Impossible de ne pas entendre parler du trio Solange la Frange en cette fin d'hiver. Ils sont partout, quitte à même massacrer de toute leur rage le festival Electron la semaine passée. De passage récemment au festival suisse m4music, qui effectuait pour la première fois une courte incursion lémanique, le groupenous a accordé quelques minutes afin de faire le point de la situation.

Solange la Frange

Impossible de ne pas entendre parler du trio Solange la Frange en cette fin d’hiver. Ils sont partout, quitte à même massacrer de toute leur rage le festival Electron la semaine passée. De passage récemment au festival suisse m4music, qui effectuait pour la première fois une courte incursion lémanique, le groupe nous a accordé quelques minutes afin de faire le point de la situation.

Cinéma Atlantic, Lausanne. Ca s’active dans le bar des backstages, où les deux hommes de Solange la Frange lorgnent sur la tireuse à bière. Pendant ce temps-là, Julie, la patronne du trio, sympathise avec nos collègues du blog Tea (lien ici). Le fut est fini, semble-t-il. On fera avec, comme on dit, de toute façon il faut s’activer dans ce petit méfait. On début donc l’interview sans les deux voleurs, juste avec la belle Julie. Solange la Frange, c’est une vieille histoire, mais une histoire qui, si elle devait se terminer en 2010, aura été belle et violente. On dirait pas comme ça, mais Julie, une fois sur scène, ce n’est plus cette gentille demoiselle d’une politesse que seuls de seuls des bras régulièrement tatoués trahissent.

 

Lords of Rock : c’est souvent comme ça ?

Julie Hugo (chant) : toujours (rire) ! Quand c’est une bonne soirée.

 

Avec la sortie de votre album éponyme le mois dernier, c’est une période chargée là ? Voyez-vous aussi un changement en concert ?

Julie : oui, les réactions sont différentes maintenant en concert. Les gens chantent les morceaux, surtout Grind en fait, mais aussi sur Love Affair, alors qu’auparavant personne ne réagissait. Voici pour la première différence. Ensuite, pour tous les à côtés, non, pas vraiment. Pas encore. Par contre, les propositions de concerts affluent encore plus qu’avant.

Luca Manco (basse, guitare) : ce qui me fait particulièrement plaisir, c’est de voir les réactions des gens qui ne nous ont jamais vu en concert et qui ont écouté le disque. Forcément, ça n’était jamais arrivé avant 2010.

Julie : ce qui change aussi c’est d’être dans les charts suisses (rires).

 

Quelle place ?


Julie : 74ème !

 

La concrétisation de cet album a tout de même un peu tardé. Heureux en même temps que soulagés ?

Julie : oui, exactement. Le groupe en tant que tel est mis en valeur et non plus Solange la Frange en tant que DJs. Qu’on ne se concentre que sur le groupe pendant un petit moment est une bonne chose. Mais ce furent parfois les années passés juste nos vêtements qui attiraient l’attention. Maintenant que nous avons 15’000 concerts, le groupe est dans une ambiance de tournée et l’attention est donc portée là-dessus. J’adore.

” Les concerts, j’adore “

 

 

A ce propos : y-a-t-il des choix à faire maintenant ?

Julie : oh que oui, les habits par exemple sont sacrément mis de côté. Mais pas de regrets, c’est juste une chose après l’autre. Si tu ne te concentres pas sur un point et que tu veux tout faire, tu risques de t’égarer.

 

Il y a aussi une chose intéressante chez vous, c’est cette unité visuelle, et pas seulement en live. La sortie de l’album, à la pochette totalement dingue a aussi coincidé avec la sortie du clip, dans la lignée visuelle… Avez-vous déjà eu des échos concernant ceci ?

Julie : en fait l’album n’est pas encore sorti à l’étranger, donc difficile d’avoir des feedbacks. Après, le clip a été super bien reçu tout simplement parce qu’il est déjà très beau. Donc quand l’album sortira en France on rappellera pour te répondre (rire).

