DEATH METAL – 30 avril 2021 Gojira révèle enfin le fruit de cinq années de travail. Un disque atypique, efficace, engagé, surprenant mais ô combien accessible.
La seule raison pour laquelle cette chronique n’arrive que maintenant, c’est-à-dire près de 6 mois après la sortie officielle de cet excellent 7ème album c’est que “tout n’est pas si facile” comme l’écrivait Kool Shen. Alors bien entendu, j’ai pu digérer ce disque reçu en deux exemplaires, l’un officiel estampillé Roadrunner Records USA, l’autre, EMP. Il faut dire que pour les amateurs de vinyles, le groupe a mis les petits plats dans les grands en proposant de nombreux “variants” de très bonne qualité (je parle bien ici du pressage du produit).
Arrêtons-là pour la dimension strictement matérielle du support et concentrons nous sur la musique, que diable! Si nous résumons un instant. Gojira c’est 25 ans (et oui, 25 depuis l’époque Godzilla!) de carrière. Des albums bien différents – de l’efficace “Terra Incognita” (1999) avec des riffs, terriblement proches du grand frère Morbid Angel, au tellurique “From Mars To Sirius” (2005) – qui possèdent une armature rythmique d’une grande cohérence. Il s’en est passé des choses en 25 ans. Joe possède désormais, depuis quelques années, son propre studio d’enregistrement dans le Queens. Mario (le frère de Joe) et Gabrielle (leur soeur) s’occupent, comme à l’acoutumé, de la partie graphique et il faut dire que cette pochette est une véritable réussite. En plus d’être batteur, Mario est un sacré artiste peintre. Excusez du peu!
Gojira c’est une affaire de famille mais c’est aussi un groupe qui a su élaborer un propos au fur et à mesure des années, avec des thématiques denses et sérieuses : réchauffement climatique, rapports sociaux effondrés, pollution, déforestation.
Il aura donc fallu 5 ans depuis “Magma” pour enfin profiter du coup de boule Bayonnais asséné dans les règles de l’art. Et c’est avec « Born for one thing » que démarrent les hostilités. Un riffing monstrueux ; une batterie carrée ; une basse qui écrase tout sur son passage et une voix déchirée comme venue d’ailleurs. Ce premier titre fait d’ailleurs le pont avec le précédent album : du ventre de la terre (le magma) à son accouchement.
On ne badine pas avec le reste de l’album. « Amazonia » est un morceau qui vous colle à la tête à la manière d’un Sepultura, notamment “War for territory”. le clin d’oeil aux racines brésiliennes des américains est ici évident. Bien sur ce qui frappe à la première écoute c’est, malgré tout, ce côté très “lisse”. Exit les breaks à la “Link” et les tappings en ré à “la cannibal”! Voilà : le groupe a évolué. A tel point qu’un de ses titres : “Another World”, se retrouve pour la première fois dans un classement du Billboard (sorte de hit parade américain). Les ventes d’albums sont impressionnantes, surtout lorsqu’on se souvient de quel segment nous sommes en train de parler : le death metal!
Gojira une fois encore nous offre un titre chaleureux avec un clip vidéo de toute beauté et combien triste (allez le voir si ça n’est pas déjà fait) avec “The chant”. La voix se fait plus mélodique, le tempo ralentit comme jamais auparavant. La mélodie envoûte pour s’inscrire durablement dans notre tête. “The Chant” est le morceau le plus étonnant de toute la carrière du combo.
L’album se termine sur l’immense “Grind” sorte de mix habile entre Suffocation (période “Pierced from Within”) et Deftones (période “White Pony”). Déflagration sonore et guitares lancinantes le tout emmené dans un tourbillon de basse.
Que deviendra Gojira ces prochaines années? Révérons le groupe dans l’émission Quotidien? En tout cas, cette nouvelle direction est passionnante. Le disque : une réussite. Chapeau.