White Hex

Fort d’un premier album aux effluves post-punk noisy, White Hex qui a bien compris qu’il fallait se renouveler pour perdurer a déclaré récemment vouloir évoluer dans son style. Fatigué de la noirceur pour la noirceur, le groupe a décidé de chercher à mettre de la chaleur dans sa musique tout en conservant la face sombre de la New-Wave. Et il faut le dire, si le choix est risqué le résultat est surprenant. Le combo, véritable archiviste du monde Techno/Electro/Disco, est allé pour ce faire consulter ses vieux documents afin de se munir d’outils « old-school » et chaleureux qu’il marie à sa New-Wave ténébreuse.

Comme le groupe le dit lui-même sur le site de son label : « Gold Nights’ explores Italo disco, minimalist techno and more the primitive end of 1980’s German underground. White Hex on ‘Gold Nights’ embrace their love of high fashion, 1980’s New York vogue techno and the mutant explorations of Whitehouse, Arthur Russell, Craig Leon and Gianni Rossi. Un beau florilège donc vous l’aurez compris d’érotisme, de bling-bling et de débauche nocturne. Gold Nights n’est ainsi pas un album traditionnel du genre mais une espèce de mutant qui unit tant la noirceur gothico-punk exigée par le style que le brillant de la vie en mode clubbing.

C’est ainsi que s’ouvre cet album nuancé et paradoxal avec le très libidineux “Only a Game”. Morceau à la fois New-Wave et planant, ce titre nous emporte avec lui dans une forme de nonchalance délicate. Le synthé se veut épique, les sons électros “bling-bling” et la voix suave et sombre, l’ensemble amenant comme une espèce de déconstruction organique de l’univers qui se crée ici. Plus nostalgique, “Paradise”, hit de l’album, nous entraine lui dans une forme de réminiscence de soirée festive. La batterie est binaire, la voix fantômatique. On est à la fois plongé dans l’immédiateté d’une soirée estivale pleine de volupté et la tristesse qui accompagne ce qui n’est plus qu’un souvenir.

Si les deux premiers titres sont très intéressants, ils restent encore loin toutefois de révolutionner le genre. Le choc tant attendu ne se produit qu’au titre suivant, “Sisters” grâce à une orchestration inattendue. Le combo choisit en effet de maintenir une structure New-Wave mais inverse le rôle de la basse et du synthé. Sur cette partie, c’est la basse qui tient les notes jouées usuellement par le synthé qui lui ne se contente plus que d’apporter un plus mélodique enrichi d’une large bande son. La guitare se fait aguicheuse et la batterie carrée nous plongeant alors dans un univers noir mais envoutant.

Tout le génie du reste de l’album consistera ainsi à jouer sur la place qu’occupe chaque instrument tout en misant sur cette tension entre l’obscur et le le “lumineux érotique”. Fort de ces riches contrastes qui captivent l’auditeur, le groupe peut ainsi se permettre ensuite d’élargir la liste des lieux qu’il visite, qu’ils soient industriels, intimistes ou exotiques. On comprend bien alors que White Hex a tenu parole. Fort d’une connaissance pointue en musique électronique, le combo s’est offert le luxe d’introduire la New-Wave dans le monde du palace et de l’électronique en jouant tant sur la noirceur que l’érotisme ou le kitsch. Un album qui ravira les fans du genre et pourra surprendre en bien les néophytes.

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