Hellfest 2017 (16-17-18 juin) compte rendu des trois jours!

Quelle fournaise cette édition 2017. Franchement, je crois que rarement il n’aura fait aussi chaud au sein des vignes clissonnaises. Fidèle au mode de fonctionnement des reports des années précédentes, une petite nouveauté toutefois cette année, avec le contre guide du festivalier ! Et oui, il était temps de vous donner la liste des dix choses à faire si vous voulez vous assurer de rater votre festival l’an prochain ! Vous avez bien lu. On en reparle à la fin du report.

 

Vendredi 16 juin

L’arrivée est beaucoup plus fluide que les années précédentes, et pour cause, la ville sanctionne désormais assez sévèrement les festivaliers qui s’échouent comme des veaux sur la chaussée et risquent ainsi de gêner le passage des différentes navettes qui assurent le transport une fois la nuit tombée. 

Question ambiance, le ton est rapidement donné, il est 11h40 lorsque j’arrive sur le site et déjà une quantité impressionnante d’afficionados est écroulée en plein cagnard. Il faut dire qu’il ne fait que 32°c et que ce sera la journée la plus fraîche des trois jours…

L’entré est refaite à neuf et c’est un magnifique portillon en forme d’ampli Orange et Marshall qui accueille le chaland. Les décors sont impressionnants  jusque dans les moindres détails. Le public n’a pas encore franchi le sas symbolique de la cathédrale qu’il en prend déjà plein la poire. Pas de décors « cheap » ou de choses faites à moitié. On a l’impression d’être dans un univers parallèle. Une ville dans une ville.

En ce qui concerne, l’espace VIP, il est tout simplement splendide. Petit gazon (en synthétique), petit bassin (transformé en mini piscine pour l’occasion) avec crâne géant surmonté de papillons au centre du site et fontaine où six prêcheurs sont assis vêtus d’une capuche qui rend leurs visages imperceptibles. Ambiance glauque. J’adore ! On croirait voir des personnages sortis de la pochette de l’immense « Souls of Black » de Testament. Le tout est très réaliste. Au fond du site, se trouve un bar aux hauteurs de plafond indécentes surmonté de crâne et de décors biomécaniques très inspiré de l’univers du regretté Giger. Les décorations sont de haut niveau. Et encore, nous n’avons pas encore visité le Metal Corner !

Si le site a été repensé en terme de décors et de logistique (trois écrans HD immenses au niveau des Mainstages rien que ça !)  pour cette édition 2017, c’est grâce à la politique de Ben Barbaud qui investit le moindre centime de bénéfice des années précédentes dans son festival. Chapeau donc. J’ai entendu des podcasteurs (je ne citerai aucun nom pour ne pas faire de pub à ces crétins) et quelques festivaliers se plaindre que le Hellfest était devenu trop commercial, trop touristique, trop « beau » ! Si si je vous assure. Allez donc vous trimballer dans d’autres festoches européens et vous verrez qu’il est appréciable d’avoir des chiottes correctes, de la bouffe variée et du shopping de qualité. Si cela ne vous convient pas alors ne venez plus et surtout ne gaspillez pas votre énergie à dégueuler sur le Hellfest.

En sortant du VIP on arrive immédiatement sous la Temple mais il faut cavaler et surtout franchir des marées humaines pour s’approcher des Mainstages, ce qui n’est pas pratique lorsque vous shootez des groupes qui se trouvent aux extrêmes du site. Toutefois, les 15 000 m2 supplémentaires sont agréables car les espaces restent très aérés. D'ailleurs la forêt qui mène au Kingdom of Muscadet et à la Warzone, bien que surpeuplée, reste accessible. La Warzone qui a connu sa seconde cure de jouvence, affiche désormais une forme insolente qui semble ravir bien des festivaliers à crêtes.

Assez parlé. Place à la musique.

