J’ai un menu souci avec les années 80 : je les ai vécues. Et niveau musical c’était pas vraiment ça (même si les années 2000 sont pires). Alors évidemment, le revival 80’s actuel, je ne vais pas dire que ça m’enchante particulièrement. Ou disons plutôt que tant que ça ne concernait que Madonna, Kylie Minogue et toute la daube Eurodance / R’n’B actuelle ça ne me dérangeait pas trop. Mais maintenant que ça touche aussi la musique que j’aime, c’est plus problématique.

Passion Pit

J’ai un menu souci avec les années 80 : je les ai vécues. Et niveau musical c’était pas vraiment ça (même si les années 2000 sont pires). Alors évidemment, le revival 80’s actuel, je ne vais pas dire que ça m’enchante particulièrement. Ou disons plutôt que tant que ça ne concernait que Madonna, Kylie Minogue et toute la daube Eurodance / R’n’B actuelle ça ne me dérangeait pas trop. Mais maintenant que ça touche aussi la musique que j’aime, c’est plus problématique. Passion Pit donc. A priori, ce quintette américain extrêmement jeune originaire de Boston possède absolument tout pour me déplaire : un son 80’s éhonté (des œillades permanentes à Prince et à tout un tas d’autres trucs beaucoup moins dignes, des synthés ‘vintage’, des gimmicks sonores identiques à ceux qui peuplaient à peu près tous les tubes de 1986…), un premier single, “Sleepyhead” qui a engendré une hype énorme mais qui pourtant ne casse pas des briques (c’est sympa, mais niveau compo c’est très léger), et un leader envahissant aux déclarations parfois embarrassantes de mégalomanie Gallagherienne cocaïnée (le jeune homme se prend grosso modo pour le nouveau maître du monde). Vraiment, qu’est-ce que j’aurais aimé détester Passion Pit et ce premier album, intitulé MANNERS. Malheureusement, après plusieurs écoutes, je suis bien obligé d’en convenir : c’est vachement bien.

Bon attention. MANNERS n’est pas un chef-d’œuvre irrésistible, ni même un disque qui va autant marquer les esprits qu’ORACULAR SPECTACULAR l’an dernier. Non. Mais quand même. Quand même il se passe quelque chose dans ce CD. C’est que le leader maximo du groupe a des idées. Beaucoup d’idées. Parfois 15 par morceau. On sent vraiment une frénésie créative quasiment tout au long du disque, ça part parfois dans tous les sens, et ça c’est impressionnant (pour être méchant, voulez-vous que je fasse la liste des groupes qui au cours de cette décennie ont fait des albums entiers à partir d’une seule idée ? – l’idée en question étant souvent : « Hé les gars, si on se faisait une super coupe de cheveux pour plaire aux filles ; hein ? des chansons ? mais pour quoi faire ? »-). Et puis le leader, là, Michael Machinchose, il sait écrire. Des chansons. Des arrangements. Et même des paroles joliment dépressives. Il sait composer des trucs bien tordus qu’il parvient (presque toujours) à rendre accessibles au plus grand nombre à grands coups d’irrésistibles mélodies super pop.

Au milieu de tout ça, il y a deux singles totalement imparables qui pourraient cartonner grave si jamais MTV décidait de les passer en boucle comme du Jason Mraz : l’excellent “The Reeling”, qui sonne comme un croisement pas si improbable que ça entre Phoenix et Justice (il s’agit là probablement de l’un des morceaux de l’année) et le presque aussi efficace “To Kingdom Come”. Malgré une fin un poil faiblarde (une habitude semble-t-il ces derniers temps), le reste de l’album, sans être aussi accrocheur, tient, globalement, méchamment la route. Le tout sonne moderne (oui, dans les années 2000, pour sonner moderne il faut sonner eighties, allez comprendre…), le chanteur possède une voix intéressante, capable de monter très haut, et pour qui écoute ses disques au casque, ça y va à fond la caisse à coup de guitares, de synthés, de clochettes, de cuivres, de chœurs d’enfants…

Alors au final, que manque-t-il à MANNERS pour être un grand disque ? Eh bien même si le leader maîtrise l’art pourtant très britannique de glisser des paroles dépressives sur une musique d’apparence joyeuse, il manque sûrement un peu de profondeur. MANNERS c’est quand même un peu de la pop gentillette, c’est frais, c’est léger, c’est dansant, bref c’est le parfait disque de saison, mais pas tellement plus pour l’instant. MANNERS n’a pas le côté universel d’ORACULAR SPECTACULAR. Alors même si on fera peut-être la fête tout l’été dessus, il n’est pas sûr qu’on ait encore envie de l’écouter au moment où l’automne sera venu.

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