Le For Noise commençait fidèle à sa réputation de Festival 100% pur rock avec Hanni El Kathib et son rock garage. Tout est réuni pour bien démarrer la soirée : des guitares bien grasses, une basse accrocheuse et des morceaux contrastés alternants gros rock qui tache et morceaux plus calmes. Son deuxième album, HEAD IN THE DIRT, tient le haut de l’affiche et les fans des Black Keys ne s’y sont pas trompés : on remarque la patte de Dan Auerbach qui a produit cet album. Le milieu du set manque un peu de relief mais Hanni El Kathib et ses musiciens sortent juste à temps un morceau plus punchy pour réveiller le public clairsemé et pas forcement expressif de ce début de For Noise.
Après cette entrée en matière réjouissante, direction la scène Abraxas pour découvrir la prestation d'A Crashed Blackbird Called Rosehip. C'est dans l'ambiance intimiste de cette salle que le duo Saint-Gallois parcours les titres de son premier opus HEROES WON'T WORK sorti à la fin 2012. S'il est certain que l'électro-folk aux fort accents psychédéliques et gothiques fait mouche sur platine, il est plus difficile un jeudi juste avant 20h de faire entrer un univers si sombre et ambiant dans la tête d'un festivalier. Malgré l'énergie déployée par ACBCR à l'entrée de leur set sur "The Cowboys" et ses percussions acerbes, puis la longue montée introspective de "Fight Again Part I", le public a eu de la peine à s'immiscer dans cet univers si complexe et torturé. Il aura fallu attendre "What Good" pour que la lumière s'immisce dans la salle et réussissent à captiver le public. Ils ont offert un show dévoué et magnifiquement exécuté mais il était encore trop tôt dans la soirée pour pouvoir apprécier A Crashed Blackbird Called Rosehip à sa juste valeur.
Retour sur la grande scène pour le gros morceau de la soirée : Tomahawk et son virulent chanteur Mike Patton. Les guitares étaient lâchées et d’entrée de jeux des riffs de folies nous montent aux oreilles. Celles et ceux qui étaient venus pour admirer un Mike Patton style Faith No More ont découvert une facette plus agitée du personnage, hurlant dans son micro pour le plus grand bonheur du public. Tomahawk fait partie de ces ovnis du rock qui mélangent les genres et réussissent leur coup. On retrouve sur leur dernier album ODD FELLOWS comme sur leurs précédentes galettes à la fois un côté déjà entendu avec des sonorités années 90, des expérimentations instrumentales et la voix grave mais bien plus souvent hurlante de Mike Patton. Ça prend ou ça ne prend pas et au risque de vexer notre rédacteur en chef préféré, ben ça ne nous a pas trop plu.
Petit retour vers la scène Abraxas pour une brève écoute de The Soft Moon et leur New Wave animale aux cris détonants. Devant un public dense qui ne s'y trompe pas, les américains enchaînent les titres de leur musique lugubre et des plus entrainante, mais ne voulant pas se transformer en loup garou, on retourne direction la grande scène pour voir la déferlante électro-punk de !!!. Emmené par un Nic Offer comme à son habitude très en verve, !!! a fait de son passage sur la grande scène, le show de cette soirée d'ouverture. Les chorégraphies improbables d'un intenable leader, leur musique résolument funky et dansante, les passages dans la fosse et l'énergie du combo sont les éléments qui leur ont permis de faire mouche auprès du public restant. Là est peut-être le seul bémol de cette soirée : un public venu pour beaucoup dans le but de voir Tomahawk et s'égrainant au fil des minutes suivant la fin du concert. Ceci sans doute dans l'esprit soucieux d'être en forme pour le dernier jour de la semaine et pour les deux prochains jours de festival. En bon suisses que nous sommes, on a suivi la masse et du coup on termine cette première soirée sans assister à la prestation de Veto. Mais cela ne fait absolument aucun doute que le combo danois a dû faire un tabac auprès du public, car chronique étant en cours, on vous assure que leur électro-rock vaut bien plus qu’une petite écoute.
Une première soirée très réussie. Vivement vendredi soir !