Les choses sérieuses démarrent pour votre serviteur avec les fabuleux Animals as leaders outre le fait que le groupe n’a ni basse ni chanteur, son guitariste principale Tosin Abasi pratique une sorte de thumb-slap rendant ses riffs complètement atypiques. Bref si vous n’avez jamais jeté les oreilles sur ce groupe il est temps de s’y mettre ! Les classiques sont assénés avec jovialité, le sourire d’Abasi fait plaisir à voir. La concentration de Javier est, elle, déconcertante ! Quant à la frappe de Matta Gartska, c’est de la dentelle. À la croisée de Meshuggah et d’Opeth avec des plages plus planantes et froides «  The Woven Web », « CAFO » « Ectogenesis » ou encore « Physical Education » font mouche. Curieusement le groupe n’attire pas forcément beaucoup de monde. Cette musique technique, parfois hermétique mais d’excellente qualité n’est pas toujours accessible.

Excellent moment passé, mais trop court. Peut être pas forcément le bon format de scène pour ce groupe exigeant qui nécessite une ambiance plus feutrée. À revoir dans d’autres conditions.

Après une interview relayée sur notre site pour la sortie de « Chrst » des sympathiques parisiens de Deliverance, je me remets en chemin pour Queensryche et j’y trouve un combo habité aux sonorités métalliques en envoutantes. L’ombre menaçante de l’opération « mindcrime » plane encore sur les américains. La Torre ne démérite absolument pas même si tout le monde garde en mémoire les performances vocales de l’illustre Geoff Tate. Il faut dire que quatre titres parmi les sept empruntés au fameux concept album rappellent à notre bon souvenir les heures glorieuses de cette année 1988. Le son est claquant et les titres sont emmenés avec une grande précision. Un vrai délice pour les oreilles. Le soleil cogne fort, on cuit bordel !

Les choses ne vont pas s’arranger lors de la prestation du canadien Devin Townsend. Un moment attendu pour cette édition à voir le nombre de festivaliers qui se pressent comme un seul homme devant la Mainstage 1.

Qu’il fait chaud bordel. Il ne faudra pas longtemps à l’équipe de DTP à mettre le feu avec « Rejoice » le planant « Failure » ou encore l’imposant « Supercrush ! ». Les morceaux sont exécutés avec la très grande maitrise qu’on connaît du bonhomme. Dans DTP tout le monde est de noir vêtu et le crâne d’œuf est de rigueur. Pas de doute c’est bien Devin qui tient la boutique. Le son est clair et la batterie réglée de manière à diffuser un son naturel, écrase tout sur son passage. Un excellent moment, dommage toutefois que le canadien ne gratifie pas son public, de temps à autres, de ses excellentes compos cuvée Strapping Young Lad. Le temps de se faire arroser par les challengers à grand coup de canon à eau et c’est déjà fini.

D’ailleurs, permettez moi un coup de gueule contre les gens du public qui arrosent à tout va avec des pistolet à eau vous méritez la corde ! N’oubliez pas que certaines personnes peuvent avoir du matos qui coûte cher dans leur sac. C’est dit.

Je suis face à un dilemme : aller voir Tagada Jones ou Ministry. La politique de votre serviteur étant simple, un concert se voit en entier du début à la fin. On ne picore pas à droite et à gauche ! Je décide donc d’aller voir les français (certainement pas par chauvinisme) et je regrette vite mon choix. L’accès est terriblement compliqué. La forêt regorge de trolls malins visiblement très avinés et de punks pieds nus (!!!) qui attendent leurs messies. L’intro flippante qui porte les voix de tous ces cinglés de la politique française est servie dans une poussière étouffante. Franchement, ce concert est de loin, le pire de cette saison. « Envers et contre tous » démarre comme une fusée et le public répond présent à la seconde. Il faut dire qu’en plein weekend électoral, le titre est de mise. La chaleur monte encore d’un cran et d’où je suis, je ne vois même pas la scène tant la poussière est dense. Le sol se creuse et nous ne sommes que vendredi les amis !

