Les critiques rock ont cette petite manie de garder précieusement pour eux les joyaux cachés, signe d’une époque quasi virtuelle sans repos où l’on s’étonnerait que les morceaux formatés durent encore 3 minutes. A se demander par ailleurs pourquoi des honnêtes gens s’appelant « artistes » n’enregistrent pas leur tas de chansons dans un objet qu’ils osent encore nommer « album » au délà du raisonnable productif. Curieusement, allez m’expliquer pourquoi, le temps passé en studios tendraient à s’allonger ; l’époque du single par mois, ou p

Forest Fire

Les critiques rock ont cette petite manie de garder précieusement pour eux les joyaux cachés, signe d’une époque quasi virtuelle sans repos où l’on s’étonnerait que les morceaux formatés durent encore 3 minutes. A se demander par ailleurs pourquoi des honnêtes gens s’appelant « artistes » n’enregistrent pas leur tas de chansons dans un objet qu’ils osent encore nommer « album » au délà du raisonnable productif. Curieusement, allez m’expliquer pourquoi, le temps passé en studios tendrait à s’allonger ; l’époque du single par mois, ou par semaine suivant les vengeurs du rock belle époque est donc un affreux cliché collant aux fauchés. La faute aux nouveaux geek-frimeurs-ultrariches de la production (milieu du hip-hop en tête) ? Certes, on a eu notre dose d’enregistrement sans fin : pour cela, rien que le SMILE des Beach Boys suffit à expliciter le propos. Ah et puis non, on peut citer en outre YES PLEASE des survivants Happy Mondays, enregistré aux Caraïbes pour les raisons qui ont fait l’(in)succès du groupe, où le matériel d’enregistrement sera troqué subrepticement contre de la coke.

Les jeunes gens de Forest Fire sont eux aussi intéressants, cela même si la Blogothèque les décrit comme «l’affaire du siècle». Forcément, ça te fout la pression. Nonobstant ce fait, on ne peut pas dire que le disque soit trouvable dans le marché en position une dans les bacs. Mais grâce au label Talitres, il est enfin importé en Europe. Un fait : SURVIVAL ne mérite pas vraiment le succès populaire, il n’est pas fait pour cela d’ailleurs, ni le bac à solde. Ces splendides « outsiders », provenance pure sang de Brooklyn-Portland, loyaux envers le « do it yourself », rappellent forcément un bande de bracaillons noisy trop fauchés pour payer la note d’électricité. Alors, dans ce cas là, quand il n’y pas de business plan, pas d’avenir doré, on se regroupe et l’on ne prie même pas pour que tout aille bien car on sait très bien qu’il y a toujours plus démuni que nous. Nonchalament, “I Make Windows“ ouvre une affaire qui durera 26 minutes, somptueuses ballades lo-fi (“Sunshine City“, “Survival“), tableaux country-folk (“Through My Gloves“, “Echoes Coming“) et diablerie hallucinée (“Promise“) y compris.

 

 

Il y a cependant avant tout des compositions de premier rang, comme ce “Fortune Teller“ joué à la mandoline dans un rythmique à contre-temps laissant à peine le temps de sortir les stupéfiants, ou encore “Steer Me“, pas loin de la déglingue Black Lips. Enregistré dans la douleur, de manière bancale selon Mark Thresher, leader des Forest Fire, ce SURVIVAL ne permet pas l’apitoiement et esquisse plus des qualités naissantes qu’il nes les affirme. « Les membres du groupe sont répartis en Brooklyn et Portland. En conséquence, il y a eu des longues plages d’inactivité. Plusieurs titres ont été enregistrés « live » en moins de 5 prises : quand des amis arrivaient en ville, tout se faisait rapidement, chacun amenait ses instruments, rajoutait son propre son. Parfois, il n’y avait qu’un seul micro pour tout le groupe, parfois plus».

Voici un album respirant ses conditions de naissance, pas forcément drôle, mais sûrement pas tristement figé et conditionné. C’est un joyau caché disions-nous, qui donne une raison d’être supplémentaire aux magasins indépendants et de penser que l’on ose encore sortir des sentiers battus sans se faire abattre froidement comme un pauvre mexicain à la frontière US, croyant naïvement que l’herbe est plus verte de l’autre côté.

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