Pascal Pacaly en interview

Qui n'a pas fait des trucs un peu fous pour par amour d'un artiste ou d'un groupe? Qui n'a pas senti son coeur s'accélerer à la venue sur scène de son chanteur fêtiche? Le fan est prêt à beaucoup de sacrifices quand il s'agit d'aller à un concert éloigné, lorsqu'il souhaite se procurer un album rare ou attendre des heures la venue de son idole. Pascal Pacaly a trouvé une jolie palette de fans. Des vrais de vrai, prêt à tout pour aller au bout de leur rêve. Il narre leurs exploits dans ROCK ADDICTION, un livre où tout amateur de rock s'y retrouve.

Pour mieux comprendre ce phénomène, nous avons posé les questions direcement au priincipal intéressé, à savoir l'auteur, Pascal Pacaly. Entretien.

 

Sven (à droite) et Lars Ulrich (Metallica)

 

Lords Of Rock: Comment t’es venu l’idée de t’intéresser aux fans?

Pascal Pacaly: Parce que sans eux, rien n’est vraiment possible…l’un ne va pas sans l’autre… artiste-fan est une relation tellement forte, parfois trop peut-être… on aime ça, on s’y noie, on s’y perd, on échange, on est, on existe. C’est ça le truc, exister aux yeux de l’autre… ne pas, ne plus se sentir seul… et c’est cette relation qui m’a attiré… car on a tous eu envie un jour ou l’autre d’être en haut, au firmament, être aimé, désiré. Mais une fois là-haut, ce n’est pas toujours ce qu’on croit…et parfois les deux mondes, les deux chemins se rencontrent… et c’est ce chemin, ce sentier qui peut être semé d’embûches, que j’ai voulu raconter, le pourquoi du comment, et le comment aussi…

 

Comment as-tu fais pour les trouver ? Le hasard ? Les réseaux ?

Tout à fait, plus les forums… Au début, j’ai passé des annonces sur les forums consacrés aux artistes, en disant que j’écrivais un livre et qui si certains étaient intéressés….eh bien j’étais preneur… Après, les sosies, c’est à travers des recherches perso…et enfin oui, le hasard, lorsque je parlais de mes projets, manuscrits, il m’est arrivé une fois ou deux de tomber sur une personne qui me disais : « mais sais-tu que j’ai rencontré tel ou tel… » en parlant bien sûr d’un artiste reconnu…et forcément, le hasard, qui peut aussi bien être le destin, tu ne le mets pas comme ça de côté…

 

Quelle rencontre t’as le plus marqué ?

Toutes sont belles…

 

Eva, mettant à nu son amour pour Indochine

 

Sans vouloir faire de la psychologie à 2 balles, on remarque qu’il s’agit souvent d’adolescents un peu déboussolés, en manque de repères qui vouent un tel culte aux artistes. Est-ce une forme d’échappatoire ?

Il n’y a pas que des adolescents. Les adultes, certes ex-adolescents, ont eux aussi besoin de cette fabuleuse drogue douce et en plus légale, qu’est la musique… mais oui, c’est un échappatoire. Notre société, bon, pas besoin de faire un dessin. Tu mets le 20 heures ? : meurtres en série, enlèvement de gosses, catastrophes naturelles…et j’en passe. Donc bon, un peu normal qu’on ait envie d’éteindre tout ça et t’appuyer sur « Play », de mettre la tête en arrière, de s’asseoir sur le canapé ou s’allonger dans le lit, enfin fermer les yeux et planer, voler aussi haut. Comme le disait les Doors  :”Girl, we couldn't get much higher

 

Passer 4 jours sous tente près de l’entrée d’un concert, pour être au premier rang, c’est tout de même dingue ?

