Alberta Cross

Le patronyme Alberta Cross peut, de prime abord, tromper l’auditeur sur l’origine du groupe. Pas canadiens pour un sou, Petter Ericson Stakee et Terry Wolfers nous viennent respectivement de Suède et de Londres, et résident aujourd’hui à New York. En ayant vu du pays, ces gars cherchent à nous proposer, avec SONGS OF PATIENCE, un projet éclectique et ambitieux, désirant intégrer pléthore d’influences, notamment My Morning Jacket pour le côté « americana » et The Verve ou Oasis pour l’aspect plus « rock/pop » à l’anglaise. Avec un enregistrement et une production quelque peu chaotiques (cinq changements de producteurs, relocations fréquentes et autres péripéties), ce côté synthétique pourrait prendre encore ici une autre dimension, au point que l’on s’attende à une musique suffisamment originale, voire torturante, pour transporter l’auditeur.

En fait, dès l’écoute du "Magnolia" introductif, on se rend compte que ce n’est pas vraiment le cas : c’est doux, sympathique, mais surtout « gentillet », voire mièvre. Sa facette acoustique est agréable, mais les innombrables cœurs très « pop » sont plutôt lassants : comme dans une galerie d’art quelconque mais pas moche, on dirait péjorativement que c’est « intéressant ». Avec les "Crate of Gold" et "Lay Down" qui suivent, l’influence de The Verve apparaît plus explicite. Si le premier est de très bonne facture, avec un son plus crasse et proche d’un Neil Young et ses Crazy Horse, le deuxième est une balade « vervienne » qui met un temps fou pour accoucher d’une souris, tirant ainsi en longueur ; l’auditeur reste à quai. Puis, "Come on Maker" paraît répéter son prédécesseur, relevant le manque d’aspérité et d’originalité de l’album, un constat hélas identique pour "Wasteland", "Ophelia on my Mind", "I Believe in Everything" et "Life Without Warning".

 

 

La huitième piste "Money for the Weekend" renoue avec un son plus rock, style Black Rebel Motorcycle Club. La ligne guitare-basse-batterie nous plaît beaucoup mais le refrain vient rapidement casser notre entrain. Finalement, si le "Bonfires" conclusif paraît retomber dans les travers des nombreuses « balades » qui ont précédé, il s’avère être l’un des meilleurs moments de l’album, peut-être parce qu’ici le son est plus folk que pop (avec un soupçon de country) et que le piano apporte ce petit plus : c’est aussi important, le cerveau humain ne retenant souvent que les conclusions.

En définitive, si SONGS OF PATIENCE se voulait ambitieux et intégrant, il apparaît plutôt totalisant. Tout y passe, ou presque (on pourrait trouver de nombreuses autres références, notamment dans le rock seventies), mais rien ne reste, c’est lisse. Même si certains passages sont intéressants, notamment dans "Crate of Gold", et que la pointe de psychédélisme qui traverse la majeure partie de l’album n’est pas pour nous déplaire, cet album apparaît répétitif et finalement peu créatif. Notons néanmoins que cet opus nous a plus plu au fil des écoutes, son titre doit donc être véritablement pris dans le sens littéral du terme.

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