Attendu au tournant. Et même plus: Julian Casablancas se devait de se détacher de ses Strokes pour ne pas sombrer corps et âme. Le résultat ? Un délire spectral. A écouter, les mains sur le volant, les phares bien allumés.

Julian Casablancas

Attendu au tournant. Et même plus: Julian Casablancas se devait de se détacher de ses Strokes pour ne pas sombrer corps et âme. Le résultat ? Un délire spectral. A écouter, les mains sur le volant, les phares bien allumés.

 

Voilà bien trois ans qu’on attend la descendance de FIRTST IMPRESSION OF EARTH (FIOE), troisième album des Strokes qui marqua un rutilant virage dans le son du groupe. Depuis, les infidélités se suivent sans se ressembler : Albert Hammond Jr. a réussi à tirer son épingle du jeu avec ses deux albums solo (YOURS TO KEEP et COMO TE LLAMA? à la pop léchée) tandis que Nikolai Fraiture et son projet Nickel Eye ainsi que l’écartade Little Joy de Fab Moretti ont eu le succès plus modeste. On entendait depuis longtemps les rumeurs d’un album solo de la star charismatique du groupe, j’ai nommé l’émoustillé Julian Casablancas, dont le songwritting et la voix à la fois douce et caverneuse ont fait la patte du groupe new-yorkais né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Libéré du carcan de sa bande, il a d’abord expérimenté diverses featurings avec de grands noms de la musique de tout genre qui lui ont donné le goût du flirt.

 

Culotté

 

Donc le voici, ce PHRAZES FOR THE YOUNG. L’artwork (signé Warren Fu) frappe par sa ressemblance, dans l’imagerie rétro-futuriste aux couleurs chaudes, avec celui du dernier marmot des Strokes FIOE, mais également avec le clip de “12:51”, un titre du deuxième album. Et cette imagerie colle parfaitement au contenu de la galette : la recherche dans la texture du son, très poussée, mélange les sonorités futuristes (avec le synthé comme porte-parole phare) et un léchage rétro, maintenu par la voix, le tout offrant un joli composé de prog rock.
Huit titres d’au moins quatre minutes chacun, de quoi être dubitatif aux premiers abords… Mais le premier single, “11th Dimension”, balancé depuis quelques semaines sur myspace, nous avait déjà fait quelques belles promesses : ce morceau reste le plus entraînant de la petite sélection et fera des heureux sur les pistes de danse (qui font dans l’underground, il va s’en dire). Déjà testé d’ailleurs, on se laisse facilement mener par ce synthé fédérateur très 80’s mais qui sait à la fois puiser dans des déboires psychédéliques. On entonne volontiers le refrain avec Julian : Forgive them even if they are not sorry…Si c’est pas beau ça. Dès ce premier morceau jeté à l’écoute, beaucoup ont hâtivement prédit un clone de FIOE, ou au mieux le 4e album des Strokes…sans les Strokes. Oui et non. Si cet album suit la logique de l’évolution du son des Strokes, passé d’un rock noisy-rétro à un rock punky-électro, cet album comporte des tournures qui ne siéraient que très peu au style du groupe. Albert ne voudrait jamais d’un delirium new wave (qui fait penser aux escapades sonores de Patrick Wolf, parfois…).

 

 

 

 

Bref, huit titres, tous longs mais fort inégaux. “11th Dimension” reste le meilleur titre de l’album, mais après plusieurs écoutes, d’autres titres se révèlent d’un intérêt hors du commun.
Tout commence avec “Out of the Blue”, qui met les riffs de guitare (à la Albert) en avant plus que nulle part ailleurs même s’ils n’ont rien de mélodique. “11th Dimension” suit plus loin et nous rebooste avant que le rythme monotone de “4 Chords of the Apocalypse” ne calme un peu nos ardeurs, même si ses solos salement ténébreux et les énervements vocaux tendent à lui donner du relief. La voix charismatique de Julian se marie parfaitement aux sonorités électroniques ; avec ce qu’il faut de brisé, placée en arrière-fond, donnant l’impression que sa bonne parole provient du fin fond d’une autre galaxie. On passe ensuite à la ballade country “Ludlow St.” prenant comme décor la ville natale de l’artiste, avant que le synthé omniprésent de “River of Bracklights” nous foute une belle baffe : beats haletants, changements de rythme déroutants et complaintes dépressives se marient d’une façon presque étonnante. Ce titre mérite vraiment la palme du putain de tube. Mais on a presque déjà fait tout le tour de l’album…

 

Libéré du carcan de sa bande

 

La mélodie de la ballade émo “Glass” séduit, mais les fioritures à overdose surcharge un peu le paquebot. Enfin “Tourist” clôt la galette de belle manière avec une razzia d’instruments inattendus et un usage plus « classique » de la guitare, même si son son déroute toujours autant.
Il est clair que Julian s’est fait plaisir dans l’expérimentation, qu’il a franchi plein pot la porte qu’ouvre la création plus solitaire d’un album, se laissant aller à tout ce qui a pu lui donner envie en termes de rythmes, sons, instruments. Un résultat bien plus culotté que ses confrères. Mais bon, on insiste : on nous a promis le nouveau Strokes pour 2010, il est temps de s’y mettre monsieur Casablancas !

 

LIRE EGALEMENT:

Interview du Julian Casablancas réalisée en octobre 2009

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