The BellRays

"Blues is the teacher, punk is the preacher" clament les T-Shirts à l’effigie des BellRays. Après avoir vu de tels excités sur scène, on ne sait trop à quoi s’attendre dans leurs loges. Oui, car les musiciens ont tout de même un certain âge (la quarantaine bien sonnée), et, surtout, un voyage de dix heures depuis la Croatie et un concert dans les pattes. Hyperactifs ou totalement zens ? C’est la deuxième option qui prendra le dessus.

Vous êtes déjà venus en Suisse auparavant ?

Tony: Oui, mais je ne pourrais ni te dire quand, ni où… En tout cas c’était chouette de parcourir ces magnifiques paysages en venant ici. Car normalement quand tu es sur la route, tout est bien droit et tellement ennuyeux. Mais en Suisse… well… c’est beau !

Une question me brûle les lèvres : comment se fait-il que vous connaissiez la chanson de Nino Ferrer "Les Cornichons"?

Tony: Quand on a tourné en Europe, notre tour manager s’appelait Jean-Luc, donc un Français. Et une fois durant un soundcheck, il a joué je sais pas combien de fois ce titre de Nino Ferrer et nous avons aimé cette musique. Alors on a décidé de l’apprendre et de la jouer, disons, comme une surprise pour Jean-Luc. Mais en plus en France, quand ils ont entendu ça, ils ont voulu la mettre sur l’album car ils nous avaient entendu la jouer en live. Alors… avec un peu de chance, ce sera un hit en France (r
ires) !

Ce serait plutôt cool, oui !! Mais parlons du dernier album justement… il est plus soft que les précédents. Comment cela se fait-il?

Tony: En réalité, on joue ces musiques et ce genre-là depuis un moment maintenant. Pour des raisons qui m’échappent, les gens n’y ont pas trop prêté garde et se sont plutôt focalisés sur le côté hard rock, le côté Detroit aussi. Puis Bob Vennum (le bassiste – ndlr) a eu l’idée de forcer le résultat, cette fois-ci, ou plutôt forcer les gens à nous écouter vraiment, dans notre intégralité de styles différents, donc soul, r’n’b (lire "rythm’n’blues" – ndlr…), funk et hard rock. C’aurait bien sûr été facile de refaire un album rempli de titres plus hard. Mais on est tous tombés d’accord sur l’éclectisme et on en a décidé autrement.

…mais vous avez par exemple joué de manière beaucoup plus hard la partie douce d’un titre comme "Pay The Cobra". Pourquoi?

Tony: De nouveau, la manière dont ça sonne sur scène ou sur l’album est au bon vouloir de Bob. Ce qui marche parfois sur scène ne fonctionne pas sur un album. Sur scène, c’est le circus, la gestuelle, tout ça. Le big show. Ce qui ne veut pas dire que nous devions jouer tout très fort et très vite. Maintenant, nous n’avons pas fait dans la dentelle ce soir, mais sache que nous donnons certains de nos concerts de manière très… euh… calme ! Presque jusqu’au chuchotement ! Car nous avons plusieurs sets. Trois durant cette tournée, pour être précis. Il faut que ce soit intéressant pour nous aussi. Je ne sais pas comment font ces groupes qui jouent tous les soirs la même chose… je ne sais pas ! Je ne pourrais pas !

À propos du titre "Pay The Cobra", justement, qui ou qu’est-ce que le cobra?

Tony: En Amérique, il y a différentes assurances maladies. Cobra est l’une d’entre-elles. Moi-même je suis diabétique et en tant que tel, je dois prendre de l’insuline. Et la seule compagnie d’assurance acceptant de couvrir mon cas est celle-ci. Et ça coûte une fortune… du genre trois à quatre fois le coût d’une assurance normale. Et je n’y coupe pas, sans quoi je n’aurais pas de couverture.

A propos de Lisa (Kekaula, la chanteuse – ndlr), on ne voit jamais une chanteuse moche. C’est important pour la scène, pour le succès, d’avoir une belle chanteuse?

Tony: Ca fait pas de mal ! ça aide même, par exemple à avoir notre photo dans les journaux !


Mais qu’est-ce que la féminité apporte dans un groupe de rock comme The BellRays?

