Quand Nevena rencontre Anita. Où quand notre reporter de Nyon rencontre la guitariste d'un des groupes poids lourds de la scène indé helvétique, Disco Doom. L'histoire d'une entrevue qui se

Disco Doom

INTERVIEW Quand Nevena rencontre Anita. Où quand notre reporter de Nyon rencontre la guitariste d’un des groupes poids lourds de la scène indé helvétique, Disco Doom. L’histoire d’une entrevue qui se réalise finalement après maints essais. C’est que les Zürichois ont été passablement occupés ces deux dernières années, avec notamment une grande tournée US. Propos.

” De la mélodie, du bruit, des
répétitions, des chansons, de l’harmonie, de l’amour, le paradis, l’enfer “

Lords of
Rock : Comment c’était de jouer à Paléo ce soir ? Vous sortez juste
de scène…

Anita :
Oh, c’était génial, franchement incroyable ! Je ne suis pas tellement
habituée aux festivals. Nous jouons plutôt en club. C’était très spécial pour
nous de passer à cette ambiance festival. Il nous a fallu un petit moment pour
nous habituer et après la moitié de concert, c’est devenu vraiment super. C’est
peut-être à cause du timing. On est arrivé ici vers midi. Il faut attendre le
sound-check. Ensuite, on s’est un peu promené, rencontré d’autres groupes. Il
est difficile de se concentrer sur notre concert uniquement car il se passe
trop de choses. Et soudain, il faut être à fond dedans et monter sur
scène ! Il faut donc un moment pour faire revenir la concentration…

Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qu’est-ce que Disco
Doom ?

 Anita :
Il faudrait demander à quelqu’un ayant entendu le concert. Pour moi, c’est très
difficile de décrire notre musique. C’est de la mélodie, du bruit, des
répétitions, des chansons, de l’harmonie, de l’amour, le paradis, l’enfer.
(Rires). Je ne sais pas… Tu devrais vraiment demander à quelqu’un d’autre.

Vous êtes très souvent comparés à Sonic Youth et à d’autres groupes
dans la même lignée. Je trouve pourtant votre musique plus
« ambiante » très souvent.

Anita :
Nous le pensons aussi. Nous avons beaucoup d’influences et écoutons énormément
de choses. Très différentes souvent. Lorsque nous tournions aux Etats-Unis,
nous écoutions beaucoup Brian Eno, Moondog… Rien de rock. Plutôt des paysages, des répétitions. Bien sûr, Sonic
Youth est un groupe que nous avons beaucoup écouté. Beaucoup de Neil Young
aussi. Black Rebel Motorcycle ont été très importants pendant longtemps.

Justement, votre groupe compte aujourd’hui plus de dix ans de carrière. Que
dirais-tu de l’évolution de votre musique ?

Anita :
Je dirais que ce n’était pas dans une direction. Nous avons, on peut dire cela
ainsi, exploré un champ. C’est vraiment une sorte d’espace sur lequel nous
aurions travaillé. De l’exploration, essayer différentes choses.

Que dirais-tu de votre dernier EP ? Comment avez-vous
travaillé sur celui-là ?

Anita :
Pendant notre tournée US, nous avons effectivement sorti un EP de trois titres.
Mais à vrai dire, entre temps, nous en avons déjà enregistré un autre qui n’est
pas encore sorti. Nous avons travaillé dessus à Seattle et il devrait être
disponible bientôt, en automne ou en hiver.

Dirais-tu qu’il est très différent de l’autre ?

Anita :
Oh oui ! Nous avons alors beaucoup voyagé et vu des paysages très
différents. On peut l’entendre. C’est moins connecté aux gens et plus à la
nature. Beaucoup de répétitions, très simple… Nous l’avons enregistré en trois
jours et mixé en deux. Il est constitué de beaucoup de premières prises. Nous
sommes allés en studio avec un son en tête plus que des chansons. Ce sera
différent de ce qu’on connaît de nous. Nous sommes intéressés par tellement de
choses. Nous essayons donc d’expérimenter le plus possible.

Qui fait quoi dans votre groupe ?

Anita :
Gabriel (ndlr. Le chanteur) écrit les paroles en général. Ensemble, nous
faisons les arrangements et la production. Cela varie. Je dirais que Gabriel et
moi travaillons vraiment ensemble la plupart du temps. Le reste du groupe varie
malheureusement trop souvent.

Le batteur a été changé récemment non ?

Anita :
Oui, nous avons eu tellement de batteurs ! C’est parfois ennuyant mais en
même temps, nous nous adaptons beaucoup aux personnes avec lesquelles on
travaille. Aussi, la musique, l’ambiance change beaucoup. Parfois c’est plus
pop, parfois presque heavy rock ou noize. C’est la facette intéressante de
Disco Doom selon moi.

S’excuser
de faire de la musique

Lords of
Rock : C’est très difficile de faire de la musique en Suisse. La
progression est difficile à atteindre pour un groupe. A ton avis, quelle en est
la raison ? Le public, le manque de labels, de scènes ?

Anita :
Oui…  Nous faisons de la musique depuis très longtemps. Beaucoup de nos amis en
faisaient aussi pendant leurs études mais après cela ils ont voulu fonder une
famille et trouver des emplois stables. Une vie stable… Or, je pense qu’il faut
du temps pour construire quelque chose. Ici, les groupes s’arrêtent souvent de
jouer après cinq ans maximum.

Lords of
Rock : Dirais-tu que les Suisses sont des personnes plus
raisonnables ?

Anita :
C’est en lien avec la sécurité. Ici, quand tu dis être un musicien, on te dit
« d’accord, mais comment gagnes-tu ta vie ? » Nous venons de
passer sept mois aux Etats-Unis et c’est totalement différent. Nous avons
rencontré beaucoup de musiciens et ils ont un niveau de vie très bas et sont
totalement détachés du matériel. Cependant, ils se voient comme musiciens. Pas
seulement comme un métier mais un état d’esprit. Ici, il faut presque s’excuser
de faire de la musique. On le dit à voix très basse. De plus, la Suisse est un
pays minuscule. Notre musique n’est pas mainstream, c’est donc d’autant plus
dur de vivre de ça. Par contre, le soutien des fondations culturelles est lui
incroyable. Lorsque nous répétons cela à l’étranger, ils ont du mal à y croire.
De ce fait, ça s’équilibre en quelque sorte. Ce n’est pas impossible de réussir
ici mais il faut travailler dur et très longtemps.

Lords of
Rock : Comment vois-tu le futur de Disco Doom ?

Anita :
Continuer à explorer le champ ! (Rires) Et grandir d’une certaine façon…

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