Avez vous déjà entendu parler de Qiaran ? Non ?! C’est normal ! Loin de la foule et des scènes de concert, ce groupe s’est composé petit à petit avec comme seul objectif : créer une musique, d’inspiration folk, travaillée, « léchée » même, et sans les contraintes d’un groupe composé d’un nombre défini de musiciens et de contrats scéniques à respecter. En effet, deux très bons musiciens amateurs sont à la base de ce groupe-album (en effet, leur premier album n’a de nom que celui du groupe nouvellement crée) : Florian Antille et Baptiste Crettaz. Ces deux jeunes valaisans passionnés de musique folk avec diverses inspirations (trad. Irlandais, jazz, blues, bluegrass) ont quitté leur groupe respectif (dont l’émergent Anach Cuan considérés comme les remplaçants de Glen of Guiness) pour se concentrer sur la création d’un album réfléchi et minutieux.
Au fil de leur création, ils ont fait ensuite appel à divers musiciens en fonction du besoin qu’exigeait leur composition et arrangements. Ceci a le terrible avantage de varier d’univers au fil de chaque piste : un bodhran (instrument à percussion typique irlandais) par ci, un violoncelle par là, même un hang (je vous laisserai chercher sur internet à quoi ça ressemble !).
Malgré la diversité d’approches et de musiciens participants de près ou de loin à l’album, ce dernier conserve une bonne homogénéité et une identité unique. L’album allie savamment des airs et chansons chaudes et douces et des morceaux entrainants avec une technique musicale impressionnante pour des amateurs. De plus, malgré la conception « intellectuelle » du projet, nous ne sommes pas en présence d’un son trop propre de « studio », le son des instruments acoustiques est pur, authentique. Bravo au mastering qui n’a pas abusé des effets « rock n’roll » et ainsi bien respecté le son trad. Certaines pistes sonnent d’ailleurs presque comme dans un pub !
Vous l’aurez compris, cet album est tout d’abord crée par des musiciens ainsi la chanson est présente mais pas exclusive. Deux chanteuses, au grin de voix très différent mais magnifique tous les deux, nous bercent au fil de 5 pistes. Dans "Hurt" et "I’m your Man", la voix suave de la chanteuse nous transporte dans un univers blues-country doux et envoûtant, presque mélancolique ! "Butterflies in Motion" tire presque sur le trip hop alliant tradition et modernité. Mon cœur penche particulièrement pour la voix de Molly Reid, plus brut, très caractéristique de la musique irlandaise que vous pourrez apprécier dans : "When a man’s in love" et en gaelique dans "Jimmy Mo Mhile Stor".
6 pistes sont consacrées à la découverte instrumentale où les guitares, le violon et la flûte sont les éléments centraux et se cède la parole de manière harmonieuse et astucieuse. Certains morceaux plus traditionnels nous propulse dans un pub irlandais comme "Donegal Tikker", "Samedi matin" et "Maurice" (on se demande où ils sont allés chercher ce nom !). D’autres sont plus conceptuels, avec des recherches de sons et d’harmonie assez fouillé. Mais je vous rassure, ca reste mélodieux et accessible à tous ! Personnellement, "233" m’a totalement hypnotisée. Impossible de m’enlever ce morceau de la tête. Elle commence par un thème presque obsédant, repris par divers instruments et se juxtaposant habilement, suivi d’un reel plus rythmé et animé. Splendide !
Mon deuxième coup de cœur s’appelle "Rouge Noisette" avec une intro presque mystique apportée par le hang et suivie du violon très brut et entrainant.
Bien entendu, ce n’est pas parfait ! En effet, j’ai moins apprécié "Samedi matin" qui met un peu trop de temps à démarrer et qui a des arrangements par moment que je trouve un brin bordélique.
Bon à part ce bémol vous l’aurez compris je suis fan ! Alors amateurs de rock, ouvrez votre esprit et venez découvrir ce groupe totalement folk moderne qui saura vous transporter dans d’autres cieux au théâtre de Valère à 20h30 à Sion ce samedi 25 février 2012.