Le dernier soir du For Noise comprenait le gros morceau du week-end - The Fall - tout en faisant un périlleux grand écart stylistique. Un jeu de jambe à risque, au point de désarçonner une partie d'un public passioné. Chronique.

Pully For Noise

REVIEW Le dernier soir du For Noise comprenait le gros morceau du week-end – The Fall – tout en faisant un périlleux grand écart stylistique. Un jeu de jambe à risque, au point de désarçonner une partie d’un public passioné. Chronique.

 

Hooligans

Tout
commençait bien en ce dernier soir du For Noise, avec un
après-midi ensoleillé qui se termina par les californiens de Fools Gold qui nous ont fait danser avec leur
univers à la fois tropical et africain, chanté en hébreu / yiddish. Une volonté
d’amour entre les peuples qui ne tombe pas dans le cliché des musiques du monde.
Et surtout un tube, “Surprise Hotel” joué en fin de concert. Le groupe assume
totalement son rôle d’ouverture de soirée en jouant à faible volume sonore ce
qui oblige le public à se rapprocher, créant un concert plus intimiste, sans le
fameux « demi-cercle » vide devant la scène. Après cette
montagne de « positive attitude », nous avons malheureusement dû subir le rock folk peu
subtil de Get Well Soon, venant dans la lignée des groupes «à la manière de Arcade Fire ».
La où Fanfarlo s’en
sort grâce à une composition intéressante et de bons musiciens, GWS semble nous rabâcher toujours la
même chanson, encore et encore, sans jamais toucher grand monde. À l’oreille,
on me dit même :  « ils ont l’air de s’ennuyer autant que le
public ». Bref, on tente d’oublier ce mauvais ersatz et on monte à
l’Abraxas écouter l’inventive pop colorée et aérienne de Buvette, en grande forme ce soir-là, qui
finit donc sa belle tournée des festivals d’été. The Fall
et son
impressionnant palmarès (30 albums, des milliers de concerts) nous attendaient
en bas sur la grande scène. Groupe mythique post-punk de l’Angleterre profonde,
j’avoue n’avoir eu aucune idée de ce qui allait arriver. Et bien, je peux vous
dire que je n’ai pas été déçu. Tout avec
l’arrivée de la section rythmique : deux jeunes hooligans aux bras tatoués
et crâne rasé arborant des polos fred perry. Deux gueules de casseurs nourris à
la bière et aux bastons de stade. Après 30 secondes de rythmes punks violents,
ils sont suivis d’un guitariste au visage fatigué et inexpressif qui entame un
riff de deux accords auquel il accorde toute son attention. En même temps
arriva la claviériste, une magnifique plante montée sur talons hauts portants à
ses bras trois sacs à mains de fausses marques italiennes ainsi qu’un sac H&M qu’elle ne touchera de tout le concert.

Magnifique complet chemise/training

Plusieurs
minutes passent et enfin, il arrive sur scène : le grand Mark E. Smith, avec son visage sans émotions,
patibulaire, vêtu pour l’occasion d’un magnifique complet chemise/training.
L’homme se dirige sans dire un mot vers les trois micros qu’il a sa disposition
et fait plusieurs fois mine de commencer, sans succès. Il semble hésiter et ne
cesse de mâcher un chewing-gum invisible. Les autres musiciens ne font que de
le fixer, se demandant à quel moment celui-ci se décidera à chanter. Quand enfin
il se décide, sort de sa gorge une voix agressive, nonchalante, qui ne semble
pas avoir été touchée par le temps. Le concert comment donc enfin et on se rend
vite compte qu’être musicien pour Mark E. Smith, c’est avant tout être esclave (la majeure
partie du répertoire de The Fall étant composée par lui, et lui seul). Sur
scène, il n’est pas rare qu’il vienne régler lui-même les amplis, voir couper
totalement le son. Il n’hésite pas non plus à placer un de ses trois micros
dans une grosse-caisse ou encore les coller contre l’ampli basse, ce qui
provoque des larsens. Même si les compositions restent dans un registre punk-rock, en soit assez
classique, il y a devant nous cette présence à la fois apathique, instable,
autoritaire et en même temps une sorte d’authenticité que seuls les groupes du
bas fond de l’Angleterre savent offrir.

Hmmm! je te reverrai bientôt

Jouant plus
longtemps que prévu, je remonte l’Abraxas où je découvre un public sous le
charme de CallMeKat auquel je n’ai malheureusement pas pu entendre une seule note. Plus tard
commençaient The Eighties Matchbox B-Line Disaster, qui offraient un concert sauvage,
surfant entre du dark-rockabilly et du hardrock d’époque qui a su se tailler une
réputation des plus houleuses. La puissance était au rendez-vous, même si
malheureusement il n’y avait un peu que ça, tant le quatuor manque de variété
dans ses compositions. L’imprécision générale des deux guitaristes ne joue pas
non plus en leur faveur, on aurait préféré un son plus précis, qu’un pseudo
attitude « rock’n’roll » droguée. Même si “Celebrate your Mother” résonne dans tout le public comme un
hymne, leurs nouvelles compositions me font sérieusement douter de l’avenir,
étant très proche d’Iron Maiden et de Manowar. Il fallait
ensuite tenter de se frayer un chemin dans la petite salle du For Noise pour
espérer voir un bout de Hmmm! Étant au fond, je n’ai malheureusement pu entendre que les complaintes
alcoolisées de l’entourage plus que le concert en lui-même (le son provenant
principalement du devant de la scène). Hmmm! je te reverrai bientôt. Pour
achever cette soirée et littéralement pour nous achever tout court, nous avons
eu droit à Moderat
(collaboration entre Modselector et Apparat) qui avait pourtant annoncé la fin du projet
il y a maintenant un an. Au programme, gros soundsystem, suite d’accords emo et
plainte au chant, un mélange à la fois ni touchant, ni vraiment dansant.
Difficile de voir un sens à cette musique, à la fois prévisible et déprimante. Assez
grande déception sur l’ensemble de la soirée, sûrement due au manque
d’homogénéité de la soirée ainsi qu’à la petitesse de la seconde scène, rendue
impraticable lors de grande influence. Même si le beau temps était présent, on
espère trouver l’année prochaine une programmation avec plus de risque.

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