Encore un groupe de disco rock diront certains. Oui, mais tout en nuances. Aux influences prononcées. Citons, parmi d’autres, Joy Division, Talking Heads ou Hot Chip. Ils avaient déjà un groupe ; ils ont enfin un album. Enfin, car une longue attente à précédé la sortie de WHB, faute de label. Naïve a remédié à l’incongru.
We Have Band, c’est Thomas et Dede W-P (mari et femme) et Darren Bancroft. Ils avaient déjà créé un joli buzz en squattant les festivals en 2009. On se rappelle encore des titres “Oh” et “You Came Out” que certains bienheureux ont pu entendre au Montreux Jazz (première partie de Bloc Party) ou avant Peaches à Genève. Titres très dansants. C’est peu dire. Le groupe s’est forgé une jolie expérience scénique (plus de 100 concerts l’an dernier!) avant de se lancer dans l’enregistrement. Et c’est peut-être grâce à l’expérience que cet album lorgne également vers d’autres horizons, plus sombres par moments. Peut-être aussi grâce au producteur Garreth Jones (Grizzly Bear, Interpol). En tous les cas, les deux genres se complètent tout en cohérence. Quant aux voix, les membres se les partagent, en alternance, chacune d’elles rendant un effet spécifique et contribuant à la diversité. Emotions multiples en perspective.
We’ve found a band
Ouverture avec “Piano”, un bijou glacé et intemporel. Le disco-rock semble bien loin. Suivi de “Buffet”, dans le même ton. Une once d’espoir transparaît, le côté obscur semble lui omniprésent. Quelque peu psychédélique aussi. Puis, revirement de situation, “Divisive” amène des sonorités plus heureuses. Comme un nouveau point de départ à l’album. Comme le beau temps après l’orage. Et ça continue jusqu’à “Honey Trap”, single à la sauce Hot Chip, que l’on risque d’entendre sur toutes les fréquences d’ici peu. “Centerfolds & Empty Screens”, mené par la voix de Darren Bancroft, est l’une des plus belles créations de WHB. Fortement influencé années 80, de la cold-wave vêtue de ses plus beaux atours. Arrive alors “You Came Out”, mettant Dede en avant (pour la seule fois), et tranche à nouveau radicalement de par ses rythmes groovy. Enfin, la grande réussite: “WHB ” titre éponyme, entremêle les voix de Darren et Dede. Dark et mélodieux, oppressant mais très électro. Le chef d’œuvre n’est pas loin.
L’album se termine avec “Hero Knows”, sans doute le point faible de cet opus. Néanmoins, les paroles finales résument à merveille son ambivalence: ‘Please don’t wish away the dark days / They’re the ones that make it all worthwhile’.
Alors de la pop oui. Mais ténébreuse la pop. Le trio parvient à jongler avec ses nombreuses influences et nous pondre un résultat fort en contrastes. On approche la perfection. Pour un coup d’essai, c’est impressionnant.
Ils ont un groupe. Ils ont du talent. A vous de le découvrir. Chez Lords of Rock, we’ve found a band.
A ne pas rater à Berne le 28 avril, Zurich le 29 et Lausanne (D! Club) le 30.