Elysian Fields

Langoureux et intemporel seraient les adjectifs définissant aussi bien ce LAST NIGHT ON EARTH que les Elysian Fields eux-mêmes. Sortant tout droit d’un imaginaire gothico-romanthique, la suave Jennifer Charles et l’architecte musical Oren Bloedow dominent leurs comparses par une sensualité hors-norme. Titre en partie attribué pour la voix incomparable de Charles, fantasme absolu de bon nombre d’auditeurs. Un aspect qui s’est révélé parfois lourd dans les opus précédents et qui se retrouve parfaitement maîtrisé dans celui-ci.

Elysian Fields n’a pas pour ambition d’apporter une quelconque révolution à la musique actuelle, ils s’attachent au contraire à explorer les genres. Jazz, trip-hop, pop, rock,… On évitera toute comparaison, tant ils sont uniques. Mis à part peut-être une légère influence Nick Cave, transcendante notamment dans "Red Riding Rood", un Petit Chaperon Rouge revisité à la sauce conte pour adultes.

 

Entre le club de jazz façon années 30 et le bordel raffiné

 

Alors ce 7ème opus a-t-il le superbe de "Lions In The Storm" (BUM RAPS & LOVE TAPS, 2005), "Jack In The Box" (BLEED YOUR CEDAR, 1995) ou "Climbing My Dark Hair" (THE AFTERLIFE, 2009) ? Titres mémorables d’albums précédents. Ce qui est sûr en tous les cas, c’est la délicatesse frisant la perfection de LAST NIGHT ON EARTH. D’une progressivité étonnante, aux arrangements minutieux, l’imprévisibilité est reine à l’écoute de ces onze morceaux parsemés au gré de chemins sinueux. De la patience, il en faut un peu pour se l’approprier véritablement. La dame n’est pas facile, elle se laisse désirer, se dévoile à son rythme, lancinant. L’équilibre entre instruments classiques et guitares électriques est également magistral, fruit de nombre d’ambiances complexes. Pas noires non, mais nocturnes, enfumées. Se situant entre le club de jazz façon années 30 et le bordel raffiné. A l’érotisme imparable.

 

 

Sans aller dans le détail, les perles musicales se succèdent. De "Sleepover" à "Church of the Holy Family", en passant par "Villain On The Run", "Old Old Wood" ou "Chandeliers". On serait tenté de dire que la fin de l’album regorge du meilleur, dont le très Bowien/Pink Floydien "Last Night On Earth", et pourtant cela ne lui ferait pas justice. Chaque titre contient son apogée, cette touche irréelle, aérienne. Et chacun alimentera vos fantasmes.

L’empreinte Elysian Fields est toujours présente, l’ignorance de la critique l’est tout autant. Conséquence malheureuse peut-être de l’abondance musicale de l’époque, dans laquelle se noient ces génies incompris.

"I'm feeling lucky, are you feeling lucky?" (Villain on the Run) 

 

About Author

Check Also

Judas Priest – Invicible Shield

Il y a tout juste un mois, sortait le 19ème album de Judas Priest. À …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *