28 novembre 2007. Cela faisait trois ans que je l’avais en travers de la gorge, cette triste annulation de la tournée européenne des Coral, dont cette date en Suisse, tant attendue, à l’Abart Club.

The Coral

REVIEW 28 novembre 2007. Cela
faisait trois ans que je l’avais en travers de la gorge, cette triste
annulation de la tournée européenne des Coral, dont cette date en Suisse, tant
attendue, à l’Abart Club. The Mondrians avaient même réussi le coup de poker de
se faire prendre en première partie. Bill Ryder-Jones est
souffrant. On apprendra quelques mois plus tard qu’il quitte le groupe en
raison de l’instabilité de son comportement – aidée par quelques semences qui
poussent dans la nature et se roulent en cône.


The Coral @ C-Club Berlin 28.10.2010

Amuser la galerie

Ça, c’était entre The Invisible Invasion et
le foirage commerciale de Roots And
Echoes
, enregistré dans le studio de papa Noël Gallagher, fan de longue
date de ses concitoyens. Le départ de son brillant guitariste annonce la
descente en flèche de The Coral, qui ne parvient pas à renouer avec le succès
de ses deux premiers albums – des merveilles de mélange blues folk et rock. The
Coral se coltinent désormais les premières parties d’Arctic Monkeys, alors que
les rôles étaient inversés il y a quelques années… The Coral sortent une
compilation, The Singles Collection, avec
quelques titres inédits toutefois… Quelle actualité musicale… Pire que la chute
d’un Empire. 2010, Butterfly House. Ce titre un poil
cul-cul la praline orne la couverture de leur sixième album. Aussi authentique
que Roots And Echoes – et donc pas
vraiment tout-public –, cet album sent bon la trentaine par sa maturité, les
guitares glissent toujours en douceur pour des ballades plaisantes et
mélodiquement pleines de finesse. Mais le revers de la médaille reste une perte
de fraîcheur prononcée, un sur-place dans le cliché. Qu’en est-il sur
scène ?

The Coral peut encore
compter sur l’engouement de son public. A Berlin, la petite salle du Franz a du
laisser la place à celle plus spacieusement adaptée du Columbia Club. Le show
commence tôt et le – plus ou moins – récent quintet démarre immédiatement en
défendant les titres de son dernier album. Ainsi se suivent ces morceaux
auxquels l’on n’est pas encore vraiment accoutumé-e-s. On se sent alors
retardataires, on n’assiste pas à la bonne tournée… “More Than a Lover”, “Roving Jewel”, “Walking In the Winter” s’enchaînent, presque
dans le même ordre que sur la galette. Les morceaux surprennent par leur
brièveté ; c’est que la musique de The Coral est une machine millimétrée,
empêchant de véritables broderies en live, exercice plus aisé quand on a des chansons
à 3 accords. Du coup, le show est homogène, à l’image des deux derniers albums,
d’un sobriété glaciale même. Mais un concert des Coral est surtout une grande
démonstration de savoir-faire des cinq musiciens. La voix de James
Skelly a gardé toute cette clarté soul en sept ans de pression constante tout
en étant prodigieux à la guitare avec son collègue Lee Southall. L’un et
l’autre changent de guitare à chaque morceau sans exception : qu’importe
que le rythme et l’ambiance soient sans cesse brisés, chaque chanson a sa
fender attitrée, Lee Southall optant même une fois pour une douze cordes. Tu
m’étonnes qu’ils ont besoin de roadies. On comprend alors que The Coral sont là
en professionnels, non pas pour amuser la galerie de quelques frasques.
Cependant, James Skelly n’hésite pas à s’adresser à la
foule, mais toujours pour parler de ses chansons. Un peu après “Jacqueline” et “Two Faces”, on a enfin droit à un titre plus ancien. Ce sera “Spanish Main” du debut album, une cure de jouvence s’offre alors sous nos
yeux ; Paul Duffy, le bassiste, bouge énergiquement, les chœurs entre lui,
Skelly et Southall donnent les frissons qu’on attendait. “Wildfire” du même album viendra plus tard confirmer que les nouveaux
morceaux n’ont pas la côte des anciens, avant que Pass
it on
– seul rescapé du brillant Magic
& Medicine –
n’illumine définitivement cette cruelle réalité.

Néanmoins, le morceau “Butterfly House” nous empêchera
d’enterrer définitivement ce dernier album, et puis, la voix de Skelly sait
toucher au but. Mais ce dernier essai reste pompeusement sur-représenté,
d’autres galettes de leur actif étant même totalement absentes de la setlist
(on comprendra pour Nightfreak
and the Sons of Becker,
tant cet album est un fantastique ovni dans leur
discographie). The Coral nous a même servi quelques petits covers, petits
plaisirs dont ils ont l’habitude mais qui reste pour moi quelque chose de
totalement absurde : avec un tel bagage jalousé de bons titres encore en
réserve, nous servir des reprises homogènes était un vrai coup d’épée dans
l’eau. The Coral ont aussi été avares en tubes : “Dreaming of You” viendra en rappel, juste
avant l’élan final North
Parade
(le meilleur morceau de ce Butterfly House), mais pas l’ombre d’un “Don’t Think You’re the First”, d’un “Bill McCai“, ou encore d’un “In The Morning”. Quand je vous disais que The
Coral n’étaient pas là pour amuser la galerie.

Photo: http://www.flickr.com/photos/53817525@N05/

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