Au rythme d'un album chaque 24 mois, The Walkmen a su s'imposer dans les années 00 comme l'un des groupes les plus passionnants. Le trio new-yorkaisne baisse pas la garde avec son sixième LP, Lisbon. Chronique renversée.

The Walkmen

POP Au rythme d’un album chaque 24 mois, The Walkmen a su s’imposer dans les années 00 comme l’un des groupes les plus passionnants. Le trio new-yorkais ne baisse pas la garde avec son sixième LP, Lisbon. Chronique renversée par une suiveuse du groupe.

Vous attendiez quelque chose pour
vos réconforter de cette fin de belle saison, des changements dérangeants ou
toute autre sale surprise que la chienne de vie quotidienne amène à
foison ? Ce quelque chose, on peut l’avoir entre les mains depuis ce 10
septembre : le cinquième album des Walkmen, d’une parenté explicite avec
leur galette de 2008, You & Me, semblant
deux marmots conçus hors mariage par rapport à leurs prédécesseurs. Tout en
ayant une bonne quantité de gênes communs. Les cinq new-yorkais menés par les
tiraillements vocaux de Hamilton
Leithauser surfent une fois de plus sur la bande atmosphérique, délaissant les
finissions brutes et échevelées de leurs débuts. Mais on a toujours la
formule du goût sonore vieillot, pouvant vous faire vous réconcilier avec
votre grand-père autour d’une chanson, toujours cette voix balafrée mettant
bellement en mots ce sentiment si lamentable qu’est la rancœur, la célébrant
avec subtilité. Ça reste beau tout en ayant perdu
quelque peu de sa superbe, comme un calme plat après la tempête. Hé oui, on ne
trouve pas vraiment de titres de la trempe de “In The New Year” ou “On The
Water”,
deux chansons les plus transpirantes de beauté qu’il m’a été permis
d’écouter. Ici, les guitares se sont pris définitivement un shoot de
tranquillisants, seule la batterie reste inconditionnellement allègre comme sur
Angela Surf City”. Mais elle sait
suivre les cuivres par un tempo lent (“Stranded”,
premier single), se faire discrète pour laisser plus de place aux autres instruments.

Je dis tout cela, puis je le regrette

Blue As Your Blood propose un tempo rapide, contrastant avec le
récit traînant de Leithauser, créant un climat de tension car ne se laissant
pas aller à l’explosion qui semble imminente et annoncée. C’eût été trop
facile. Incontestablement le morceau qui se démarque ici. D’autres titres sont
dépouillés, avec une mélodie et un rythme simples : Woe is Me en est le spécimen phare, redonnant un court coup
d’accélération puis conviant imperceptiblement le synthé pour clore le morceau.
La constante de cet album, c’est le caractère foncièrement performatif des
titres qui le composent : une attaque cardiaque pour Follow the Leader, le bateau ivre des cordes tremblantes de Victory ou encore l’attente lascive de All My Great Designs sur laquelle Alec
Ounsworth – voix débraillée de (feu ?) Clap Your Hands Say Yeah – se prête
aux chœurs. Le titre éponyme clôt cette belle virée somnambule, avec presque
six minutes de percussions millimétrées, acérées d’habilité, ornementées de
quelques notes timides à la guitare.

Une belle B.O pour les élans de
mélancolie qui ne pourront néanmoins pas trouver ici un véritable calmant. On
s’y enfonce plutôt. Et ça reste subversivement agréable. Je dis tout cela, puis je le regrette. Tout jugement sur
The Walkmen est prématuré tant les écoutes successives réservent une part de
redécouverte : on croit penser d’abord que les titres se ressemblent trop.
Non. Il ne faut pas y aller superficiellement avec The Walkmen. Les dates sont annoncées, une
fois de plus, on ne va pas y avoir droit.

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