Indochine souffle (enfin) ses 40 bougies

REVIEW – Que l’on aime ou que l’on déteste, Indochine reste une pièce majeure de la musique en France. Ce samedi 21 mai le groupe était d’ailleurs au Stade de France pour la première date de son Central Tour, mini tournée d’anniversaire organisée dans plusieurs stades de l’Hexagone. Retour sur une soirée riche en émotions.

Depuis la nuit des temps, parmi les croyances les plus populaires, on peut citer le Christianisme, l’Islam ou encore le Judaïsme. Depuis 40 ans, il y a Indochine. Indochine, religion monothéiste représentée depuis ses origines par un Nicola Sirkis se muant à la fois en Dieu, prophète et messie. Non pas qu’Indochine soit une aventure solo, mais du péché originel il ne reste plus que Nicola, solide leader depuis maintenant plus de quatre décennies qui chante au Monde ce qui ne tourne pas rond chez lui. Des sujets d’actualités comme le harcèlement (qu’il soit scolaire ou non) ou l’homophobie, en passant par les enjeux écologiques et climatiques ou encore le racisme, maux auxquels notre société est confrontée chaque jour, tout est abordé par le chanteur depuis ses débuts et la liste est longue. Ce n’est pas juste de la musique, c’est au-delà de tout ça. Qualifié de « groupe de pédés » pendant des années, Indochine s’est imposé avec le temps en véritable modèle idéologique. C’est avant tout un engament, des prises de position, qu’il transmet à travers ses morceaux pour diffuser la bonne parole auprès de ses fans. D’ailleurs parmi ses fidèles on retrouve bon nombre d’adhérents à son culte, à ses points de vue, à son ouverture d’esprit. On n’aime pas simplement Indochine « parce que la musique est cool », on aime Indochine pour toutes les valeurs qu’on se prend à la tronche à l’écoute de chaque chanson. On sourit sur du Indo, on chiale sur du Indo, on vit sur du Indo.

Actuellement composé en plus de Boris, Oli, Marc et Ludwig, le plus grand groupe de rock français soufflait donc ses quarante bougies samedi dernier au Stade de France. La première partie assurée par Coach Party n’est qu’une légère gourmandise, le public attend Nico et ses copains depuis un an et un report dû à la pandémie. L’excitation monte dès l’entrée des spectateurs dans l’arène tellement la scène semble d’ores et déjà impressionnante : un écran géant cylindrique de quarante cinq mètres de haut est planté là, en plein milieu de la pelouse, par dessus la scène d’ailleurs étirée en long en large du stade. Le concert démarre sur le « Versailles Club Mix » de « Nos Célébrations », le teaser des quarante ans dévoilé il y a maintenant deux ans apparaît sur cet énorme panneau lumineux, avec quelques ajouts des évènement marquants récents comme la guerre en Ukraine dont le drapeau ponctue d’ailleurs cette intro, pour laisser la place au groupe. Les premières notes de « Nos Célébrations » arrivent, la voix de Nicola a un peu de retard tellement sa gorge est serrée. L’émotion est palpable, le chanteur ne s’en cache pas.

S’en suit une setlist extraordinaire de perfection. Entre morceaux phares du dernier album et tubes mythiques du groupe, tout y passe. « Alice et June », « Miss Paramount », « Un été français »… toutes les générations sont comblées. Sur « Les Tzars », un message s’affiche sur le panneau LED géant « Nous savons qu’ils mentent. Ils savent qu’ils mentent. Ils savent que nous savons qu’ils mentent. Nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent. Et, pourtant, ils persistent à mentir ». D’abord qualifié de complotiste par ses détracteurs, le groupe dénonce avant tout les régimes autoritaires et doit d’ailleurs se justifier quelques jours après le concert pour dissiper tout malentendu, si facile à faire proliférer sur les réseaux de nos jours (ah la technologie…).

Plus rare en live, Nico et sa bande jouent « 7000 danses » et « La chevauchée des champs de blés » que le public connaît malgré tout par cœur. Côté guests la liste était belle également, puisque Lou (la nièce de Nicola) et Dimitri Bodianski (un des fondateurs du groupe) sont montés sur scène pour reprendre « Dizzidence Politik », le contreténor Philippe Jarrousky pour « College Boy », et bien évidemment Christine and The Queens a partagé le micro sur « 3SEX ». Autre surprise, l’orchestre de la garde républicaine apparaît quelques minutes pour revisiter les morceaux « J’ai demandé à la lune », « La vie est belle » et « Atomic sky ».

Quoi de plus parfait qu’un enchaînement « L’aventurier »/ « Karma Girls » pour clôturer plus de 2h30 de fête, avec feux d’artifice sur le finish. L’aventure dure depuis quarante et un ans à présent et c’est incontestable : on vit plus heureux avec Indochine. Gloire à eux.

crédit photo : Laura Gilli

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