The Fawn c’est un collectif réuni autour de Nathan Baumann, véritable Directeur artistique de ce projet. On retrouve certaines têtes connues dans ce collectif, notamment Louis Jucker et Luc Hess de Coilguns et The Ocean ainsi que d’autres membres de formations locales, mais néanmoins talentueuses (Rectangle, Shelving, Derrick). Nathan Baumann avait eu l’autorisation d’enregistrer ses morceaux dans l’église de style anglicane de Saint-Imier, petite ville du Jura bernois et haut lieu de la culture alternative. C’est donc dans une ambiance quasi religieuse que les musiciens ont enregistré les neuf pistes de ce COLLEGIUM. Un concept album où les instruments ont été placés scrupuleusement dans des endroits précis de l’église afin d’en tirer un son unique et recherché. Des endroits différents selon les morceaux, rien n’est laissé au hasard. Sur les cinq jours qu’a duré l’enregistrement, deux ont été consacré à placer les micros dans l’église.
On n’aborde pas COLLEGIUM comme n’importe quel album, soyons clairs. On ressent cette fragilité permanente, cette sensibilité au bout des cordes de guitare et au bout des lèvres de Nathan Baumann et Louis Jucker. Les instruments additionnels sont placés en finesse et délicatesse. On peut parler d’indie-folk, presque de pop-folk sur "Queen of Rain" qui ressemble pas mal a du Radiohead. Le côté expérimental du groupe se fait aussi clairement sentir, il y a des passages peu conventionnels, longs et atmosphériques que le groupe se plait à réaliser. Sacré contraste avec Coilguns me direz-vous ! Comme quoi ces musiciens ont du talent et plusieurs cordes à leur arc.
Laissez-vous entrainer dans les méandres expérimentaux atmosphériques de The Fawn. Prenez-le temps d’écouter COLLEGIUM en entier, car ce ne n’est pas un disque de musique de fond ou d’ambiance. Au contraire, il faut adopter une écoute attentive, pousser le son et ressentir chaque note à l’intérieur de soi. Loin des mélodies faciles et accrocheuses, The Fawn propose quelque chose de différent, joue dans des lieux atypiques et pousse l’originalité jusque dans l’artwork de la pochette. Car ce collectif ne réuni pas que des musiciens, mais compte parmi ses membres Gaspard de La Montagne et Jérôme Burgener. Les deux graphistes ont choisi le format A4 et le papier comme base de travail. Pour chaque titre, le plan de la collégiale de Saint-Imier est présenté sous forme de plan où l’on découvre l’emplacement des instruments. Le concept album est poussé à son paroxysme. Difficile de faire mieux.