Les choses s’aggravent avec « Zéro de conduite ». Ca joue fort et le public chaud bouillant en demande toujours plus. Puis il y a ce nuage de poussière qui se soulève à tel point qu’au milieu de la foule on peine franchement à voir les zicos. L’air est irrespirable. Par endroit, on suffoque et c’est ça qui est beau ! Il est temps de s’allumer une clope pour en rajouter un peu…

Le concert se conclue sur « Je suis démocratie » et « mort aux cons » au cours duquel « un putain de bordel » est demandé par un chanteur devenu écarlate par ce satané soleil. L’air est officiellement irrespirable. Le tee shirt et les chaussettes finiront d’ailleurs à la poubelle…

 

Le temps de crapahuter à travers un public exsangue j’arrive à l’heure sous l’Altar pour un peu de repos en compagnie des canadiens de Cryptopsy. Le chanteur mi homme mi bête semble tout droit sorti d’un jeu vidéo. Regard bovins, cheveux d’un mètre, musculature imposante, l’individu fait peur à voir. La set list a des allures de best-of! Que des tubes ! « Detritus » « Crown of Horns » « Slit Your Guts » « l’excellent « Phobophile » et son refrain schizophrénique. Ça envoie le bois et le moins que l’on puisse dire c’est que personne ne s’économise. Outre la vélocité et la technicité des gaillards, l’énergie déployée est entrainante et déclenche quelques circle pit ça et là. Toutefois, le public reste assez discret et attentif à ce qu’il se passe sur scène. Cette musique se vit de l’intérieure à en voir le nombre de gens les yeux fermés qui gigotent tels des épileptiques. Le duo basse batterie fonctionne à merveille, ni l’un ni l’autre ne prennent l’ascendant et on peut ainsi apprécier toute la complexité de cette musique de fous ! Première fois pour moi en 15 ans d’écoute que je découvre enfin le groupe sur scène, j’en sors heureux comme un pape (emeritus…)

À ceux qui regrettent le temps où Cradle of Filth faisait un black symphonique intéressant je me permets de rappeler qu’il existe Belphegor combo autrichien de son état, emmené par le rocambolesque Helmut Lehner. Alors bien sur, certains clichés du genre sont là : tête de mort, hémoglobine, grimaces flippantes. Mais bordel, que ce groupe est bon. Ça joue à fond la caisse et surtout les mélodies sont splendides et envoutantes. Les « bleeding salvation » et « lucifer incestus » emmenés dans un déluge de mélodies dramatiques sont un délice pour nos oreilles. Le caractère théâtrale et convaincu du chanteur, un peu à la manière de Behemoth, donne au combo une épaisseur intéressante et inquiétante. Mention spéciale pour cette batterie furieuse, ultra véloce, toujours précise.

Il est grand temps d’aller se restaurer. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on ne meurt pas de faim au Hellfest. Toutefois, il faut mettre la main au portefeuille. Comptez dix boules pour un Wrap poulet et huit pour un kebab. Bien entendu il y a aussi de la bouffe Vegan mais franchement, vous voulez que je vous dise ce que je pense des protéines végétales qui poussent sur les sols pollués du fin fond de l’Amérique du sud ?! La réponse est contenue dans la question, je fais qu’un voyage.

L’un des très gros clous de cette journée se nomme Sabaton. Les suédois étaient venus en 2014 et il faut dire que depuis, le combo n’a cessé de multiplié les dates, les concerts et bien entendu a enfanté un petit dernier ! Quelques remaniements du côté guitare depuis 2016 et voilà, le tour est joué. La scène est décorée au couleur de « Last Stand » le dernier en date. Un gigantesque blindé surmonté de la batterie de Van Dahl occupe l’espace. Le groupe enchaine ses classiques avec convictions tandis que Broden hilare semble découvrir que Sabaton est devenu quelque chose d’énorme.

