Il est un peu plus de 22 heures lorsque le Caveau du Bout du Monde ouvre ses portes pour accueillir le groupe parisien Demago emmené par Maun et Bleach. Le caveau est rapidement plongé dans l’ambiance proposée par le groupe. Les textes assez sombres, torturés et engagés de Maun captivent un public plus attentif que festif. L’écriture soignée du chanteur permet aux spectateurs de s’approprier l’univers proposé par le groupe. L’émotion est palpable par moment et Maun se livre complètement. Des titres comme "Hôpital", "L’œil" ou "Joe" ne peuvent pas laisser le public indifférent qui a presque la gorge nouée sur le final de "Joe". Une intensité incroyable, des musiciens qui vivent véritablement leur musique. Les onze titres de l’album HOPITAL sont passés en revue notamment les singles "Hey Doc" et "Respirez" que l’on entend sur les bonnes radios. Entre les titres, Maun ne lésine pas avec une certaine dose d’humour, un bon sens de la répartie et conseille même au public suisse de lire Gilles Deleuze. Que demander de plus ? Quelques heures avant de livrer cette superbe prestation scénique, Maun et Bleach nous ont accordé un moment pour répondre à nos questions.

Demago

Il est un peu plus de 22 heures lorsque le Caveau du Bout du Monde ouvre ses portes pour accueillir le groupe parisien Demago emmené par Maun et Bleach. Le caveau est rapidement plongé dans l’ambiance proposée par le groupe. Les textes assez sombres, torturés et engagés de Maun captivent un public plus attentif que festif. L’écriture soignée du chanteur permet aux spectateurs de s’approprier l’univers proposé par le groupe. L’émotion est palpable par moment et Maun se livre complètement. Des titres comme “Hôpital”, “L’œil” ou “Joe” ne peuvent pas laisser le public indifférent qui a presque la gorge nouée sur le final de “Joe”. Une intensité incroyable, des musiciens qui vivent véritablement leur musique. Les onze titres de l’album HOPITAL sont passés en revue notamment les singles “Hey Doc” et “Respirez” que l’on entend sur les bonnes radios. Entre les titres, Maun ne lésine pas avec une certaine dose d’humour, un bon sens de la répartie et conseille même au public suisse de lire Gilles Deleuze. Que demander de plus ? Quelques heures avant de livrer cette superbe prestation scénique, Maun et Bleach nous ont accordé un moment pour répondre à nos questions.

Lords of Rock : Vous avez pas mal roulé votre bosse avant de sortir votre album HOPITAL, était-ce un choix délibéré ou avez-vous juste pris beaucoup de temps ?
Maun : Attends, là il y a deux questions. Sur le choix délibéré et sur le temps. Alors sur le choix délibéré la réponse est non. On aurait bien voulu le sortir avant pour bénéficier d’une structure professionnelle plus rapide.
Bleach : On a pris notre temps, car on a cherché les partenaires adéquats pour faire cet album. Mais on a décidé de le faire il y a quelques années. Mais ça a pris beaucoup de temps car on est passé par une pré-prod. Ce n’est pas un album de jeunes de 20 ans, mais plutôt de trentenaires qui ont pris leur temps pour bien savoir ce qu’ils voulaient faire.

Lords : Comment est-ce que vous définiriez le style musical que vous faites ?
Maun : Du rock français, tout simplement.
Bleach : On chante en français, on fait du rock. Quand tu verras le live tout à l’heure, tu pourras voir qu’il y a différents tempos, différentes influences, mais on a envie de faire partie de cette grande famille du rock français.

Lords : Est-ce que l’on peut comparer votre titre “Le Mégalo” au titre “Les Bobos” de Renaud ? Est-ce qu’il y a des similitudes entre les personnages ?
Maun : Non, car ce n’est pas un bobo le personnage du mégalo. C’est un vrai bourge qui trahit son idéal pour se diriger vers le profit.

Lords : Pourtant la phrase « Cœur à gauche, portemonnaie à droite »…
Maun : Oui mais c’est un peu le seul truc qui sonne bobo et il y a une forme de déni. Il se croit encore de gauche alors qu’il a un comportement qui est complètement de droite. Ca ne peut pas être un bobo, car un bobo n’a pas de 4×4.
Bleach : Quoi que certains bobos commencent à avoir des 4×4 (rires). Mais le mégalo a perdu ses illusions, ses idéaux.

Lords : Et comment se porte cette grande famille du rock français ?

Bleach : Pas terrible… elle a du mal à tourner, elle a du mal à trouver sa place, il y a de moins en moins de salles pour nous accueillir. Et c’est vrai qu’on n’est pas très représentatif de la scène rock française, on a un parcours un peu différent. On n’est pas encore dans le réseau de toutes les salles « indé ». On est dans la même situation que des groupes genre Quidam ou The Elderberries qui ont du mal à jouer partout, parce qu’aujourd’hui on vend plus de disques et tout le monde à envie de faire du live. Donc pour moi la scène rock française ne va pas super bien et ça va en s’empirant.

