The Crookes

 Sorti ce printemps après un EP prometteur, ce premier album des Crookes, partonyme inspiré de leur banlieue anglaise, sort de la manche du classisisme. Si l’entrée dans l’album se fait de suite dansante avec "Godless Girl", dès que George  Waite se charge du chant le soufflet s’effondre. Trop de justesse, il se cantonne à des chansonnades bien raisonnables. On reste dans la voix de joli minet, comme la label Fierce Panda Records en lance d’habitude (Coldplay, Keane), et on se retrouve vite en manque de brut. Trop romantique ? Assurément. Parfait pour un bain en amoureux. Mais attention à ne pas s’assoupir sous l’eau lors des tempos lents ; Youth joue sur la guitare vibrante et douce, insaisissable mais anesthésiante. Et n’espérez toujours pas pouvoir vous raccorcher au chant. Globalement, les Crooks jouent sur le contraste paroles/mélodies ; des récits qui traitent des doutes de l’âge d’or alors que la musique transpire l’insouciance et la joie avec une guitare estivale à la peau ferme et hâlée. Mais la déstabilisation reste à ce niveau. On leur préférera Vampire Weekend pour la recette, surtout que les inspirations retro se font bien trop sentir.

 

Faire la même erreur sur onze morceaux, c’est beaucoup

 

L’intro de "I Remember Moonlight" semble un clin d’œil aux Libertines, avant que tout s’éteigne pour laisser le chant libre à la voix, une fois de plus. Décidément cette manie des acolytes de George Waite à faire profil bas énerve, les instruments restant dans une retenue rageante : une batterie timide, une guitare plutôt ornementale, une basse bâclée. Faire la même erreur sur onze morceaux, c’est beaucoup. Le désuet en devient carrément ridicule sur "Bloodshot Days", avec ses théâtreux « pa-pa-paou » que même les clowns de The Baseballs renieraient. Revival quand tu m’étouffes. On a là un album pédant, qui s’enfonce tambours battants dans la brit-pop dégoulinante. Être anglais ne suffit pas à faire un bon album rock. 

 

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