Peut avant leur concert aux Docks de Lausanne, Alex Callier, le leader d?Hooverphonic, nous a reçu pour faire un brin de causette dans des canapés moelleux à souhait.

Hooverphonic

Votre nouveau CD No more sweet Music, qui est une vraie réussite, est un double CD. Pourquoi ce choix ?
Alex Callier : On a eu envie de monter le côté « schizo » et Dr. Jekyll & Mr. Hyde du groupe. C’est-à-dire deux visions et deux idées. Une version très électro et en même temps une version plus organique. Ce qui montre la qualité du morceau dans n’importe quelle version jouée.

On ne sent pas toujours bien la coupure entre le très électro et le très organique…
Les harmonies sont différentes, j’ai changé les accords. Donc ce n’est pas vraiment la même recherche. Dans « Love Me To Death », les accords sont complètement différents. Il n’y a plus d’orchestre, la base est électro, donc un résultat aussi plus rock. Mais en même temps, c’est sûr, ça reste du Hooverphonic et on a une sorte de blueprint, d’empreinte. Ca donne de la personnalité à notre musique et un caractère très typique, un caractère unique.

Justement, comment tu définis votre musique en un mot ou deux…  ?
C’est très difficile… hum… C’est du pop inspiré par des bandes originales. L’atmosphère est le plus important. Ce n’est pas que de l’ambient parce qu’il y a des chansons. Mais c’est pas non plus pop parce qu’il y a une ambiance particulière. Donc pour résumer, je dirais de l’ ambient-pop. C’est vraiment dur de mettre un étiquette dessus, je crois.

Donc on pourrait dire  chaque nouveau CD, sa nouvelle quête", mais tout en gardant la couleur Hooverphonic ?
Oui, car il y a des différences dans tous nos CD. Jackie Cane était pop, et le premier album était très électro. Le deuxième était plus intime. Chaque CD a son univers propre et ses recherches.

Pourquoi ce titre No more sweet Music?
En fait ça résume ces trois dernières années qui ont été pour nous assez difficile. On a tous perdu quelqu’un… Et c’est pour ça que ces textes sont sombres. Mais il y a aussi de l’humour dedans et la musique est là pour adoucir le tout. Il y a aussi tout un jeu. Par exemple dans le titre éponyme, il y a beaucoup de cynisme dans la voix de Geike. Ca parle de la relation entre un homme et une femme, de leurs secrets. La façon dont elle chante c’est vraiment triste, mais elle joue beaucoup. Et par moment c’est justement contradictoire avec la musique. J’aime bien ce contraste. C’est comme pour faire une bonne vinaigrette, il faut que les ingrédients soient justes. Trouver la balance entre la passion et la compréhension.

Cet album est une sorte de thérapie pour le groupe ?
Oui en quelque sorte, moi je suis assez extrême dans ma façon de penser, donc dans mes textes je veux montrer qu’il n’y a pas que du :  « I want you, I need you ». D’ailleurs dans la vie, rien n’est comme cela. Il y a une foule de compromis à faire. Et la meilleure façon d’accepter quelque chose d’horrible c’est d’en rire. Donc on relativise la situation et on peut guérir.

Dans le titre « Ginger », vous faites un duo. C’est assez rare…
Oui c’est un duo fait avec le chanteur Dan. Avec "Ginger" j’entendais cette voix d’homme en l’écrivant, donc ça s’est imposé tout seul. Sur le prochain album il y aura plusieurs duos. Mais les CDs avec beaucoup de duos sont très difficiles à organiser. Il faut aussi penser aux tournées plus tard…

Sur les pochettes de vos albums, on voit principalement Geike, mise au premier plan avec le groupe derrière ou sinon seule. Pourquoi ? Une jolie fille rend-elle le produit plus vendeur ?
Non pas vraiment, c’est selon la demande du disque. Sur The Manificent Tree et Jackie Cane, nous y sommes les trois, même si elle est plus en avant. Sur cet album, c’est uniquement elle parce que je voyais une photo de femme donc forcément on a choisi une photo de Geike.
Sur Sit Down And Listen To, le but du disque était de recréer les morceaux autour de sa voix. Donc c’était naturel que ce soit elle qui apparaisse sur la pochette. Sur le prochain album il n’y aura pas de photo du tout parce que l’album ne demande pas d’illustration. Je dirais que c’est l’album qui dicte la forme.

