Deuxième soir du 13ème Pully For Noise. Le jazz d’Erik Truffaz pour introduire les londoniens de The Streets et de Metronomy. Avec, en interlude, Larytta, de chez nous.
Décidemment, le changement de dates du For Noise est vraiment bien joué,
avec des conditions météos parfaites et une douce odeur mélancolique de
fin de vacances pour les plus chanceux. Le public ne s’est pas trompé
en fréquentant massivement les deux premières soirées. On espère qu’il
en sera de même ce soir pour la clôture du festival lausannois. Le
programme est, sur le papier, peut-être le plus alléchant avec Ebony
Bones!, Ghinzu et The Black Angels. Mais avant que l’on ne s’égare trop,
retour sur ce deuxième soir. The Heavy et Erik Truffaz ont fait du bon boulot. Pour le reste, on n’en sait pas plus, interviews de Larytta et Metronomy obligent. Vous les retrouverez en ligne ces prochains jours naturellement…
Retour entre la forêt, le stand de tir et l’Abraxas, après une jolie descente casse-cou, échauffement oblige afin de se sentir prêt à affronter les multiples remontrances joviales de Mike Skinner de The Streets. Sur la Grande Scène à 23h, le chanteur londonien, sans forcément nous donner envie de quitter corps et âme, prouve qu’il reste un amoureux de la scène. On est loin du Mike Skinner qu’on imaginait timide derrière ses platines et son micro, comme à ses grands débuts en 2002. Le concert est ronronnant, parfois suffisant et sans hargne, mais n’est-ce pas le propre de l’évolution discographique de The Streets? A ce propos, Mike Skinner n’oublie pas son premier album, le classique ORIGINAL PIRATE MATERIALS, et son successeur A GRAND DON’T COME FOR FREE, en y piochant allègrement: “Let’s Push Things Forward”, “Turn The Page”, “Fit But You Know It”. La fin du concert abordant plus les récents titres, “Never Went To Church”, “Everything Is Borrowed” notamment, qui ne nous retiendront pas, tout pressé de se fourrer dans l’Abraxas pour le concert prometteur de Larytta.
« C’est ça Larytta? »
Jouant à domicile, le duo Larytta débute son concert avec “Love Love Odyssey”. « C’est ça Larytta? » s’interroge un spectateur. Il faut les voir chanter comme des gamins fous ce titre entêtant. Du Kinks électronica. Les mélodies, mais sans les instrument. Il y a donc de quoi décontenancer les non-initiés, d’autant plus qu’ils osent le blague mordante du week-end en se présentant comme Phoenix, qui aurait vu leur bassiste et batteur atteints de la grippe A. Le temps de s’en excuser, ils enchaînent sur “Too Young”, titre emblématique des Versaillais, avant de couper sec. Il fallait oser. Le tribal “Ya Ya Ya” se débat pour se sortir du decorum, on atteint difficilement les 90 db. Quelques remontrances à l’ingé-son plus tard, le live prend véritablement de l’ampleur alors que Jetta empoigne sa guitare. Il y a vraiment de belles choses avec Larytta. Il y a surtout plus d’influences dans leur musique que dans n’importe quel groupe à la mode. Quelle meilleure façon de préparer le public au concert de la tête d’affiche, Metronomy?
Minuit 45. Un petit parterre de spectateurs devant la Grande Scène rapidement rejoint par les sceptiques. Metronomy est devenu un quatuor avec l’arrivée de l’ancienne batteuse de Lightspeed Champion, Anna Prior. L’ami d’enfance Gabriel Stebbing a lui cédé sa place à Gbenga Adeleka. Un Metronomy 2.0 comme l’aime rappeler les branchés. Mais pas vraiment de révolution interne: le noyau composé des geeks adorables Joseph Mount (chant et guitar) et de son cousin Oscar Cash (claviers et chorés, ou l’inverse, parfois en même temps) reste au centre des attentions. Une batterie donc pour tenir le rythme, d’un minimalisme bienvenu. Et surtout ce clavier complètement magouillé par Cash. Et des titres bien foutus, des tubes faussement putassiers qui se moquent de la hype. C’est simple, Metronomy semblent s’en foutre de faire s’émouvoir la scène indie et plus. Antithèse de la star, Joseph Mount s’amuse à relater son histoire de guêpe lui tournant autour durant tout le concert, remercie 100 fois le public d’être venu et s’excuserait presque de tenir la tête d’affiche de la soirée. Un nouveau EP est prévu pour la rentrée, mais on aime toujours autant savourer les titres de NIGHTS OUT, tels que “My Heart Rate Rapid”, “On The Motorway”, où l’on se dit que Metronomy fait parfois plus du math rock que de l’électro rock. Les tubes du groupe – “A Thing For Me” et “Radio Ladio” provoquent des petites agitations. Metronomy est ce parfait petit groupe indie pas arrogrant pour un sous, un peu de fraîcheur qui fait du bien quand on s’est coltiné des tonnes de Passion Pit, Black Kids, Virgins etc…
Photos: Julien Gremaud