Luca : mais même concernant le son de l’album, on a eu des retours excellents. Un média anglais nous avait avoué totalement ignorer que nous étions suisses. On en était très content, après…

 

Justement, après, on dit dorénavant que la musique n’a quasiment plus de nationalité.

Luca : bon, l’accent suisse nous trahit.

Julie : à l’accent et au fait de ne pas savoir répondre aux interviews (rire).

 

Vous fréquentez presque autant les salles parisiennes que celles de Suisse. Y-a-t-il un truc particulier ?

Julie : notre agence de booking française se trouve à côté de la Maroquinerie, ça aide forcément pour trouver des dates là-bas plutôt qu’en Province. Et aussi parce qu’y jouer fréquemment permet de trouver facilement des nouvelles dates.


Cet été s’annonce très occupé n’est-ce pas ? Par ailleurs, pensez-vous pouvoir vous exporter en Grande-Bretagne, voire plus ?

Julie : ça va chier (rire). Bon, beaucoup de choses restent encore à être confirmées. Il y a des gros trucs, je peux déjà te le dire. Pour le fait de dépasser la France, si on a de la chance, oui, c’est possible. Cependant nous n’en savions rien, tu vois. On n’est rien du tout encore. A part un petit peu en Suisse et en France.

Luca : oui, on y pense souvent. Forcément, on a envie de voir plus loin. Le plus loin possible.

Julie : voyager, c’est chouette. Mais il n’y a pas que ça. L’important, c’est que ça chie (rire).

 

On sent tout de même une ambition toute autre par rapport à vos compatriotes suisses. Reste qu’une fois en votre présence, on ne la sent pas du tout. C’est plus l’éclate.

Julie : l’histoire de Solange la Frange a débuté sur un gag. Tout ce qui nous arrive n’a jamais été planifié, on en est d’autant plus heureux. On le prend sérieusement maintenant mais on se laisse faire (rire). Enfin, si on me donne des ordres hein.

 

Avec le temps, il a donc fallu apprendre à écrire des morceaux ?

Julie : on a juste appris à jouer parce qu’on ne savait rien faire. A part Luca qui jouait déjà en tant que guitariste au sein de Rectangle (chronique de leur premier LP ici)

Luca : reste que j’ai véritablement commencé la basse avec vous…

Julie : forcément, il faut apprendre à jouer quand tu te retrouves dans l’engrainage des concerts. On a bien du bosser (rire). Cela nous a amené ici.

Luca : on a passé des heures à juste laisser tourner un beat pour essayer de trouver une structure, ensuite écouté ce qu’on a fait pour finir par trouver ça nul ou passable et donc continuer. Pendant des heures…

Julie : on a parfois passé des journées entières dans notre local du Rocking Chair à Vevey. Même si je trouve que l’on n’a pas assez fait par rapport à ce que l’on devrait. Reste qu’on a vraiment beaucoup travaillé pour arriver à un résultat potable.

Luca : en apparté, l’avantage par rapport à un groupe véritable de rock c’est de pouvoir laisser tourner ce beat. Chez nous, il n’y a donc pas de batteur qui s’épuise, puisqu’il n’y en a pas. Ca facilite la chose. On laisse ensuite faire, comme si rentrait dans une sorte de transe, sans réfléchir jusqu’à ce que l’on arrive sur quelque chose de concret. Si un batteur pouvait tenir neuf heures au même rythme, peut-être qu’on prendrait un batteur (rire). Par ailleurs, Julie et Tristan m’ont appris à devenir sérieux, même s’ils diront le contraire.

 

” Garder le rythme, à tout prix “

 

 

Pour revenir à ce festival m4music, vous y aviez joué à Zurich l’an passé n’est-ce pas ?

Luca : il n’y avait pas de public, ce n’était que des professionnels de la musique.

Julie : très tôt dans la journée d’ailleurs. Et ça ne bougeait pas. Il a donc fallu attendre que ça se passe… En comparaison, nous avons joué la semaine dernière à Delémont, au SAS, et là c’était assez animal. Agressif oui, mais super. Les gens fonçaient dans les plexiglas de notre cabine de DJ. On nous a volé nos bières alors que l’on jouait.