Il faut dire que le public attendait de pied ferme les scandinaves. Le son est dantesque. Les lumières évoluent avec la soirée qui commence peu à peu à tomber sur Clisson tandis que jaillit du feu des devants de la scène, d’où je suis, quelques individus avinés lancent une contre soirée à improvisée à même le sol. On peut reprocher au combo suédois ce côté redondant et ses gimmicks mais les titres sont fouillés et illustrés par un gigantesque écran en fond de scène. Je pense que la démarche est authentique et les gars sincères. Par ailleurs, la technicité et le soin apporté aux compositions sont toujours mises au service des compositions. Autre moment fort, lorsque l’heureux gagnant du concours Sabaton monte sur scène pour taper le bœuf et chanter intégralement un titre avec ses héros tandis que Broden s’en est allé pour ne pas faire d’ombre à son fan. Classe ! On passe un bon moment, on ne voit pas le temps passer et c’est déjà l’heure des adieux.

Personnellement l’un des poids lourds que j’attendais aujourd’hui se nomme Rob Zombie. L’équipe est composée, entre autre, de Ginger à la batterie et de John 5 à la guitare ! On retrouve l’esprit « freaks » de Manson avec le swing de Zombie, l’ensemble réunis dans le même combo. Le batteur est toujours aussi laid quand à John 5 ses cheveux peroxydés blonds font peur à voir. Le maître de cérémonie, lui, affiche une forme insolente derrière une montagne de cheveux dreadlockés ainsi qu’une barbe digne d’un naufragé. Les décors sont somptueux. Il faut dire que le côté cinématographique est très présent connaissant le goût pour les films Z de son chanteur.

Les classiques sont puissamment assénés dans une ambiance bouillante. Le frontman mi Jim Morrisson mi Freddy Krueger, saute dans tous les sens tel le jeunot de 52 ans qu’il est ! Aussi les « Living Dead Girl » « Scum of the Earth » font mouche. Le public ne s’y trompe pas et fait de la devise de Zombie « get high » un mantra scrupuleusement respecté si j’en crois mes narines…

Dans son habit de lumière notamment un pantalon argenté et une veste à frange, Zombie a fière allure. Le sieur nous gratifie aussi d’un titre du White Zombie « More Human than Human » et d’une superbe reprise des Ramones. L’ambiance est à son comble, il fait bon sur les devants de la scène et lorsque vient « Dragula » le public est littéralement hystérique ! Quelle ambiance. Le combo salue son public est il est déjà temps d’aller se coucher. Malheureusement je louperai In Flames car la journée de samedi s’annonce ultra chargée.

Une petite prière tournée vers la Mecque, un dernier scotch et au lit !

Samedi 17 Juin

Malgré toute la bonne volonté dont un homme est capable, je n’ai pas réussi à trainer ma peau jusqu’à Carcariass. Pourquoi en parler alors ? Parce que nos amis du Doubs sont des pointures, voilà tout ! Le death mélodique sophistiqué des bisontins est d’excellente facture. À nos lecteurs qui ne connaîtraient pas, allez y jeter une oreille.

La journée commencera donc avec Ultra Vomit et son death potache en plein cagnard sur la Mainstage à 12h50. Le premier truc qui surprend c’est le monde ! Jamais vu autant de peuple massé devant cette scène à un horaire pareil. Les réglages sont costauds, on croirait entendre du Gojira par moment ou encore du Rammstein. Normal pour un groupe qui reprend les gimmicks de ces monstres sacrés ! « Calojira » ou encore « Pipi Vs Caca » font un tabac. Je suis même étonné qu’au delà de la farce le groupe s’applique autant à chiader ses titres. « Kammthaar » aurait pu voir le jour dans les marmites des teutons tant au niveau du son que celui de l’attitude. Franchement ce groupe a toujours eu un énorme potentiel alors pourquoi a t-il disparu ? Pourquoi se cantonner à faire du potache ? Tant de questions alors que ce set s’achève et qu’il est temps pour votre serviteur d’aller se chercher une bonne pinte à déguster devant un parterre, je dois le dire, assez clairsemé pour admirer les canadiens de Beyond Creation. Le Canada engendre son lot de technicien depuis plus de 25 ans. Là encore, mystère. Si vous aviez aimé des combos comme Martyr, Blasphemy, Cryptopsy, Beyond Creation est votre nouvel ami.

