Alors que l'intérêt se porte sur les festivals mercantiles ainsi que les groupes maousses, ou l'inverse, Lords of Rock vous donne des nouvelles de la tournée européenne du meilleur trio de l'anné

Harlem

REVIEW Alors que l’intérêt se porte sur les festivals mercantiles ainsi que les groupes maousses, ou l’inverse, Lords of Rock vous donne des nouvelles de la tournée européenne du meilleur trio de l’année, Harlem. Avec, cette fois-ci, un arrêt à Berlin. Au programme: bourdes, sales tronches et concert express. Oui, Harlem tient la grande forme.


Magnet Club, Berlin, un dimanche soir après un sale orage qui tend à devenir tradition depuis une dizaine de jours. Un nouvel emplacement pour un club jadis implanté du côté de Prenzlauer Berg: à côté du monstre électro, le Watergate, et non loin d’une floppée d’autres excellentes salles comme le Lido. Il va falloir faire sa place dans ce quartier étrange, coincé entre le parc Görlitzer et la Spree, habité par les restos à Kebab qui eux aussi connaissent la crise. La preuve: le fameux sandwich est désormais coté à 3 Euros. Révolte chez les clubbers. Révolte aussi chez les rockeurs en ce fameux dimanche donc: Harlem sévissait devant une assistance respectable, très internationale, pas forcément blasée. 22 heures, toujours personne sur les abords de la modeste scène. Les Texans sont encore sur la route. Le temps de monter approximativement le matériel, de faire un line check nonchalent, de mettre le foulard comme signe de départ et la magie Harlem reprend. C’est tellement con, mais ce garage punk chanté à trois gorges déployées, prompt à l’engueulade et à l’érection coupable est d’une réjouissance admirable.

Accord tacite

Surtout quand Michael Coomers (batterie, chant, guitare et foulard donc) s’y met: un tabouret de batterie qui ne tient pas la route et c’est l’alibi parfait pour péter un cable, au point de refuser de jouer. On se prend à rêver quand on le voit amener sur scène une chaise de bar, d’un mètre de hauteur pour situer la difficulté de la tâche, puis une chaise de camping comme remplaçants de fortune. De mèche, Curtis O’Mara (batterie, chant, guitare, débutant le concert sur ce dernier instrument) ainsi que le bassiste Jose Boyer s’en moquent et tiennent le concert à bout de bras. Un morceau, une interruption de trois minutes, des discussions interminables, des huées du public, des shots de Tequila, et puis une nouvelle tornade. Le fameux label Matador ne s’y est pas trompé: Harlem est génial. La preuve: “Gay Human Bones”, lorgnant sur les Black Lips, vaut mieux que n’importe quelle sortie anglaise depuis cinq ans, “Friendly Ghost” ou encore “Faces” écrase The Drums sur le tempo surf, et un titre du calibre de “South of France” est même négligé sur le récent HIPPIES, preuve de la qualité du répertoire de ces Texans.

Suite du concert: Coomers lâche enfin les baguettes pour prendre la guitare, explose toutes les pédales d’effet, arose dans la foulée son ampli d’une Berliner, refuse une nouvelle fois de jouer puis trouve un accord tacite avec un O’Mara hilare (Boyer récupérant lui de sa brossée en ouverture de concert par Coomers, sous prétexte qu’il n’était pas dans le temps, préfère donc se mettre un peu de côté): Harlem jouera encore deux morceaux. La bonne idée: le groupe n’en est qu’à son quatrième morceau. Vous avez dit chaotique ? Nous répondons extatique. Et même si on claqué dix pauvres Euros pour voir cette médiocrité scénique, ce drame en direct sous nos yeux, il s’agit sans doute de l’une des choses les plus sincères et prenantes depuis des années. Lors de leur passage à la Brasserie du Château de Lausanne (lire ici), notre journaliste Antoine Tille s’était risqué à décrire fidèlement le groupe: ” (Harlem), c’est aussi l’association d’un sosie de Droopy, d’un
vendeur de chez Fust et d’un serveur dans un club house : difficile à
comprendre ce qui les a réuni, mais sur scène une énergie commune, où tout le
monde chante et s’échange les instruments
“. Vous regrettez la déglingue furieuse des Libertines ? Ruez-vous sur Harlem, en bien plus drôles.

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