Samedi passé se produisaient Metronomy au Pully For Noise. On en a profité pour les interviewer en plein concert jazz d'Erik Truffaz. Tant mieux pour nous dirons les mauvaises langues...

Metronomy en interview

Samedi passé se produisaient Metronomy au Pully For Noise. On en a profité pour les interviewer en plein concert jazz d’Erik Truffaz. Tant mieux pour nous dirons les mauvaises langues…

 

Originaires du Devon avand de transiter par Brighton puis de s’installer à Londres, Joseph Mount et son cousin Oscar Cash forment l’ossature de Metronomy, génial petit groupe au post punk électro rentre-dedans. The Rapture commençaient à nous manquer, Metronomy ne s’est pas fait prier pour les remplacer, l’humour et le leader – Joseph Mount – attachant en plus. Celui que l’on présente comme le musicien le plus sympathique du Royaume-Uni est aussi un joli geek renvendiqué, qui s’est fait avant tout connaître par ses remixes au nombre incalculable, comme présent d’invitation souvent, pour faire danser les foules aussi et peut-être tout simplement par amour de la musique. Auparavant trio, le groupe est devenu un quatuor avec l’arrivée de
l’ancienne batteuse de Lightspeed Champion, Anna Prior. L’ami d’enfance
Gabriel Stebbing a lui cédé sa place à Gbenga Adeleka. Un Metronomy 2.0
comme l’aime rappeler les branchés.

 

Antithèse de la star, Joseph Mount s’amusera à relater son histoire de
guêpe lui tournant autour durant tout le concert à Pully, remercie 100 fois le
public d’être venu et s’excuserait presque de tenir la tête d’affiche
de la soirée. Un nouveau EP est prévu pour la rentrée, mais on aime
toujours autant savourer les titres de NIGHTS OUT, tels que “My Heart
Rate Rapid”, “On The Motorway”, où l’on se dit que Metronomy fait
parfois plus du math rock que de l’électro rock. Les tubes du groupe –
“A Thing For Me” et “Radio Ladio” provoquent des petites agitations.
Metronomy est ce parfait petit groupe indie pas arrogrant pour un sous,
un peu de fraîcheur qui fait du bien quand on s’est coltiné des tonnes
de Passion Pit, Black Kids, Virgins etc… Bref, sans plus attendre, interview.

 

 

 

 

 

Lords of Rock: bonjour Metronomy. Vous avez l’air en forme !
Joseph Mount (chant, guitare, clavier) : en forme ? Je me sens plutôt fatigué (rires) ! On a eu un réveil très matinal aujourd’hui, ça va mieux maintenant… Mais on a eu une journée fabuleuse, on a fait du pédalo sur le… lac Léman (en français dans le texte).
Oscar Cash (clavier, chorégraphie, parfois les deux en même temps) : very good !

Geneva Lake en anglais…
Joseph : oh non ! On ne voulait justement pas dire ça !
Oscar : d’où viens-tu, de Lausanne ?

Non, de Vevey, la ville de Charlie Chaplin… Un peu comme Brighton, des petites ruelles, des plages, tout petit.  Vous n’êtes jamais venus en Suisse, n’est-ce pas ?
Joseph : oui, nous sommes déjà venus. On en parlait avant justement. Je crois que la dernière fois que l’on était venu, c’était à…  Oscar, il faut que tu lui expliques. C’était pour une radio.
Oscar : oui, nous avions volé exprès depuis l’Angleterre pour venir faire une émission radio.
Joseph : à Genève je crois…
Oscar : non, c’était à une heure de route dans cette direction depuis l’aéroport, donc je pense que c’était plutôt dans cette région de Pully.
Joseph : ok, mais c’était très tard…
Oscar : oui, et nous sommes directement reparti après.
Joseph : est-ce que nous avions écouté The Streets dans la voiture ?
Oscar : exact. Oui je m’en souviens. Mais avant cela on était déjà venu en Suisse, ou c’était ? “Sant Gallien”.
Joseph : est-ce que c’est en Suisse ?

Oui, l’Open Air de St-Gall ! Ma première question concernait ton vieux Mac. Est-ce qu’il est toujours en vie (ndlr. l’anecdote est connue : Joseph ne se déplacerait jamais sans son ordinateur hors service, par amour ou masochisme, cela nous l’ignorons) ?