 

Il y a bien sur, certains avatars du genre un peu pénible comme la course à la vitesse et à la virtuosité technique, notamment au niveau de la basse et de la batterie, pourtant, les morceaux sont chiadés et on sort de là avec des titres entêtants et des lignes de basses au fond des tympans. The Aura et Eathborn Evolution sont mis à l’honneur et j’aperçois ça et là des connaisseurs en transe qui, rentrés dans la musique, « dansent » littéralement en écoutant passer l’orage. Seul reproche, la programmation. Ce groupe aurait mérité la pénombre d’une Temple mais bon.. Excellent moment quand même.

Direction la Mainstage Ugly kid Joe s’apprête à sévir et le moins que l’on puisse dire c’est que le kid est devenu bien laid (si vous me permettez ce jeu de mot). Du coup, son patronyme lui va désormais comme un gant. Qu’en est il de la musique ? Exit les longs cheveux blonds du surfer beau gosse à la mâchoire carrée des années 90 et place à un visage bouffi surmontée d’un crâne rasé du plus mauvais effet qui me fait plus penser à Di’anno qu’autre chose. Niveau son c’est correct sans plus et ça ne casse pas trois pattes à un canard. Les classiques sont joués « Milkman’s Son » « Everything About You » mais pour moi ça ne prend pas. Première déception.

Il fait chaud "ça cagne" comme dirait Berrys(!) et visiblement je ne suis pas le seul à m’ennuyer si j’en crois le nombre de festivaliers en mal d’ombre en train de se désaltérer au houblon, dos tourné à la scène.

Il est 16h55 lorsque les Steel Panther envahissent la place avec leur look glam et les pantalons moules burnes du plus mauvais effet. On adore ! Les filles surtout. Bordel, comment des gars de 45 berges sapés en meufs kitchs des années 80 peuvent-ils avoir autant de succès et d'effets sur des gonzesses de 20 piges ? Incroyable. Et le son aussi est incroyable. Un excellent chanteur, peut être l’un des meilleurs du circuit dans ce genre, Vince Neil est rhabillé pour l’hiver, croyez moi. Mais ça n’est pas tout. Le gratteux est monstrueux lui aussi, et je ne parle pas du spandex vert fluo… Lorsque les filles montent sur scène pour montrer des corps plus ou moins gracieux (ou graisseux d’ailleurs…) sur le traditionnel « 17 girls in a Row » c’est tout de même un grand moment. On remarquera les nénettes venues faire le déplacement pour galocher Michael ou Satchel qui aime laisser traîner ses pattes baladeuses sur les nibards des frêles demoiselles. Le monde est ainsi fait ! La set list est splendide dommage pour « Asian Hooker » et son solo d’enfer. Ce concert était génial. Le look, l’attitude, les filles… Tout je vous dis !

Les immenses Trust déboulent sur scène à la « one again bistoufly » bob sur la tête pour Bernie et chemise de premier de la classe pour Izo Diop qui reste imperturbable. Le pit est blindé. Visiblement, le groupe est très attendu.

Au risque de passer pour un connard, je voudrais juste dire à la jeune fille en fauteuil roulant qui a passé à peu près tout le concert en l’air qu’elle a gâché le concert de pas mal de gens. Ok un fauteuil roulant dans les airs c’est marrant une fois, c’est drôle deux fois mais 18 fois de suite c’est insupportable pour les festivaliers.

Revenons en à la musique. Ouverture du bal sur « L’archange » mais la suite des festivités se fait autour des excellents « Marche ou crève » « Au nom de la race » « l’Élite » et le bouillant « Antisocial » qui voit un public à cran et un pogo digne de gamins de 15 piges alors que le public autour de moi en a plutôt 50. Ça fait chaud au cœur de voir l’ancienne génération de rockeur avec tant d’énergie. Encore un moment passé à la vitesse de l’éclair.

