UNPLUGGED est sans doute le disque le plus connu de blues acoustique. Pour rappel, en 1992, Eric Clapton venait de perdre son garçon de 4 ans, et sortait des années 80 avec des albums dont la qualité musicale est variable. Il répond à l’appel de MTV pour enregistrer un concert acoustique pour une émission TV, pour y créer de nouvelles chansons, reprendre des classiques du blues (comme Robert Johnson, avant l’album ME AND ROBERT JOHNSON qui sortira en 2000), ou son répertoire ("Layla" qu’il joue depuis 1971). A l’origine, le disque ne devait pas paraitre : quelques fautes pendant le concert qui n’enchantait pas le bluesman, et la Warner doutait du succès commercial. Au final, le disque reste la plus grosse vente de Clapton (plus de dix millions d’exemplaires), et l’un de ses meilleurs succès critiques. Pour ceux qui ne l’auraient jamais entendu, courrez l’acheter si vous aimez un peu le blues, ou tentez absolument une écoute de ce disque ! C’est « une porte d’entrée » au monde du blues. C’est aussi le disque qui relança commercialement et artistiquement la carrière de Clapton.
Au cas où vous ne le saviez pas, les concerts « unplugged » sont des concerts entièrement acoustiques. MTV avait réalisé à partir de 1989 une série d’émissions où les grands guitaristes électriques ont pu montrer que derrière leur sonorité lourde, se cache aussi une technique. Donc, quand Eric Clapton, réputé mondialement pour sa virtuosité, débarque chez MTV, laissant temporairement ses guitares Fender et Gibson dans leurs étuis, il livre pour l’une des premières fois un autre visage. Plus décontracté, moins protégé, mais aussi détruit moralement par la mort accidentelle de son fils quelques mois avant, celui que l’on nomme ironiquement Slowhand (main lente) reprend des titres de son répertoire (« Layla », dans une version acoustique qui devient, 20 ans après sa sortie, un nouveau tube), des inédits comme « Tears in heaven » (autre grand succès de l’album, à la mémoire de son fils), mais aussi des titres de Bo Diddley, Muddy Waters. La majorité des titres sont assez calmes, mais ne créent à aucun moment l’ennui.
L’intérêt de cette réédition en coffret Deluxe est le second CD d’inédits ou de prises alternatives. Il y a trois véritables inédits. Les titres "Circus" et "My Father’s Eyes" (dans deux versions) sont des compositions de Clapton qui ne paraitront qu’en 1998 sur l’album PILGRIM. Nous ne les découvrons que quinze ans plus tard dans une version acoustique surpassant de loin les versions electro de l’album de 1998. Le dernier "Worried life blues", est un blues des années 1930 que Clapton avait déjà enregistré sur l’album live "Just one night" (1980) avec ses guitares électriques et qui sera aussi repris sur l’album "Riding with the King" avec B.B. King. L’occasion d’une relecture acoustique, comme le voulait l’émission de MTV. Quant aux deux prises alternatives, elles sont à peine différentes de celles parues en 1992. L’occasion de constater que les arrangements étaient parfaitement mis en place.
Coté DVD, l’image a été bien sur restaurée par rapport à la bonne vieille VHS parue à l’époque (l’enregistrement était prévu pour la télévision de 1992, avec d’autres standards de qualité). Le son est également d’excellente qualité, bien que l’absence d’imperfection (bruits du public, etc.) le rende trop parfait pour du « live » (ce dont d’autres DVD live de la Warner souffrent aussi…). L’intérêt de ce DVD dans cette édition, déjà paru dans le commerce, est le bonus inédit : les répétitions. Ces séances contiennent les titres inédits du second CD, ainsi que quelques fous rires et ratés. Pour le reste, les différences sont minimes, à part quelques surprenants tests de lumières. Après, on regrettera qu’il n’y ait rien en blu-ray dans ce coffret, à l’heure des remasterisations haute définition.
En bon fan que je suis de ce concert absolument mythique, l’édition Deluxe est intéressante. Pour l’auditeur moyen voulant découvrir le concert, l’édition originale contient l’essentiel : le blues, la sensibilité mise à nue d’un des plus grands guitaristes du XXe siècle. Pour ceux qui en veulent plus, et les fans de Slowhand, c’est l’occasion d’entendre ou de voir des titres connus dans des versions plus intéressantes (que l’horrible PILGRIM…) qui redonnent justice à la qualité mélodique des compositions. Et souvenez-vous, ce disque est indispensable, donc vous savez ce que vous devez écouter dans les prochaines heures…
Je viens tout juste d'acquérir cette pépite, encore sous son emballage d'origine (donc tout neuf) pour 0,99 €!
Tant pis pour la personne qui l'a déposé dans la boutique de vente d'occasion où je l'ai trouvée… mais tant mieux pour moi! 🙂