POP POPULAIRE Toujours aussi incorrigible face à des galettes à succès, Lords of Rock s’intéresse enfin au premier album de Broken Bells. Vous l’aurez compris: on n’est pas forcément convaincu…
Fruit de la collaboration entre le Shins James Mercer et le multi collaborateur Danger Mouse (le GREY ALBUM c’est lui, Gnarls Barkley à moitié aussi pour introduire la chose brièvement), le duo Broken Bells a surfé sur les ondes mondiales dès la sortie du moelleux ”The High Road”, plus proche du John Butler Trio que du groupe d’attache de Mercer. Alors, forcément, on ne s’est pas bousculé à la rédaction de Lords of Rock pour chroniquer la chose. Bon seigneur, j’ai ainsi pris mes responsabilités de rédacteur en chef et donc saisi l’affaire. Une affaire entachée par une campagne de promotion trop bien préparée pour être honnête. Où l’on voulait nous faire passer cette chose pour une collaboration 100% indépendante. Oui oui, on y a cru à fond, naturellement. Et pourtant, ô combien on témoigne une certaine admiration pour The Shins – un peu moins pour Gnarls Barkley, bien qu’on avoue avoir dansé sur 2-3 titres du duo futé.
Du Shins sans l’étiquette Shins (en moins bien)
Dans cet album éponyme, il y a donc le titre pas terrible ”The High Road”, mais aussi l’affreux “The Ghots Inside”, sorte de titre disco-insipide à faire passer les Scissor Sisters pour de grands songwriters. On passe très vite notre chemin. On préfère nettement l’aérien “Your Head Is On Fire”, fait de murmures et de jolies petites trouvailles, emmené par un Mercer aux cordes vocales des grands jours. Facile mais bien foutu. Au chapitre des satisfactions, “Vaporize” mérite à lui seul le déplacement de l’étagère de disques à la platine. Orgue merveilleuse, basse luxurieuse, et batterie mélodieuse. Du Shins sans l’étiquette Shins (en moins bien) où Danger Mouse opère à la perfection sur un titre qu’on aurait aimé mieux mis en valeur question promo. Et surtout répété dans sa qualité. Dommage, on en restera là au niveau des morceaux à retenir. Pas qu’on pense que le duo ait fait du mauvais boulot, au contraire, mais le tout sonne un peu trop mou du genoux pour véritablement nous enflammer et faire croire à la chose. “Sailing To Nowhere”, le bien nommé titre casse-cou, emprunte bien une centaine de pistes différentes, sans pour autant donner cette impression de vertige attendue. Tout est bien trop convenu, à notre grand regret. Peut-être qu’un producteur externe au duo n’aurait pas été de trop? Dans ce cas-là, je veux bien me prêter au jeu pour un nouvel album qu’on annoncerait comme imminent sur la Toile.
Peut-être que l’on rigole un petit peu, mais difficile de garder son calme devant ces dix-titres aussi convenus que presque banals. Oui, on frise parfois la banalité, comme sur le très modeste “Citizens”. Ces gens peuvent faire bien mieux: cette affirmation ne signifie pas pour autant que c’est de la faute à Danger Mouse. BROKEN BELLS permet ainsi de faire prendre conscience aux observateurs à quel point The Shins ne repose pas que sur James Mercer, mais sur un ensemble, où chaque qualité est équitablement répartie pour ainsi former un des groupes les plus habiles de la décennie passée (et à venir ?). Certes, il y a de belles choses sur “October”, très cheesy on vous l’accorde, mais apte à déclencher une vague humaine lors des grands festivals attendus. Festivals qui ne se sont pas trompés: Broken Bells est à l’affiche partout, impossible de les louper, entre Montreux, Glastonbury et le Fuji Festival. A voir, pour passer un bon moment, entre une bière, sa copine et soi-même. Le temps de terminer l’écoute de cet album éponyme et de se surprendre devant un épilogue fier et bien meilleur: outre le vigoureux vintage “Mongrel Heart”, “The Mall & The Misery” ne propose pas du Shins tendance populaire mais bien un autre groupe, bien plus aventureux, plus New Wave que Sunshine Pop, à notre grande satisfaction. Revigorant. Reste que pour trois bons titres, on n’est pas certain de se relever en pleine nuit. C’est un peu maigre pour de telles individualités.