Lorsque Dee « fucking » Snider débarque c’est tout un roman. À peine le gaillard est il arrivé que le public scande « We’re not gonna take it ». Incroyable. Justement, au moment d’entamer « I Wanna Rock » je vis devant moi, un père et son fils se prendre dans les bras en se disant « je t’aime » et oh combien, l’un et l’autre étaient content de voir Snider au Hellfest. Ça c’était cool ! Grand moment aussi lorsque Snider entonne « So What » avec cette voix rauque, passionnée qui semble venir du tréfonds de son âme. D’ailleurs, j’aperçois une grande blonde qui n’est autre que Suzette Snider( !) backstage qui chante à gorge déployée en même temps que Dee, bel hommage donc.

Airbourne reste un grand moment en concert, d’une part grâce à cette géniale et folle énergie déployée par son cinglé de chanteur, d’autre part grâce à des gimmicks ahurissants. La set list n’est pas originale pour un sous « Ready to Rock » « Down on You » « Girls in Black » le génial « Breakin’ Outta Hell ». Que l’on se rassure si ACDC n’ont plus rien à proposer, Airbourne est là, avec des cœurs qui embraseraient même une maison de retraite. O’Keeffe qui se fracasse des bières sur la tronche, crapahute sur les échafaudages de la Mainstage à 20 mètres de hauts complètement torchés, ou encore qui sonne la sirène aérienne comme un maboule, voilà les éléments qui hystérisent le public et le tiennent par les roubignoles jusqu’à la dernière minute ! Excellent moment passé.

Dur pour nos finnois violoncellistes d’Apocalyptica de faire prendre la sauce après pareille débauche d’énergie… Le set de ce soir est basé sur les violoncelles seuls qui reprenaient savamment au milieu des années 90 du Metallica pour faire honneur au Hellfest et aux fans qui ont fait connaître le combo.

Il faut bien se l’avouer, cette première partie est molle au dernier degré, en tout cas, absolument pas adaptée au format d’un festival en plein air, qui plus est, sur ce créneau horaire. Pourtant les choses vont se muscler avec l’apparition de la batterie composée de bidons et de cymbales de recup’ ! Et là je dois dire que cette seconde partie est beaucoup plus convaincante. Je me demande comment autant d’énergie et de force peuvent sortir d’un tout petit bonhomme comme Mikko Sirén (batteur) squelettique et livide qu’il est. Les classiques sont assénés « Creeping death » « Orion » « Battery » et le ton monte à mesure des furieuses descentes de toms (bidon). Une energie louable et qui trouve in fine tout-à-fait sa place à ce moment du festival. Un bon moment donc !

Le gros poisson du week end se nomme Aerosmith. J’aurais entendu beaucoup de choses à propos de la prestation de ce soir. Par exemple que Tyler ne chantait pas juste, ou encore qu’il ressemblait à une vieille courtisane, certains se plaignent que le show soit trop « ricain ». Je vais vous dire un truc : le gars devant moi qui… comment dire… a reçu une gâterie de sa copine en plein milieu de « Dream On » avait l’air de kiffer ! Quant au nombre de gens en larme pendant le concert et l’extraordinaire mise en place lights/écrans qui diffusent des images d’anthologies narrant rien moins que 47 ans de carrière ( !!!) devraient imposer un certain respect, tout du moins, un peu de silence devant les artistes.

Le spectacle est grandiose, de la tenue extravagante de Tyler dont on ne sait pas trop s’il porte des collants ou un pantalon très transparent le visage recouvert de cette crinière insolente (quelle chevelure à 70 berges !) en passant par le piano à queue installé à la hâte par quatre malabares le temps d’une chanson au cours de laquelle Perry et Tyler  viendront piétiner le couvercle ou encore de cette set list de rêve « Young Lust » « Cryin’ » « Mama Kin » « Sweet Emotion » l’excellente reprise des Beatles  « Come Together » où j’ai l’impression que le temps semble s’être arrêté. Même le cover de James Brown parvient encore à nous surprendre les tympans. On voudrait que ça ne cessa pas, que ce concert se poursuive au bout de la nuit. D’ailleurs nos amis de Boston mordent sur le temps qu’il leur est imparti, chose extrêmement rare au Hellfest. Je vais vous dire, c’est un des derniers concerts du combo, paraît-il, je peux mourir en paix !

