Kruger

FOR DEATH, GLORY, AND THE END OF THE WORLD avait marqué les esprits lorsqu’il était sorti par la qualité des compositions et leur son. Cet album avait été mixé par Kurt Ballou de Converge et c’est naturellement vers lui qu’ils se sont tournés à nouveau car, comme ils l’ont dit en interview, « il comprend même mieux [qu’eux] ce [qu’ils font] ». A nouveau, ici le mixage est super précis et chaque instrument sonne clair : les cordes se répondent et se combinent dans des entrelacs de puissance et de mélodie.

Le premier morceau de cet EP, "The Wild Brunch", ne prend pas de gants avec l’auditeur. Immédiatement on se retrouve embarqué par la furie des guitares au rythme d’une batterie précise. Si ce titre rappelle fortement les précédents titres et aurait pu très bien se trouver sur le dernier album, la force de ce morceau réside dans la partie vocale où Reno expérimente quelques parties mélodiques intéressantes, effort qu’il faudrait poursuivre. D’ailleurs, en ce qui concerne les paroles, ce morceau évoque le premier album de Kruger. En effet, ce titre parle d’un type au volant d’une bétaillère qui en quelque sorte, nous raconte son amour pour ce véhicule dans ce qu’il a de bestial, sa beauté mécanique – un des thèmes liés à l’iconographie fétichiste du rock n’roll dont s’inspire le groupe ; le premier album de Kruger se nomme CATTLE TRUCK (bétaillère). Est-ce un écho du passé ou la clôture d’une phase pour le groupe ?

Le deuxième titre – "Herbivore" – est quant à lui un peu plus alambiqué si bien que le groupe amène quelque chose de nouveau. Si le premier morceau aussi bon qu’il soit ne se démarque pas tant de ce que faisait Kruger, ce deuxième morceau montre que le groupe débarque dans l’ère d’un métal plus moderne encore tout en gardant son identité. A nouveau, l’efficacité de la production permet de bien apprécier toutes les facettes de ce morceau. Guitare rythmique et batterie sont au diapason, avec une basse qui donne du corps à l’ensemble. Puis le titre se fait plus ambitieux osant les changements de rythmique et de tempo – influence d’un rock progressif heavy à la Tool – passant d’un mélange de post-metal heavy pour finir dans un mur de son lent – du plus bel effet – évoquant très clairement Neurosis. D’ailleurs dans cette dernière partie du titre, nos chers lausannois arrivent aussi à instiller ce sentiment de malaise que le groupe californien nous transmet au travers de sa musique depuis plus de vingt ans.

Une fois encore Kruger nous offre une musique de qualité, très organique voire animale et complexe et nous montre à nouveau qu’ils ont bien digéré leurs influences. On pourrait penser que s’agissant seulement d’un deux titres, cet album a été vite produit. Au contraire, il y a fort à parier que cet album réponde à la fois d’un besoin impérieux de produire quelque chose de neuf mais aussi de se faire du bien ! Ces deux titres méritent donc qu’on s’y attarde. Kruger montre que s’il se laisse approcher facilement, il y a toujours plus à découvrir que ce soit au niveau de leur musique ou au niveau de leurs textes : ces derniers répondent d’une vraie démarche artistique. On ne peut douter de la sortie d’un album dans les prochains mois car l’envie est là. Après leur tournée de décrassage printemps, nul doute qu’ils sauront retrouver le chemin du studio.

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