Oui et c’est surtout génial. C’est de la folie douce, et dans ce monde de taré un peu de folie douce ne peut pas vraiment faire de mal….et puis tu sais, on disait ça des fans des Beatles (Parce qu’il faut préciser que tu parles là de certains fans de Tokio Hotel), quand on voyait toutes ces filles hystériques, tellement hystériques que les mecs ont du même arrêter de faire des concerts tant on n’entendait plus leur musique, c’est dire ! Là, pour le coup, c’est surtout un trip adolescent, se retrouver entre copines comme des mecs se retrouveraient dans un bar devant un match de foot en train de boire des bières… Donc là, c’est se retrouver entre filles, ne plus être avec les parents, juste délirer à fond et faire les cons. C’est vraiment ça le but ! Délirer, faire la fête et ne se prendre la tête sur rien…. Et le groupe, eh bien évidemment, c’est la cerise sur le gâteau ! Non, le plus dingue, c’est de voir comment nos politiques font partir la planète en couille, des trucs de ce genre, là, c’est justement faire la fête tant qu’il reste encore un peu de temps, parce que bientôt…

 

Coralie, Barbara, Daphnée et Anaïs au concert de Marylin Manson

 

As-tu été (ou peut-être encore) un fan inconditionnel d’un groupe ou d’un artiste ?

Inconditionnel, non. Mais j’ai beaucoup aimé Michael Jackson. C’était la période DANGEROUS, j’avais 14 ans et pour l’ado que j’étais c’était un truc affolant. Forcément, avec toute la pub qui avait été faite dessus, tu ne peux qu’être intrigué…. On disait le personnage mystérieux, fou, capricieux, etc… ça attire. Et donc le voir, c’est voir quelque chose de totalement nouveau, qu’il n’y a pas en France, ne serait-ce qu’au niveau des concerts…. Et puis quand tu vois tous ces fans en transe, je pense surtout à des fans asiatiques qui s’accrochaient aux portières de sa voiture alors que celle-ci était en marche, une image qui m’a beaucoup marqué, tu te demandes pourquoi ils sont comme ça… et c’est vrai que toute son image, son aura, tu ne le voyais nulle part ailleurs…

Après j’ai plongé dans la brit-pop, rien à voir je sais, surtout Pulp, Suede, Manic Street Preachers et du renouveau d’Indochine aussi, ce qui m’a amené vers le glam, ma période musicale que je préfère, car toutes les excentricités étaient permises. Pas des excentricités juste pour créer un buzz comme c’est le cas maintenant, non, juste parce qu’à l’époque c’était fun, et que c’était un vent de liberté, un souffle contestataire, une indépendance d’être qui ont est, et surtout de se libérer du carcan bien trop strict des 50’s

 

Ne trouves-tu pas qu’il y a une certaine redondance dans les nouvelles ? A savoir, l’ado un peu paumé qui entend un morceau, ensuite il se procure les disques, il va voir les concerts et comme bouquet final c’est la rencontre avec l’artiste.

Oui et non. Pour certains c’est le cas, pour d’autres non. Pour James, par exemple, et qui a vécu dans les années 70 à Manchester, il a tout vécu de l’intérieur, à fond, sans passer par la case disque, enfin au début. Mais en même temps c’est logique : tu ne vas que très très rarement à un concert d’un groupe ou artiste que tu ne connais pas. Tu n’as pas envie de balancer ton fric en l’air. Donc si tu y vas, c’est que tu connais un peu le style… tu as pu voir l’artiste à la télé, ou alors avoir écouté une de ses chansons à la radio, ou encore être tombé sur un article dans un magazine… le concert ne sera que l’apogée de tout ce que tu as pu voir, lire, écouter….

 

Après t’être intéressé aux groupes, te voilà avec les fans. Quelle est la prochaine étape ? Les roadies ?

Non, plutôt Rock Stories 3 que je suis en train de finaliser, des bios, des nouvelles sur les groupes et artistes de rock français, et aussi, comment dire… plus sur le milieu rock français lui-même, sur des choses mythiques… mais je ne préfére pas trop encore en dire, il est trop tôt.

 

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