Supo, prière et Dodo.

Dimanche 18 juin

Chaque année pendant le Hellfest les festivaliers qui abusent des bonnes choses semblent en panne de jus le dimanche. Dommage car cette année, les propositions de ce dernier jour étaient appétissantes. Jugez plutôt.

Les choses démarrent bien et démarrent fort avec les légendaires Hirax combo californiens qui officie dans un trash old-school depuis 1984. Dans la Veine d’Exodus et Slayer, nos trashers envoient des claques froides et tranchantes. Putain le trash c’est quand même quelque chose. Et quel plaisir de retrouver Katon, chanteur de son état, 53 ans au compteur, charismatique comme jamais et une panoplie de sourires à faire pâlir le collège fou fou fou. Franchement, il y a vraiment une ressemblance hallucinante.  Mi tempi, guitares acérées, voix criardes, tout y est. Excellent moment donc !

Les parisiens d’Arkhon Infaustus réapparaissent donc pour ce Hellfest après avoir disparu depuis près de 8 ans. Je ne m’attarderai pas sur cette prestation rendue fâcheuse par une attitude parfois désagréable et hautaine d’un frontman vilipendant son public jugé trop statique à son goût « venu là pour boire des bières » et non pour les acclamer.

Musicalement c’est compliqué. Trois guitares dont on peine à percevoir l’utilité tant le son en façade est bordélique. Dommage car ça et là on perçoit ces éléments ambiants : guitares qui traînent, voix plaintives, blast puissants, qui donnent toute la densité à cette musique écorchée. Pourtant, il ne se passe pas grand chose pendant ces longues 40 minutes, malgré ce côté malsain et sale qui reste bien restitué.

Sancturay formation culte dirigée par l’immense Warell Dane officie dans un heavy metal assez classique avec la voix étonnante qu’on lui connaît. Bizarrement assez peu de public pour acclamer le heavy « Futur Tense » ou encore le mélodique « Soldier of Steel ». J’ai par moment, l’impression, d’entendre la voix d’un certain Dickinson. Je me souviens que Dane est un putain de frontman et qu’un certain Nevermore a disparu des radars mais ça c’est une autre histoire… Je n’arrive pas à me faire à l’idée que Dane est « le » frontman du combo de trash et mon plaisir est gâché. Bordel.

Equilibrium combo teuton qui officie dans le giron d’un folk/viking metal à tendance épique offre une très grosse ambiance à ses fans. Il faut dire que la musique est entrainante sans pour autant être novatrice. L’ensemble est très bien emmené par un batteur à la frappe dévastatrice et des claviers utilisés avec parcimonie.

Cependant le gros morceau de cette journée, du moins pour votre serviteur, se nomme Nostromo. Visiblement les helvètes sont heureux comme tout d’être de retour depuis quelques mois avec Gojira.

Pour l’anecdote, j’avais vu le combo en 2000 sans y prêter plus attention que cela avec Scarve. Au début de l’année 2005 je m’étais procuré le double acoustique (une baffe !) et puis le groupe splitta… 12 ans plus tard, ils reviennent.

Le combo n’a rien perdu de sa superbe en témoigne la très grosse puissance de frappe de Maik avec une batterie mixée bien en avant pour rappeler à notre bon souvenir que malgré les années la rage est là! Le suisses assènent les « tubes » « Selfish Blues », l’immense « Sunset Motel » qui résonne toujours dans mes oreilles dans sa version acoustique tout aussi intéressante, ou encore « Still Born Prophet ». La basse compresse le crâne de l’auditeur tandis que la guitare se devine par endroit pour laisser de l’espace à la voix criarde et enragée d’un Javier visiblement très en forme. Les morceaux restent très cohérents malgré la trame parfois déstructurée de l’ensemble qui oscille entre grind et postcore.

