Lollapalooza

Une rumeur voyait le jour sur la toile courant 2016 : Coachella allait s’exporter en Europe, avec Paris en hôte de luxe de l’événement. Après ce hoax relayé par de nombreux journaleux, une autre nouvelle venait enflammer la toile, la capitale française allait recevoir Lollapalooza en 2017. Le festival itinérant américain débarque donc en France après une excellente édition en Allemagne l’année passée. Cette “machine à fric”, comme le disait si bien son créateur Perry Farrell, vient enrichir une liste plutôt fournie et déjà composée de cadors comme les Solidays, Rock en Seine, We Love Green, ou plus récemment le Download. Forcément, les détracteurs français sont nombreux, ne supportant pas que l’industrie américaine viennent marcher sur leurs plates-bandes. Live Nation étant derrière tout ça, nous nous attendions dès les premières annonces à une programmation qui tabasse. Mission réussie. Alors c’est sûr, pour les amoureux du rock que nous sommes, l’offre était bien fournie mais pas non plus dingue (on va y venir). Par contre, pour tout amoureux d’éclectisme, les organisateurs avaient tenu leurs promesses avec des monstres électro comme Martin Solveig et DJ Snake, de la pop qui truste le haut des charts avec The Weeknd, Imagine Dragons et Lana Del Rey, le tout mêlé à du rock et de l’alternative.

Côté alternative d’ailleurs, nous avons pris la première grosse claque avec Glass Animals. Les britanniques entament par « Life Itself » et mettent tout le monde d’accord : leur prestation sera explosive. Dave Bayley sautille dans tous les sens, des ananas en arrière plan, un grand voile archi-coloré rappelant la pochette du dernier album… On se croirait presque à Lollapalooza Chicago, les immeubles de la Défense au loin en guise de gratte-ciels. Autre grosse performance de cette première journée : The Hives.

Encore une fois les suédois en ont mis plein les mirettes au public parisien. Pelle se prend un premier bain de foule dès “Hate To Say I Told You So”, et assure le spectacle pendant une heure. Pendant ce temps Nicholaus s’allonge totalement sur la scène tout en continuant de jouer et Chris monte carrément sur sa batterie, le public s’embrase et saute dans tous les sens : du grand Hives. Ils forment très certainement l’un des meilleurs groupes live des années 2000. Ce samedi il fallait tout de même jeter un oeil sur les Roots. Les petits protégés de Jimmy Fallon ont fait forte impression, avec encore et toujours Questlove aux baguettes et Black Thought en MC. Dave Guy (Budos Band, Menahan Street Band, Olympians…) était également de la partie pour notre plus grand bonheur. Le groupe ne s’y trompe d’ailleurs pas en entamant quelques riffs des Guns ‘N’ Roses, c’est toute une foule qui est galvanisée.

Deuxième jour à Longchamp, aujourd’hui tout le monde n’a d’yeux que pour les Red Hot Chili Peppers. L’attente est palpable, les t-shirts du groupe prolifèrent, beaucoup de festivaliers ont pris leur billet uniquement pour le Main Event du jour. Mis à part la pluie qui s’est installée sur l’hippodrome, le son réglé bien trop fort et les effets de caméra douteux, qui nous ont d’ailleurs fait ressortir le kebab à 8€ ingurgité un peu plus tôt, tout s’est bien passé. C’est là que l’industrie reprend le dessus sur la musique. Un concert de la bande à Anthony Kiedis ne se vit pour beaucoup qu’une seule fois, et dimanche les conditions n’étaient pas exceptionnelles. Petit point noir. Plus tôt Alt-J nous avait décalqué la tronche dès “Fitzpleasure” et les Pixies offraient un set d’un peu moins d’une heure, ne voulant certainement pas empêcher Lana Del Rey de commencer à l’heure, Un “Merci bonsoir” décevant.

La surprise de ce deuxième jour est sans aucun doute La Femme. Oui, on sait, ils ne débutent pas, ils possèdent même une grosse cote dans l’Hexagone. Sauf que nos caractères de vieux cons bornés n’acceptant que du rock nerveux qui s’apprécie avec de la bière tiède avait fait l’impasse totale sur les français. C’est maintenant du passé puisque les délurés de La Femme ont réussi à convaincre les plus fermés de l’équipe. Leurs looks plus ou moins extravagants et leur rythmique qui n’a rien à envier aux premiers morceaux d’Indochine (ceci est un compliment) a tout simplement électrisé les festivaliers, étrangers pour beaucoup. Excellente vitrine donc pour cette bande de pote qui nous fait sentir qu’elle est d’abord là pour prendre du plaisir et s’amuser. Chapeau les gars !

Pour une première on peut dire qu’elle est réussie, et malgré quelques couacs le petit frère de Coachella a tenu ses promesses. On regrettera le côté ultra-millimétré du festival avec des concerts qui s’enchaînent sans aucune minute de répit, ne permettant pas aux artistes de déborder et de profiter un peu plus du public (et inversement). Côté organisation c’est sûr, il faut adhérer à la cash machine d’un événement comme celui là et ne pas espérer y trouver l’ambiance d’un Printemps de Bourges, plus campagnard. Tout est fait pour gagner de l’argent, et pour bien évidemment revenir encore plus forts l’année prochaine.

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