Cet album est une perle. Instantanément classé comme album de l’année après la première écoute. Alors que l’intelligentsia rock cherche le nouveau « meilleur groupe du monde », à classer entre Radiohead et Arcade Fire, entre Brooklyn, Brighton et Montreal, entre les labels Domino, Parlophone et Rough Trades, nous assistons ici au hold-up de l’année.
Plantons le décor : Seattle, Sub Pop, des barbes et des chemises. Qui dit ne rien y voir mérite la pendaison pure et simple. Aussi intelligents que Nirvana, aussi grands que Pearl Jam, voici leurs compatriotes Fleet Foxes. Cinq types, très jeunes, à placer dans une cathédrale, surpassent tout le monde actuellement. Et ce n’est pas voulu : dans cet album éponyme, des perles telles que “Mykonos“ ou “In The Hot, Hot Rays“ sont laissées à quai, la campagne de promotion est elle quasi-inexistante, la pochette de l’album ne recèle que peu d’informations. Tout juste si l’on sait que ce onze titres a été enregistré à Londres, que Phil Ek l’a produit, « sauf quand on glandait autour de notre maison », dixit le groupe. Toujours selon Fleet Foxes, c’est ce même Phil Ek qui s’est chargé de nettoyer le pauvre travail du quintette.
Le groupe dit sonner comme du “baroc harmonic pop jams“. Ils n’ont peut-être pas tout tort. Leur premier album rappelle les temps glorieux de la pop. La grande musique pop, celle inévitablement des Beach Boys et de Crosby, Stills, Nash. L’aérien single “Your Protector“ s’est vite vu prendre sa place par l’inestimable “White Winter Hymnal“, qui est à son tour écrasé par le titre “Ragged Wood“. Plus solides que leurs collègues Band Of Horses, meilleurs que MGMT, les Fleet Foxes, signent un album d’une autre époque. Chantant comme un Morrissey reconverti en apache, le songwritter Robin Pecknold nous donne la preuve ici qu’il n’y a pas que Kaiser Chiefs pour faire chanter au peuple des hymnes faciles à retenir. Sauf que là, la trace que laissera Fleet Foxes risque de ne jamais s’effacer.