En 2014 Emperor avait rendu hommage à son premier album en rappelant « Faust » pour l’occasion le batteur d’époque. Je me souviens d’un set froid, précis, millimétré. Un moment assez unique puisque les fans avaient pu entendre l’intégralité de ce disque sur une Mainstage !

Aujourd’hui c’est dans l’intimité d’une Valley que les norvégiens décident d’offrir au public un témoignage des années plus mélodiques, pour l’essentiel, avec «Ye Entrancemperium » en guise d’ouverture et son final grandiloquent. La suite puise naturellement dans les ressources les plus « modernes » du combo avec « Thus Spake the Nightspirit » «  The Loss and Curse of Reverence » « With Strengh I burn » et « Inno Satana » en guise de conclusion d’un événement sonorisé aux petits oignons et surtout illuminé avec des combinaisons vertes, grises, pourpres pour donner à ce moment un côté feutré.

Bon… Il faut dire qu’il y avait foule ce soir, outre la chaleur étouffante et la proximité des festivaliers, ce moment très inspiré n’a pas empêché mon voisin dreadlocké jusqu’au sol et sa copine nibards à l’air de me faire des bonnes plaisanteries (par exemple me demander si Emperor allait rejouer « Master of Puppets » le meilleur album du groupe japonais donc…) Des rencontres surprenantes et atypiques comme on peut parfois en faire ici.

Autant poursuivre sur une bonne dynamique avec les helvètes de Coroner et leur putain de pêche. Quand je pense que j’ai la chance de voir ça en vrai ! Peut être 15 ans que j’écoute « Internal Conflicts » alors voir ça en vrai…

L’ambiance est au sommet et je suis fier de faire partie de ceux qui ont porté leur intérêt sur ce combo ce soir.

On note la sobriété du combo, tant dans les postures que dans la tenue, ainsi que l'originalité de titres inclassables : metal, indus, gothiques, trash… impossible à dire. « Serpent Moves » « Divine Step » ou encore l’étrange « Tunnel of Pain » lorgnent du côté de tous les genres. On pourrait se dire que le techno trash des suisses aurait vieilli mais pas du tout, à commencer par cette voix inquiétante sortie d’outre tombe. Bien sur les classiques « Metamorphosis » ou encore « Grin » sont présents mais ce qui surprend le plus c’est la précision de l’horlogerie Suisse saupoudrée d’éléments technoïdes inquiétants. Quel bonheur.

Voilà  c’est déjà fini. Cette édition 2017 fut excellente. La barre est très haute et les exigences toujours revues pour le plaisir des festivaliers. Bravo au Hellfest.

Il me faut ici remercier Roger Wessier et saluer les nombreuses personnes rencontrées au fil de cette édition 2017. Je salue également Sparda de Creatures (http://antiqlabel.yolasite.com/pour sa gentillesse, ce fut un plaisir de discuter avec toi. Allez jeter une oreille sur son travail, ca vaut le coup. Salutations à « Gars-Emile » Jean-Marie, Couz’1, Sandy et David, toutes les personnes rencontrées pendant ces trois jours. Je n’oublie pas Christophe : « Salut Christophe ! » et bien sur At last but not least Anthony, « A fi cu picioarele pe pământ »

Et comme disait Marky : “et que vive le cirque”. Vlan.

 

Comme promis le guide des 10 choses à faire pour rater votre festival

1. Ne pas prendre de crème solaire

2. Ne pas boire d’eau

3. Ne pas prendre de casquette, chapeau, bandana

4. Boire beaucoup d’alcool, si possible, des spiritueux pendant les trois premières heures de l’après midi

5. Se décider du groupe à aller voir 5 minutes avant le début du concert

6. Ne rien manger

7. Ne pas aller aux toilettes !

8. Tomber amoureux le troisième jour et se découvrir sous la tente après avoir retiré l’intégralité de haillons poisseux qui servaient jusqu'ici de vêtements.

9. Prendre quelques drogues dures et/ou drogues de synthèse le soir en after à partir de 4h30 du mat’

10. Recharger son portable sur l’allume cigare de sa voiture 2 ou 3 fois par jour pendant tout le festival

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