Rock Altitude 2017, mercredi soir

A peine les accréds récupérées ainsi qu’une bière au premier bar venu – il n’était pas farouche – nous étions prêts à découvrir Listener : un groupe originaire de Kansas City dans le Missouri. Le combo a proposé des sonorités évoquant le rock indé des années 90 et certains morceaux rappellèrent même les harmonies à la Pink Floyd. Ce style de rock parlé, voire scandé, aborda certains combats quotidiens en temps de crise ou les interrogations existentielles d’une âme tenaillée par ses anxiétés. On pense à La Dispute et retrouve même par moments un petit coté Sage Francis ou Buck65. A la limite du désespoir, ça rage, susurre, supplie même parfois : Dan Smith, le chanteur, paie de sa personne. En passant après coup au stand merchandising, nous tombâmes sur lui et il faut bien dire qu’il a le contact facile. Ce fut l’occasion d’évoquer un peu leur tournée entamée 3 mois auparavant qui les a envoyés des US en Europe, en passant par le Moyen-Orient et même par la Russie : en effet, ils avaient été encore dernièrement à Ekaterinbourg pour jouer leur dernier LP en date Wooden Heart et faire la promo de leur prochain EP Being Empty. Jetez-y une oreille car cela en vaut la peine, il s’agit d’une belle découverte !

Il était 20 heures lorsque BRNS entre sur scène : le quatuor belge a été bien souvent salué par la critique depuis leurs début en 2010. BRNS a fait du BRNS à savoir un mélange parfois chaotique d’indie pop, de rock baroque et d’électronica. Le public a apprécié mais après Listener leur set nous est apparu un peu terne et lisse. Néanmoins, ils ont assuré leur statut de major players dans le paysage musical pop de ces temps.

Place ensuite à Esben and The Witch sur la petite scène. A l’image du conte dont est issu leur nom, le combo britannique a proposé un savant mélange de post-rock, de dark-wave et goth par moment. Difficile de résumer le concert du groupe tant leur musique forme un tout et a une identité très forte ; ils ne laissent pas indifférents ! Pour les avoir déjà vus, nous savions à quoi nous attendre et ne fumes pas déçus : les musiciens anglais se sont montrés généreux malgré le jeu de scène minimaliste. La taille de cette petite scène a parfaitement convenu à l’ambiance intimiste qui se dégage de leur soundscapes. Les morceaux conjuguent une musique puissante avec la voix grave et chaude de la chanteuse. Nous tenions là de sérieux prétendants à la meilleure prestation de la soirée. Ce qui s’est révélé être le cas par la suite même si une bonne surprise nous a attendu à la toute fin de cette première soirée de festival.

Tête d’affiche majeure de la soirée, Archive investit la grande scène pour célébrer leur grand messe. Le public est venu en nombre en ce mercredi soir – puisqu’on parle de 2000 personnes. Les Londoniens ont leurs fans ainsi que leurs détracteurs : il faut dire que le groupe, avec plus de vingt ans de carrière, a touché à beaucoup de styles très différents et a vécu bon nombre de changements. Force est de constater que le groupe a une grande présence scénique et sait bien gérer ses effets. Cependant, il faut bien avouer que le spectacle a eu du mal à démarrer pour certains. D’ailleurs le public a surtout eu l’air d’attendre les standards du groupe comme ‘Bullets’ qui ne manquera pas d’apparaître au milieu du set. Cette track est tellement efficace ! Dès lors, le mouvement s’accéléra et le groupe passa en mode plus énergique après un début de set assez lent.

Autisti a été le dernier groupe a passer lors de cette première soirée de festival. Il faut dire que nous étions curieux de voir ce que cela allait donner. Il s’agit d’un des multiples projets du déjanté Louis Jucker que nous avions eu l’occasion de voir à plusieurs reprises que ce soit dans un registre folk-rock, en solo, ou metal, avec The Ocean – où il officiait à la basse – ainsi qu’à la voix sur certains titres de Coilguns. Avec ses amis musiciens du crû, comme Emilie Zoé que nous avions pu voir en live sur cette même scène une année auparavant, le Neuchâtelois nous a convié à une récréation noise rock à l’esprit punk. Le tout a été jouissif, puissant et a offert des moments riches et d’autres plus simplistes mais jubilatoires. Durant les intermèdes, les quatre musiciens se sont abandonnés à un lâcher-prise total et se sont autorisés tout ce qui leur passait par la tête sur leurs instruments – tout en sachant néanmoins faire preuve d’une certaine retenue. L’exercice a semblé libérateur autant pour les musiciens que pour le public – même si l’exercice a déclenché des réactions de rejet quasi épidermique chez certains dans le public. Peut-on dire qu’on a touché ici à ce qui pourrait être considéré comme la quintessence même de l’exercice artistique ? A découvrir sur l’album concept de l’artiste L’altro mondo avec d’autres perles même si cela ne rend pas complètement justice à la puissance du live. A voir absolument !

Cette première soirée a été une bonne mise en bouche pour cette 12e édition et cette fois encore la ‘petite’ scène s’est révélée riche en découvertes et en moments intenses.

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