Luca : ils sont même venus jouer sur scène.

Julie : par contre, en France, les gens sont plus du profil “fan”, à attendre des autographes. En Suisse, généralement, les gens qui nous reconnaissent dans la rue baissent la tête (rire).

 

Quelles sont vos impressions quant à passer d’un groupe jouant devant des potes, puis devant un large groupe de potes puis exclusivement devant des inconnus ?

Luca : il ne s’agit pas vraiment de statuts puisque cela se passe gentiment.

Julie : à ce propos, on préfère nettement ne pas jouer devant nos amis, on y a toujours une grande pression. Six fois plus les boules, au moins. On a l’impression de se sentir moins vite jugé face à des inconnus. Si on n’assure pas ce soir à Lausanne, alors que tout le monde nous attend, c’est vraiment la honte.

Luca : pour moi, je préfère ne pas parler des concerts avant de le faire. Parce que là, par exemple, tu viens de nous mettre la pression Julie (rire).

Julie : oui, mais tout le monde va foncer sur nous en prétendant que nous n’assurons pas en live par rapport à l’album. Tout le monde attend que l’on se plante. L’enjeu est plus grand ici.

Luca : il y a aussi toutes les personnes qui travaillent avec nous ce soir. Les patrons, le label, etc.

 

Trouver un label fut-il compliqué (ndlr. le groupe est signé chez Gentlemen Records) ?

Julie : il faut juste rappeler que l’on était chez Kid Chocolat auparavant (Poor Records). Ne le répète pas trop, mais le patron de Gentlemen ne nous voulait pas au début. C’était la merde. On a eu le chance qu’il vienne nous voir lors du Printemps de Bourges l’an passé où l’on avait mis le feu. Bon, tu vois, les Français nous avaient bien aidé, ils nous aiment bien (rire). Mais cela dit, sans cet hasard je ne sais pas où l’on en serait aujourd’hui.

 

Trouver un label: est-ce un cap à passer ?

Luca : tu parles, c’est exactement le cap à ne pas passer.

Julie : oui mais tu as plus de moyens. On a un camion qui nous permet de prendre de la déco ou des amplis. On a fait tellement de voyages en train…

Luca : c’est vraiment différent une fois que tu as trouvé un label.

 

Vous avez récemment joué des morceaux en semi-acoustique pour la radio Couleur 3. Des morceaux hyper convaincants.

Julie : c’est vrai ? Non mais c’est vrai qu’on aurait envie de le refaire si on en avait l’occasion et le temps.

Luca : on en a effectivement déjà parlé. On chope un batteur, on répète et c’est parti ! On a parfois de la peine à sentir ça car notre musique est assez violente en façade. Mais au fond, tout se mélange. On m’a déjà demandé si c’était bien moi qui jouait à la basse ou si Tristan envoyait les basses depuis ses claviers. « Tu fais semblant » ? Des trucs comme ça, vraiment… Mais en fait, on s’écoute à fond Tristan et moi, comme avec un batteur. Il faut garder le rythme, à tout prix. Quand je ne groove pas assez, il le sent et me remet à ma place. Mais c’est légitime de la part du public que de pouvoir penser que tout vient des machines à Tristan. On a vraiment mille possibilités de se planter en live. Mais on est suffisament concentré ou bien préparé pour que cela se passe bien.

Julie : il y a bien des structures de morceaux, mais rien n’est là pour caler quoi que ce soit.

Luca : Tristan reproduit les rythmes de la partie sur son clavier en les jouant en direct, parfois en la contrôlant, parfois en les laissant tourner. On est obligé de suivre cette rythmique, les trois, sinon on serait à côté de la plaque. Horrible ! Ca nous est déjà arrivé. Après, quand tu arrives à accorder le tout, t’as vraiment l’impression d’appuyer « play ». Mais tant mieux que cela soit compliqué comme ça.

 

 

LIRE EGALEMENT

Solange la Frange

SOLANGE LA FRANGE (2010, Gentlemen Records)

Chronique par Stéphanie Monay

Lire ici

 

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