Le Bad Bonn Kilbi reste hors norme et semble demeurer en dehors de toute contingence. Pas même un panneau indicateur pour ce qui est vraisemblablement le meilleur festival de Suisse. Si Black Mountain n’a pas vraiment confirmé son énorme potentiel selon nos sources, on pouvait donc s’attendre à vivre un samedi soir mémorable, avec les excellents revenants The Notwist, la séminale Cat Power ainsi que les bouillants japonais Boris, ou encore Why?

Bad Bonn Kilbi

Le Bad Bonn Kilbi reste hors norme et semble demeurer en dehors de toute contingence. Pas même un panneau indicateur pour ce qui est vraisemblablement le meilleur festival de Suisse. Si Black Mountain n’a pas vraiment confirmé son énorme potentiel selon nos sources, on pouvait donc s’attendre à vivre un samedi soir mémorable, avec les excellents revenants The Notwist, la séminale Cat Power ainsi que les bouillants japonais Boris, ou encore Why? Parmi tout cet éclectisme, c’est pour l’Américaine que le public s’est logiquement déplacé, tout heureux de pouvoir l’approcher encore de si près ; si bien que Boris a dû déployer toute sa décadence et ses décibels pour secouer le public. En une heure de show, les ombres de Motörhead, Mogwai ou Bliss ont plané sur la grande scène de Düdingen. Parfois brouillons, les Japonais ont offert un set barré et radical. Pas le temps de s’en remettre qu’on s’empresse de se scotcher aux premiers rangs pour rencontrer la demoiselle de la soirée.
Chan Marshall est une de ces artistes que l’on dit importants. Ses premiers albums bruts et solitaires ont fait place aux albums blues studios – où You Are Free représente la plaque tournante de son œuvre. Sauvage, la demoiselle ne saurait s’assagir que sur la forme. C’est paradoxalement avec son très populaire The Greatest qu’elle plonge et met la flèche à droite, direction enfer. Aujourd’hui, elle dit aller mieux et semble tellement impatiente de faire son entrée sur scène que l’on est rassuré. Cette petite fille de l’Amérique est émouvante et attachante, si bien qu’on ne lui saurait gré de jouer ses reprises de Jukebox en intégralité. Assistée du Dirty Delta Blues – notamment de Judah Bauer, ancien acolyte de Jon SpencerCat Power déroule sur New York et reprend ses marques face à un public qu’elle connaît bien. « Avec Cat Power, une amitié profonde, quasi télépathique, nous lie désormais. Parce qu’elle partage notre démarche et qu’elle s’octroie la liberté de choisir où elle veut jouer, sans manager pour imposer des exigences » expliquait au journal Le Temps Daniel Fontana, programmateur d’un Bad Bonn qui n’arrivera bientôt plus à compter sur les doigts de la main les apparitions de Chan Marshall.
Dès lors, on est tétanisé devant sa voix sur le fil et ses petites danses nonchalantes. Elle est belle, elle est magnétique et sa classe nous fait oublier une première demi-heure pas forcément convaincante. "The Greatest" ou "Naked If I Want To", joués tambour battant, introduisent par la suite une Cat Power très blues et résolue à s’amuser. Elle semble pourtant fatiguée, elle tousse, boit son thé, mais garde sa voix. Cette voix. Dans la plus pure tradition de l’Americana: grave, tranchante et déroutante. Petits regrets: "Moon Pix" ou "You Are Free" ne seront pas évoqués. "Lived in Bars" et le bien-nommé "I’ve Been Loving You Too Long" parachèvent une set list composée de sa majorité de reprises. Jadis, ses concerts étaient une loterie où tout pouvait arriver. En 2008, Cat Power est posée, mutine et millimétrée. « Je ne sais pas ce qui va se passer à l’avenir, mais je pense que je remonterai sur scène seule un jour » déclarait-elle aux Inrockuptibles en janvier dernier. C’est tout ce qu’on lui souhaite et ceci le plus vite possible. Et parce que là, on se sent tout perdu, comme quand on a perdu sa petite amie, surtout quand on a eu la chance de la rencontrer plus tard dans la soirée. Peu après, The Notwist présentait The Devil, You + Me. Mais tout était déjà dit. Et Chan Marshall s’amusait encore et encore dans l’enceinte du Kilbi.

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