujours un bon mélange de ska, reggae et chanson française pour les lyonnais et surtout une maîtrise instrumentale qui fait plaisir à voir. La scène alternative n’est pas morte. En concert, un bon délire de masse !

Le clou du festival : le concert de Luke. Même si le public s’est complètement parsemé, il a bien tort car celui-ci il déchire et on se demande encore comment on peut passer à côté. Le groupe a connu un monstre succès en 2004, on en parlait alors comme des héritiers de Noir Désir avec l’album LA TETE EN ARRIERE. Luke ressort ce soir deux de ses succès : « Soledad » et « Hasta Siempre ». Leur album précédent D’AUTRE PART (2010) était beaucoup moins abrasif que PORNOGRAPHIE qui sortira le 9 ocotbre 2015. C’est donc après 5 ans d’absence (on ne pensait plus jamais entendre leurs envolées oniriques), que Luke revient avec des chansons engagées qu’ils déversent sur la « scène Déménage » : « C’est la guerre », « Rêver tue », « Quelque part en France ».

Un album à la tonalité politique, Luke ne s’est pas du tout apaisé (oh merci !), il a été ratrappé par ses vieux démons, sa rage et nous envoie à la geule tout ce qu’il a à dire. Les sentinelles du rock français débarquent à nouveau et c’est bien le moment de régler ses comptes avec l’air du temps. Un concert en avant-première qui nous met l’eau à la bouche, on se réjouit de l’avoir entre les mains cet album dévastateur. A suivre de très près.

Bon, j’avoue on se réjouit aussi du 25ème chant du gros. Ah ce petit virus jurassien que l’on choppe chaque année, difficle de s’en passer ! Je prédis un grand crû.

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