Lords : Et Demago arrive-t-il aujourd’hui à vivre de sa musique ?
Maun : Demago rame à vivre de sa musique, mais survit. C’est vraiment de la survie sans déconner. C’est-à-dire qu’en France il y a un truc qui s’appelle les intermittences que l’on acquiert vie le nombre de cachets, en l’occurrence 43 cachets de 12 heures, donc c’est assez difficile, il faut se battre pour gagner 1000 Euros par mois.
Bleach : Et parfois pour un cachet il faut aller très loin, dormir sur place, c’est pas toujours simple. Donc on en vit, oui, on commence, mais c’est dur.

Lords : C’est la première fois que vous jouez en Suisse ?
Maun : Oui, c’est la première fois. On a joué avant hier à Genève, c’est nos premières dates en Suisse. On a été beaucoup soutenu par Couleur 3 et par la RSR. Ca fait vraiment plaisir.
Bleach : On a une certaine notoriété en Suisse, on a super bien été accueilli, c’était vraiment génial à Carouge, l’accueil suisse est mortel.

Lords : Quelles sont vos influences musicales ?
Bleach : Très variées.
Maun : Ouais très variées, très vastes, mais ça reste quand même du rock. Moi j’ai eu envie de faire de la musique en écoutant le 2ème album de Placebo WITHOUT YOU I’M NOTHING, je ne l’ai jamais dit en interview…
Bleach : C’est une exclusivité pour Lords of Rock !
Maun : Et sinon très branché post rock, genre Godspeed. J’écoute aussi beaucoup de musique du monde, beaucoup de techno, beaucoup de hip-hop. Ca passe de la musique iranienne à la techno, très éclectique.
Bleach : C’est pareil, j’écoute beaucoup de choses, je suis un enfant de la black musique, du funk et je me retrouve à jouer du rock aujourd’hui, parce que j’ai découvert ça il y a quelques années et j’ai voulu faire le pont entre les black musiques et le rock, j’ai découvert ce monde saturé, engagé… Je suis un enfant de James Brown, modestement (rires)… j’adore quand ça bastonne, je peux écouter du métal, de la soul, du trip-hop et du rock.

Lords : Quel est votre meilleur souvenir sur scène ?
Maun : heu…. le pire c’est facile, mais le meilleur…. Ha oui, je l’ai c’était à Marseille, un public très chaud, une vraie cohésion de groupe. On avait joué à Nantes la veille où ce n’était pas exceptionnel et ce soir là à Marseille le public chantait avec nous sur “Joe”, une vraie chorale. Il y avait du répondant, c’était comme une étincelle au contact du gaz, ça a pris tout de suite, dès la première note. Le public était très frustré car il nous avait attendu plus de 3 heures et demi, on jouait en tête d’affiche, on a commencé à jouer à minuit et demi, le public était pas content du tout et dès qu’on est monté sur scène, BOUM c’était parti.
Bleach : Pour moi c’était en décembre dernier à la Maroquinerie. C’est une date pour laquelle on s’est battu et au final c’était un super souvenir parce que les gens était super contents, le concert s’est bien passé et on a pris beaucoup de plaisir.

Lords : Comment avez-vous choisi votre nom Demago ?
Maun : Parce que ça nous faisait rire. Ca nous faisait rire d’être engagé politiquement et de désamorcer la bombe en s’appelant Demago. Dans ce monde, c’est clair, il y a une domination qui s’opère d’une certaine élite et qui protège ses intérêts avec beaucoup d’à-propos et il y a une posture qui consiste à dire que les choses ne sont pas si simples. Elles peuvent l’être, mais ce n’est généralement pas des solutions qu’elles acceptent puisque ça donnerait l’abolition de certains privilèges. Et il y a beaucoup de choses qui disparaitraient, notamment ce charmant pays (rires).
Bleach : Et puis c’est un nom qu’on retient, qui marque, qui interpelle parce qu’on dit « est-ce qu’ils sont démago ? » et pour nous ça évoque du second degré.
Maun : On fait de l’art, pas de la politique. Mais l’art ne nous donne rien d’autre qu’une parole et qu’une faculté de poser des questions. Donc nous on interpelle, en posant nos questions. Et ça se retient Demago.

Lords : Est-ce que l’on peut espérer un album de Demago en 2009 ? Est-ce que vous allez enregistrer ?
Bleach : On est en train d’y réfléchir, mais l’album HOPITAL est encore en vie, il y a un 3ème single qui est en gestation, qui va bientôt sortir. Donc on espère que ça va marcher et que cet album va encore durer. Là on est encore sur la route, l’album est sorti en mai 2008 et les réactions sont bonnes, donc on continue à tourner avec cet album
Maun : Oui et si ça marche, on se dit qu’on pourra vraiment faire un 2ème album de variété. Non, j’déconne. On y réfléchit, mais pour nous la musique est comme un immense coffre à jouets où on y met plein de trucs. On a aussi des projets avec l’orchestre de Radio France pour début avril, on a un projet d’album en anglais, pas sous le nom de Demago, juste Maun et Bleach et il y a bien évidemment le prochain album de Demago qui est en gestation. Il est déjà sur les rails
Bleach : On a envie d’écrire pour les autres, il y a vraiment plein de projets en cours. Donc l’album peut-être fin 2009 ou début 2010.

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