Alors ce prochain album. Il est en travail ? Déjà bien avancé ? Peut-être même fini ?
Il est déjà enregistré, on va encore le mixer en décembre. Il sortira probablement en septembre 2007, car on doit encore produire les clips et on fait tout nous-mêmes. Peut-être qu’on arrivera à le sortir plus tôt en Belgique que dans le reste de l’Europe.

Comment se passe le travail sur un album. Par exemple pour No More Sweet Music ?
J’écris 90 % des textes et 10 % sont fait par Geike. J’écris de façon à ce qu’elle puisse se les approprier et transmettre ce qu’on recherche en chantant. La chose bizarre c’est que quand j’écris un texte, et que je le donne à lire à Raymond, il s’identifie à ce que j’écris. J’ai une capacité à écrire des textes assez universels. Je prends une expérience perso comme point de départ et après j’extrapole. Le groupe a une vie assez semblable même si on ne le vit pas ensemble. Ce qui est parfois un peu effrayant… !

Quelles sont les styles de musiques qui t’inspirent ou pas ?
Je suis assez éclectique. J’aime la deuxième symphonie de Górecki Prokofiev. Ou du plus dramatique, Sati par exemple. C’est toujours de la musique triste et mélancolique. D’ailleurs dans le tour bus, les autres me disent souvent « Arrête avec ta musique de tristes » (rire). Mais par contre le hip hop ou le classique façon Mozart ne m’intéressent pas. Ce n’est pas mélodieux pour moi. Juste très rythmique. J’ai besoin de mélodies et d’harmonie qui me touchent.

Retour en Suisse (déjà venus en 2005 à Balelec – NdlA), quatrième date en Suisse-romande. Quel sentiment, quel souvenir de Lausanne gardes-tu ? Ca te plaît ?
C’est assez proche de la Belgique en fait. C’est un peu le même public. Il faut le travailler pour le chauffer car c’est un public assez réservé et une fois que le fer est chaud, c’est bon ils sont conquis (rire). On aime bien ce public justement parce que chaque concert est un nouveau travail et on fait monter la sauce petit à petit. Pour les emballer !(rire)
On a aussi la différence de « culture » entre Wallons et Flamands. Apparemment il faut ce mix de culture francophone et germanophone pour faire du bon chocolat !!!! (rire !).

Un point négatif peut-être ?
Ah oui, c’est cette limite stupide de 93 DB. On n’est pas un groupe hardcore, mais on aime bien jouer avec un certain volume. Le premier concert qu’on a fait en Suisse était à Berne. On avait l’impression d’être unplugged (rires) alors qu’on s’attendait à jouer autrement. Mais on s’adapte… ça nous force à être créatif !

C’est un exercice que toi et le groupe aimez, le fait que rien ne soit acquis ?
Il faut se battre à chaque montée sur scène ce qui est un stress supplémentaire mais c’est aussi dopant ! Et on aime ça !

Impatient pour tout à l’heure ? Une impression ?
Franchement, je suis très curieux de voir ce que ça va donner. Car la culture est  différente qu’en Suisse-allemande. En Wallonie, les gens sont plus chauds. Les Flamands sont un peu plus réservés. Mais on est prêt !

Un souvenir de Balelec?
Oui c’était le festival au bord du lac ! On aime bien les festivals, mais on préfère les clubs. On aime bien les petits concerts pour être proche du public. Geike, notre chanteuse, n’est pas Jim Kerr de Simple Minds qui dit : « Everybody clap in your hands ». Elle est plus timide et parle peu donc on a envie d’avoir un autre contact avec le public pour voir les expressions sur les visages. Une émotion plus intense. C’est notre biotope (rires)

Dernière question : Quels sont les 3-4 disques que tu prendrais sur une île déserte ?
    Ah facile… euh  non en fait c’est pas si facile… (main sur le front… il réfléchit – NdlA).
    * Histoire de Melody Nelson -, Gainsbourg
    * Dark side of  the MoonPink Floyd
    Ca devient très difficile….
    * Felt MountainGoldfrapp
    *RegenerationThe Divine Comedy
    Et tellement d’autres. C’est vraiment difficile. Bon le mieux c’est que j’arrive sur une île déserte avec mon ipod et je serai heureux !

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Photos officielles par Gie Knaaps

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