Joseph :oh yeah ? ahah, tu sais, c’est très drôle cette histoire parce qu’à nos débuts sur scène on utilisait beaucoup ce vieil ordinateur qui marchait encore. Mais maintenant, je crois qu’il est vraiment mort. Je n’avais pas d’argent pour en racheter un nouveau… Et à chaque fois que je l’allumais, les 10 premières secondes étaient terribles. Je priais toujours pour qu’il s’allume. Il faut d’ailleurs que j’essaye de nouveau de l’allumer car nous allons jouer ce soir des morceaux du premier album. C’est une chose que nous avons recommencé de faire, sauf que tout se trouve sur ce vieil ordinateur.
Oscar : oui, c’est une histoire avec la prise firewire de ton Apple.
Joseph : mais c’est vraiment amusant la façon que j’ai de garder ce vieil ordinateur. En fait, j’ai en deux, et je le garde l’ancien (rires). Tu sais, la dernière fois que j’ai utilisé ma tour Mac, c’était encore à Brighton, j’avais 21 ans. La raison pour laquelle j’avais acheté un laptop et que je n’y voyais que des avantages. La dernière fois que j’ai donc utilisé ma tour Mac j’ai eu l’impression de revenir en arrière dans le temps (rires), à un endroit amusant.
Oscar : il n’aime probablement pas ce que tu es devenu.
Joseph : oui, il ne veut plus être mon ami. C’est triste !

Restons dans le même sujet : toute ton activité avec tes remixes, as-tu le temps de t’en occuper encore ?
Joseph : oui ! J’en ai refait récemment… mais je ne suis pas sûr qu’ils fassent partie de mon meilleur boulot à ce jour. Et je pense que les gens ont dû le savoir (rires). Je ne le fais pas à chaque fois que nous rentrons à Londres, mais c’est plutôt quand j’ai des bons amis à voir ou quelque chose à faire. Quand tu tournes, c’est dur de faire autre chose en même temps, tout devient vraiment un luxe. Pendant un temps, j’ai vraiment pensé que c’était ce que tout le monde faisait, que c’était normal de tourner. Mais maintenant, je réalise qu’on a tourné pendant un putain de moment. Plus que la plupart des gens.
Oscar : et la majeure partie des groupes s’accordent du temps de repos entre deux tournées. Cela, on ne l’a pas vraiment fait.
Joseph : oui oui ! Peut-être que parfois les labels pensent que le groupe doit arrêter de tourner pour se remettre au travail car leur album a été bien rentabilisé, mais ce n’est pas le cas pour nous. Il y a toujours un intérêt pour notre dernier album.

 

 

 

 

 

« Désolé, nous ne pouvons pas annuler »

 

 

Justement, comment faites-vous pour ne pas être totalement épuisés, à l’instar de certains groupes ?
Oscar : cette période est vraiment plus agréable car tous les festivals tendent à se passer le week-end donc nous avons toujours quelques jours tranquilles à la maison pour se laver.
Joseph : si tu as un job, un job normal, et que tu te sens malade un jour, tu ne vas pas travailler. Mais c’est étrange la répercussion que peut avoir un concert annulé si l’on se sent mal. Tellement grande ! Parfois je me sens vraiment malade, je demande à annuler le concert du soir mais notre manager nous dit toujours : « désolé, nous ne pouvons pas l’annuler ». Bon ok ! Alors peut-être que ton corps commence à comprendre que tu ne peux pas tomber malade ou être épuisé.
Oscar : oui et tu apprends aussi à dormir dans n’importe quel endroit.
Joseph : le dernier grand tour que nous avons fait en 2008, je m’en rappelle, je suis tombé immédiatement malade en rentrant à la maison. Pendant des mois je me suis senti bien et, d’un coup, ça m’a lâché.

Les gars de Deerhunter disaient hier que jouer après une longue journée de route était leur récompense de la journée et que ça les remettait directement en forme. Vous aussi ?
Joseph : Ah oui, exact ! Je pense qu’il faut faire terriblement attention à ce qu’on dit aux gens qui n’ont pas expérimenté ce genre de vie en tournée. Car quand on ose parfois se plaindre, on nous dit souvent : « for fuck sake, you’re so lucky. Tu es à côté du Lac Léman ». Tu deviens habitué, mais beaucoup de choses font aussi que tu deviens étrange comme être humain. Tu bois tous les soirs, tu ne dors jamais, c’est vraiment en dehors de la nature des choses. Le fait de vivre de la musique, des tas de gens nous tueraient probablement pour être à notre place.

Il y a tant de groupes avec un petit succès qui disent que ça reste une vie dure, que tout ne va pas aussi facilement que les fans pourraient le croire. Vous le ressentez aussi ?
Oscar : je pense que ça dépend de quelle sorte de groupe l’on parle. Nous connaissons des groupes, parfois des amis, qui ont des meilleurs contrats de disques que nous, mais ils ne font jamais vraiment d’argent. Ils sont donc aussi toujours en tournée. Metronomy n’a jamais non plus vraiment fait d’argent, mais je pense que l’on a un bon travail. Je me sens terriblement chanceux de pouvoir faire ce que je fais : nous mettons donc tout en œuvre pour que ça en vaille la peine.
Joseph : c’est peut-être aussi la même chose pour n’importe quel travail. Si veux gagner de l’argent, la dernière à faire est de monter un groupe. Tu bosseras plutôt dans la finance par exemple.
Oscar : bon le pire que tu pourrais faire, c’est de ne jamais enregistrer un seul album (rires) !
Joseph : oui bien sûr (rires). Mais il n’y a pas vraiment d’autres jobs qui te permettent autant de voyager, des semaines entières, peu importe que tu gagnes de l’argent, que tu sois un très grand groupe ou non.

C’est pareil pour les journalistes rock. On pense une fois qu’on gagnera de l’argent, et, au final, rien ne vient.
Joseph : oui, mais tu rencontres les gens que tu aimes. Je pense que tout ce qui tourne autour de la musique est touché par ce manque d’argent. Il y a un sacrifice à faire pour partager ces beaux moments.
Oscar : mais bon, nous n’avons jamais pensé que Metronomy ferait notre fortune, qu’on allait se construire une grande maison. On le fait pour le fun, sort of… But money is nice (rires) !
Joseph : quoi, l’argent c’est bien ?
Oscar : ben oui, j’ai gagné 800 livres le mois passé (rires) !
Joseph : wouh !

 

 

 

 

 

« J’ai gagné 800 livres le mois passé »

 

 

Qu’avez-vous étudié à l’université ?
Joseph : j’ai étudié en musique.
Oscar : j’ai étudié la production en musique. On en parlait avec Joseph, j’ai fait ça mais je ne pense pas que je serai devenu un producteur de musique. Je pense que je voulais plutôt être dans un groupe (rires). J’ai suivis des cours, j’ai eu le diplôme, mais sérieusement, je n’aurai pas fait ce job.

Vous allez sortir avec Metronomy un nouveau EP. Est-ce la première étape vers un troisième album ?

Joseph : non, mais c’est amusant car la façon dont il a été enregistré fut différente de celle qui a été présentée. J’ai enregistré de nouvelles choses pour le futur troisième album et j’en suis très excité. Mais notre label voulait qu’on mette ces nouveaux morceaux sur une édition deluxe de notre second album, NIGHTS OUT. Je les ai enregistré lors de la tournée. Ils ne sont pas vraiment super accrocheurs, le truc qui t’arrive en plein visage, parce que je crois que quand je les ai enregistré, j’étais assez bou…
Oscar : fatigué !
Joseph : oui, fatigué (rires) ! Ils ne sont pas fous. Ils sont plus comme des rappels de l’ancien album que de la suite de Metronomy.

Dernière question : quand prendra fin votre « endless tour » ?

Oscar : en fait, c’était agendé au 20 octobre, en Islande pour le Airways Festival. Mais on vient d’avoir une nouvelle offre pour un concert au Brésil, en novembre.
Joseph : donc, je pense qu’on…
Oscar : qu’on va le faire (rires) ! Et après ça va être pareil, une autre proposition va arriver. Non mais cette dernière date serait vraiment bien, on pourrait rester quelques jours de plus au Brésil. Donc, je pense, dans l’était actuel des choses,  la dernière date de la tournée de l’album NIGHTS OUT sera un an et deux mois après son début officiel. Mais on aura l’impression que ça fera plus de deux ans.

 

Photo live © Julien Gremaud

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