LORDS OF ROCK Le rock vu différemment !
Dès le premier titre, les frères Leto donnent le ton. Quelques notes de synthé pour commencer, qui laissent place une voix féline, soutenue par la batterie. Puis vient une guitare, une basse. Le tout se suspend l’espace d’une seconde, pour mieux s’engouffrer dans le refrain. Les cordes et la batterie savent se faire discrètes, le temps d’une respiration, pour mettre en valeur cette ligne entêtante. Jared Leto chuchote, explose, supplie et nous entraîne dès ce premier titre dans son univers. Car avec A Beautiful Lie, comme avec le premier opus du groupe, c’est un monde qui s’ouvre en même temps que la pochette. Sur 30 seconds to Mars, le premier album, les deux frères étaient seuls et Jared avait enregistré lui-même les parties de guitare, basse et synthé. Le guitariste Tomo Milicevic et le bassiste Matt Wachter, qui jouaient avec eux sur la tournée, les ont rejoint en studio pour A Beautiful Lie. Pas moins de quarante titres ont été enregistrés, pour seulement douze retenus. Une sélection qui explique sûrement la qualité de l’album. Sorti en 2005, il est réédité cette année avec quelques bonus : le système opendisc, qui propose des liens pour suivre le groupe et des titres inédits.
"A Beautiful Lie", le titre éponyme, est parfaitement construit sur une batterie qui prend des risques et qui joue avec les contre-temps. Dans un équilibre subtil, la basse de Wachter s’impose avant de laisser Milicevic prendre le relais dès le deuxième couplet. La pluie tombe sur "Was It a Dream", on distingue des sons inquiétants… et le batteur surgit, sûr de lui, rassurant dans cet univers surréaliste. La guitare, tellement claire, illumine le tout. Jared Leto se fait envoûtant. Impossible ensuite de ne pas s’arrêter sur "The Fantasy", l’un des meilleurs titres de l’album. La basse est sombre, la guitare nerveuse, la voix rugissante.
Même en cherchant bien, difficile de trouver un titre raté sur cet album. Certains peuvent paraître plus fades que les autres, à la première écoute. Ainsi, "From Yesterday". Un conseil : à peine la chanson finie, appuyez vite sur retour en arrière. Vous entendrez cette intro qui monte progressivement, surnaturelle. Vous apprécierez la rythmique, à la fois décalée dans les temps et toujours parfaitement à sa place.
"A Modern Myth" est l’un des bijoux de l’album. Des cordes se joignent aux instruments du groupe pour livrer trois minutes de plaisir. Elles glissent sur une voix de velours, une batterie sourde et une guitare acoustique. Même si Jared Leto vous crie goodbye à la fin du titre, patientez : deux chansons suivent, après dix minutes de silence. Les fameux morceaux inédits, qui justifiaient la ré-édition. D’abord, un morceau énergique, bien plus dur que le reste de l’album. Les 30 seconds lâchent leur rage, la batterie se venge de la sourdine qu’on lui a imposé pour "A Modern Myth", les riffs s’enchaînent, Jared Leto hurle.
Pour terminer cet album magique, une fabuleuse reprise de "Hunter", le mythique morceau de Björk. Il faut du culot pour s’attaquer à tel monument. Du culot, et tout le talent du groupe. Comme dans l’originale, les cordes sont là. S’y ajoutent ces sons si particuliers et cette voix qui sussurre, rugit, pour s’éteindre dans un souffle agonisant. Difficile à admettre pour une fan de Björk, mais tout de même, il faut le dire : cette version n’a pas grand chose à envier à l’originale.
Les 30 seconds ont une âme. On en attendait pas moins d’un groupe qui cite Herman Hesse et Stanley Kubrick dans ses traditionnels remerciements. Cette âme, tout l’album en est gorgé. Intense, énergique, inspiré, A Beautiful Lie a sa place auprès des grands classiques de votre discothèque.
Dès le premier titre, les frères Leto donnent le ton. Quelques notes de synthé pour commencer, qui laissent place une voix féline, soutenue par la batterie. Puis vient une guitare, une basse. Le tout se suspend l'espace d'une seconde, pour mieux s'engouffrer dans le refrain (…)
