Seefeel – Seefeel

Ce combo briton propose toujours une musique électronique entêtante aux mélodies planantes, dans l’inspiration ambiant mais sans être chiant à mourir, les brouillards shoegazing des guitares (oui ce sont bien des guitares) permettant d’y remédier – sauf peut-être pour le titre "Rip-Run", un poil trop plat dans les distorsions. Les jeux sur le bruitisme sonnent d’une certaine intelligence comme sur QUIQUE (1993), où le groupe joue impunément avec les glitches, cet emploi volontaire de défauts sonores (on aura tous appris un mot aujourd’hui) mais sans mener à saturation du supportable : un fragile équilibre en somme, pas toujours réussi mais qui tient sur la longeur de l’album. Et c’est déjà bien balèze.

 

« Cet album est d’une densité qu’il faut prendre avec prudence »

 

Les titres jonglent dans leur durée, certains ne dépassant pas la minute, d’autres, comme le "Sway" de clôture, frôlant les 10 minutes : un petit moyen aussi de mettre une certaine dynamique dans l’enchaînenent, car on pourrait regretter que la batterie n’enrichisse que très peu les morceaux. Les différentes textures se superposent avec légèreté, peu de paroles, quelques murmures doucereux à tout casser ; plus expérimental que jamais (comme Making l’illustre parfaitement), cet album semble nous faire le portrait de créatures monstrueuses, mais avec une aura féerique, les jeux de distorsions peingnant un univers totalement décalé dans lequel on se perdrait volontiers. Inconcient, hypnose, méditation, zen attitude, rêverie (dream pop ?) … En fait, une écoute complètement agarde. Parfois à la limite de l’entraînant (Dead Guitars, Faults), cet album est d’une densité qu’il faut prendre avec prudence, sa découverte nécessitant une digestion de quelques jours avant de pouvoir remettre le couvert. On construit un monde ici, en moins d’une heure, c’est copieux.

Ce retour n’est définitivement pas un caprice soudain, les idées sont encore fraîches et mûres à la fois. L’attente a parfois du bon. Bref, une exception en ces temps de come-backs dégoulinants.

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