Trixie Whitley

Après une enfance en Europe, Trixie Whitley part aux Etats-Unis, s'installe à Brooklyn et travaille sa musique. Batterie, platines de DJ, guitare, elle touche un peu à tout et cherche à se distancer de l'ombre de son père. Mais voilà, le blues coule dans ses veines. Et sa voix, quelle voix! Capable de virevolter dans les gammes et les octaves, c'est ce qui frappe à la première écoute. Puissante, charnelle, juste, douce, les adjectifs manquent pour la décrire. D'ailleurs elle prend de la place, beaucoup de place sur les morceaux.

Pour l'habiller, Trixie Whitley a su s'entourer de musiciens talentueux mais elle a aussi mis sa touche par exemple à la guitare. L'album commence de façon prometteuse avec l'intro d'"Irène" et ses percussions à la tonalité industrielle qui accompagne la voix volontairement éraillée. Trixie Whitley ne cessera durant tout l'album de balancer dans un équilibre précaire entre tonalités catchy, prenantes et rythmes trop léchés, surfaits comme dans "Never Enough" ou "Need Your Love" un peu trop calibré FM mais avec juste cette touche d'originalité (cassures dans le rythme, percussions) pour éviter de trop tomber dans le cliché. Car FOURTH CORNER dévoile aussi le potentiel de la demoiselle avec des morceaux comme "Pieces", complainte magnifique et mélancolique. Une touche de violon, des émotions brutes, des guitares jazzy, bref une perle que l'on soit ou non amateur du genre. "Hotel No Name", dans un style complètement différent, avec des guitares dignes de Neil Young, sa batterie en fond et son rythme qui gagne en puissance. Ou encore "Breathe You in My Dreams", un beau solo où Trixie Whitley ne se laisse pas aller à des vocalises tout en nous montrant toute la palette de sa voix, claire un moment, douce et ténébreuse, dramatique après.

Au niveau des textes aussi, l'exercice était périlleux. Difficile de trouver des paroles suffisamment fortes sur lesquelles poser cette voix si puissante. Trixie Whitley a donc mis sur papier des émotions, des sentiments malmenés mais elle peine à sortir des clichés. Pourtant là aussi, elle sait se mettre à nu. "Oh The Joy" ne pourrait pas sonner et être plus intime avec ses quelques notes de guitare sèche et sa voix chaude, vibrante qui nous enveloppe. Sereine, cette chanson est comme une parenthèse, un instant de calme et pourtant d'une puissance insolente.

On se prend alors à rêver, à se demander ce que cet album aurait pu être si Trixie Whitley n'avait écouté que son cœur, ses tripes et pas les sirènes des radios commerciales, qu'elle n'avait pas arrondi les angles. Que ce soit dans un style 100% gospel, plus rock ou a capella, on se dit que le deuxième opus sera peut-être le bon. En attendant, on l'écoutera à petite dose, une chanson par-ci, une par-là pour ne pas, surtout pas, se lasser de sa voix.

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