Scream, le dernier album de Chris Cornell, ne laisse pas indifférent. Rencontre dans la loge de l’artiste.

Chris Cornell

SCREAM, le dernier album de Chris Cornell, ne laisse pas indifférent. Soit les
fans de la première heure reçoivent un choc, soit celles et ceux qui ne
connaissaient pas Cornell autrement que par James Bond (dont le thème est
abordé plus bas) ont été conquis par ce vétéran qui joue les Justin
Timberlake. Rencontre dans la loge de l’artiste.

Lords of Rock: En 2005 tu es venu au Montreux Jazz Festival. Quelle expérience en as-tu
retiré, espères-tu ce soir le même retour du public suisse ?

Chris Cornell: C’était un sacré bon concert, le public était très motivé et j’en
garde un excellent souvenir. J’étais assez surpris qu’Audioslave à
l’époque fasse partie de ce festival… mais tant mieux ! Quant à ce soir,
on ne sait jamais ce qui nous attend. C’est à chaque fois une surprise, à
chaque fois un nouveau challenge.

Comment le public a-t-il réagi à ton nouveau style – tant d’un point de
vue live que ce que tu peux entendre çà et là ?

Par rapport au live, je crois avoir joué ces titres une douzaine de fois avant
que l’album ne sorte. Sept fois aux USA et cinq en Europe. Oui, la réaction
était à chaque fois très bonne ! Et ce qui est intéressant c’est que les
fans hardcores viennent toujours me voir, même après la sortie de l’album).
Je ressens un réel support du public en général.

Pourquoi avoir choisi ce style, très éloigné de ce que tu faisais
auparavant, plutôt qu’un autre?

Je ne sais pas, je ne l’ai pas vraiment choisi, il s’est imposé à moi à
force d’enregistrer et d’enregistrer encore. Il était par contre important
pour moi de faire quelque chose de totalement différent, où je n’avais pas
de références. D’ailleurs Timbaland a fait des choses bien différentes
avant cela, donc rien n’était prémédité.

Justement, comment s’est passée la rencontre avec lui ?

Au début c’était juste histoire de faire quelques remixes pour un ou deux
titres. Et quand je l’ai eu au téléphone il m’a carrément dit qu’il en
avait fait de nouvelles chansons ! Et aussi qu’il était prêt à s’investir
plus. Du coup, l’idée de créer sous un angle différent, penser sous un
angle différent, travailler et faire confiance à quelqu’un qui a un passé
musical totalement différent n’est pas facile, et pour lui non plus
d’ailleurs, car il a passé – je crois – sur cet album plus de temps que
sur n’importe quel autre avant. Enfin, il m’est apparu que je ne savais pas
vraiment ce qu’il allait faire de ces quelques titres, par contre un album
entier prendrait effectivement tout son sens.

Si tu devais réécrire le précédent album, Arms Around Your Love, qu’y
changerais-tu ?

Je n’y ai jamais pensé… je ne pense pas que je le ferais. Je crois que
chaque album est en quelque sorte un film en super8 de ma vie. Par conséquent
le concept de « Qu’aurais-je pu améliorer ? » ou autre n’a pas vraiment
ni de sens, ni d’importance. Ce n’est que l’expression de ce que je veux
faire et ce que j’ai voulu faire à un moment donné. J’ai toujours fait ce
que je voulais faire musicalement. Il y a juste dans le processus d’écriture
où tu dois vraiment faire attention à ce que tu fais pour ne pas transcrire
une sensation ou un sentiment que tu avais 10 mois avant cela. Pour moi ça
n’est pas facile, car je ne suis pas celui qui sort de chez lui et écrit sur
ce qu’il voit, ce qu’il se passe. Je vis ma vie et quand ça vient ça
vient.

Flashback au moment où tu as écrit ce titre pour Casino Royale, “You Know
My Name”. Comment cela se passe-t-il lorsqu’on veut écrire un titre pour
un James Bond, il doit bien y avoir quelques contradictions j’imagine ?

Avant que je ne m’y colle, je crois qu’il y a eu environ cinq chansons qui
ont été testées, sans succès. Alors quand on m’a proposé cette
collaboration, j’ai dès le départ joué cartes sur table et ai dit que je
ne souhaitais pas participer à une espèce de concours de la meilleure chanson
ou je ne sais quoi. Soit on travaillait avec moi, soit on s’arrêtait ici.
Pour ma part, je n’avais aucune idée de leur manière de procéder. La
production m’a dit dès le début que je pouvais faire ce que je voulais.
Mais toute cette liberté, je ne savais pas comment l’approcher. De plus, il
m’est apparu que je devais faire quelque chose d’approprié pour que ça
colle avec le film. Et ça m’a mis une grosse pression, car tout de même
l’acteur avait changé et la presse était passablement négative. Et je ne
voulais pas sonner comme un autre titre de James Bond. Finalement, la seule
contrainte qu’on m’a imposée était de trouver un thème qui puisse
ressortir dans le film – ce que je voulais aussi naturellement. Au final le
morceau est très jamesbondien, pas tout à fait à mon goût. Mais les gens
ont tout de suite aimé dès la première écoute de la démo. Je crois être
le seul à avoir voulu recommencer le mix.

Tu as commencé sur la scène grunge, tu as fait du rock et maintenant de la
pop. Est-ce qu’en tant qu’artiste, on se fatigue avec le temps ou est-ce
qu’on devient simplement plus sage ?

Ni l’un ni l’autre. Ça va, ça vient. Il y a quelques temps encore j’ai
écrit des morceaux pas mal agressifs.

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