La mise en bouche se fait avec Wolfmother: 19h30. Un peu tôt pour un show d'une telle envergure. Les Australiens, partie intégrale du paysage musical depuis 2005, enchaînent leurs tubes, notamment "White Unicorn" ou "Woman". En tout les cas, la bande des frisés (sans doute résultat de leur musique "décoiffante") conquit un public pourtant hétéroclite. Et pour cause… le quatuor donne toute son énergie, une palette de rifts jouissifs et plusieurs instants hommages à Led Zep. L'originalité n'est sans doute pas l'ingrédient principal mais Wolfmother possède ce quelque chose de fédérateur. Très bon point pour le Caribana. A noter également la superbe prestation hardblues du groupe Romand Azazelblues Earthworms.
C'est ensuite au tour de Favez de se présenter sur la Scène du Lac avec leur septième album (déjà!) EN GARDE. On avouera toutefois que malgré un son attirant, ce fut le moment d'une pause musicale pour Lords of Rock. Avant d'enchaîner avec Hurts. Et que dire de Hurts? Le groupe, acclamé par nombre de critiques et notamment encensé par NME, fait appel à notre curiosité. Un court aperçu du chanteur Theo Hutchcraft entouré d'une dizaine de groupies ne rassure pas tout à fait quant à la prestation à venir. Et c'est pire encore… Il y a des revivais à ne pas faire, des genres à ne pas perpétuer. Ici, mélange entre esthétique Depeche Mode et musique façon Take That. A tous ceux qui nous les auraient décrit comme du Prince sur du Joy Division, il serait bon de retirer carte de presse et tout moyen d'exercer. Hurts est un boys band moderne, avec ses hurlements du premier rang. Ils ont rassemblé toutes les cartes du ridicule: roses blanches, chorégraphies dépassées, regards en coin insipides. Alors que leur musique plaise, c'est une chose. Chaque génération a besoin de ses icônes merchandising. Qu'on les programme entre Wolfmother et Interpol, au coeur d'une soirée rock, en est une autre. Et là, il y a des limites à ne pas dépasser. Cependant, on leur reconnaîtra 40 minutes de franche rigolade, à la vue seule de leurs fans en furie.
On ne parlera pas de Plain White T's, heureux parrains de surf-rock américain démodé, et on passera plutôt sans attendre à la prestation des New-Yorkais d'Interpol. Le pêché mignon de tout amateur de rock. Ceux que l'on sait flirtant de bien près avec la pop et la facilité et qui pourtant parviennent à nous enchanter à chaque nouvel opus. A l'exception du quatrième peut-être, bien en deçà de la moyenne. Au Caribana, si l'on fait abstraction des quelques soucis de sono, le groupe donne ce qu'on attend de lui: la voix de Paul Barks, marque de fabrique d'Interpol est bien là, les interludes percutants, les envolées instrumentales. Tout est là, que ce soit "Pioneer to the Falls", "Slow Hands" ou "Narc". On regrettera un certain manque de cohérence dans la set list, donnant presque l'impression de jouer au hasard de leurs envies. Interpol reste néanmoins Interpol: une froideur attirante, une parfaite maîtrise de leurs morceaux et un savant mélange entre pop et rock. Encore un très bon point pour le Caribana Festival, qui a eu le fin nez de le programmer en ce beau début de juin.