(le groupe entre à ce moment-là – ndlr)

Tony: Il faut demander à Lisa.
Lisa: Je pense que tout le monde peut y répondre, non (rires) ? Je dirais que ça apporte quelque chose qu’un mâle ne peut apporter…
Craig (batterie): Un équilibre, en tout cas.
Tony: Tout ce que je sais, c’est que quand j’ai commencé à écrire pour ce groupe, je le faisais comme si j’écrivais pour un chanteur. Et ce n’est vraiment pas facile de changer le genre d’écriture, je t’assure ! De plus, il y a un changement de point de vue radical lorsqu’une femme chante. Alors il y a eu comme un changement dans la manière dont j’écrivais les paroles, oui. Mais nous n’avons, avec Lisa, eu aucune confrontation par rapport à mes points de vues. Du moment que je n’écris pas partout "bitches" et "whores" et tout nos trucs de mâles, tout se passe très bien.

Tony, qu’est-ce qui a provoqué un changement dans ta vie si bien que tu t’es dit "je vais monter un groupe !"?

Tony: Quand j’avais environ 13 ans, j’ai décidé d’être un songwriter. Le meilleur moyen dans ces cas-là est de te payer une guitare, car c’est facile à transporter et tout. Alors j’ai commencé à écrire des chansons et à les distribuer aux groupes que je connaissais. Mais ça n’a pas vraiment marché alors j’ai décidé de monter mon propre groupe pour jouer mes titres comme je les entendais dans ma tête. Et une fois que t’as le virus, tu ne lâches plus le morceau.

Et quels sont tes 3 albums favoris de tous les temps?
Tony: (longue hésitation) Il y a quelques années est sorti un coffret de Phil Spector intitulé Back To Mono. Je le prendrais, ne serait-ce que pour les Ronnettes. Le Greatest Hits de Buck Owens (un countryman des 60’s et 70’s – ndlr)… et Kind of Blue de Miles Davis. J’écoute cet album au moins une fois par semaine. Je ne pourrais pas vivre sans. D’ailleurs j’encourage tous les musiciens, tous styles et genres confondus, à écouter cet album. Même si on aime pas le jazz, il faut écouter cet album.

Sex, Drugs & Rock’n’roll?

Bob: Yes. J’aime tout (rires). Naaan.
Lisa: J’aime le sexe et le rock’n’roll. La drogue je ne m’y suis jamais vraiment intéressée. Si t’es vraiment accro, tu peux tout perdre alors pourquoi tenter ? De toute façon je dois faire gaffe à ma voix. Et c’est tellement plus cool de se rendre compte que finalement, tu n’as pas besoin de ça.
Tony: Je suis diabetique alors… Sex, Insuline & Rock’n’roll ! C’est pas aussi cool que la première version, hein ?
Lisa: C’est cool que tu poses cette question, car aujourd’hui, les médias VEULENT un truc tragique. Et ils le retranscrivent de manière cool. C’est ça le vrai danger. Fuck man ! Si tu ne fais que rocker ou t’y intéresser… tu n’as pas besoin de tous ces ragots !

Si vous deviez ouvrir pour un groupe, lequel serait-il?

Bob: Cheap Trick !
Craig: Cheap Trick !
Tony: Radio Birdman !
Craig: …ou The Cardigans (silence). Je rigole !
Lisa: Prince. Tout ce que ce mec a apporté à la musique. C’est si… différent ! Mais il y a tellement d’autres artistes ! Ouvrir pour Black Sabbath… fuck ! Ce serait géant d’ouvrir pour Black Sabbath !
Bob: Man, c’est une longue liste, ça. On va y passer la nuit !

Est-ce que vous avez un espèce de "rituel" avant un concert?

Craig: Je pense qu’on a tous notre rituel individuel. Pas tellement un truc de tribu, non. On s’assure que tout va bien pour tout le monde avant de monter sur scène, mais c’est tout.

Content de ce concert ?

Tony: Oh oui ! Le son était bon, le public génial ! C’était une belle sauvagerie !

Quel est le meilleur public selon vous ?

Bob: Pour moi c’est clairement ceux qui viennent pour écouter. Pas ceux qui viennent pour être dans la hype. Donc s’il y en a qui chantent et que tu les vois, tu peux savoir quel public tu touches. Et c’est très intéressant. Car combien de fois avons-nous joué devant un public qui discutait pendant que nous jouions ?
Lisa: On remarque que l’attention est de moins en moins élevée partout dans le monde, à cause d’Internet, des portables, bref, de la technologie. Tout le monde veut avoir tout tout de suite.
Bob: C’est pour ça qu’un public attentif est fabuleux. Et jouer devant un public qui ne te connais pas, c’est bien aussi, c’est là que tu vois si tu es intéressant ou non.

Et il était bon ce soir, le public?

À l’unisson: Ooooh yeah !

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