Au point de départ : The XX et Wild Beasts. Les premiers affolent les branchés, les seconds la jouent plus subtile. Double-chronique aux allures d’accusation.
C’est toujours la même histoire : comment certains disques voient-ils la lumière du grand jour ? L’album des XX est une énigme. « The XX déclare la seconde guerre froide au rock » déclare-t-on dans Voxpop. Cet album serait le manifeste des gens abattus, un vrai disque de new-wave, à des années lumières des exercices de reproduction d’Interpol et compagnie. Soit, ce minimalisme est à louer, les bons plans guitares accrochent, réduisant la partie rythmique à cadre aussi stricte que l’architecture Bauhaus. Il y a du Notwist dans ce dépouillement, avant de sentir le coup de la hype désagréable. « Génial, du minimalisme ! » s’écrierait-on déjà à Paris et Londres. Pour ce faire, un duo de jeunes gens. Ah non, un quatuor m’apprend-on dans l’oreillette, les 2 autres devant, au choix, faire l’artwork et acheter les bières, ce n’est pas possible autrement. Au risque de se faire des ennemis, insurgeons-nous : diantre, quels morceaux incitent à applaudir, même d’une seule main, le travail des XX ? On repense avec grande tristesse aux laissés pour compte The Whitest Boy Alive et Jeremy Jay, génies des morceaux sur le fil…
Ca sonne cheap
Et pourtant, l’ambiance créée par The XX n’est pas déplaisante, son intro serait presque celle d’un album de Kate Bush ce qui laisserait croire, 2 minutes durant, à la critique légitime. Et ce, d’autant plus que “VCR” rappellerait presque Efterklang et ses comptines délicates accompagnés d‘une guitare qu’on aurait mis en sourdine, attendant des jours meilleurs ou vraisemblablement épuisée des temps du stadium rock. Les voix elles sont nonchalantes et peu originales au contraire de ce qu’on dit. De bonnes intros sans suite, des voix molles, ça sonne cheap, assez bas de gamme au final. Vive la rentrée vous le rappelait Crocodile Duffy en chroniquant Phantogram : pourquoi tout simplement ne pas écouter ces derniers et ainsi bouder The XX ? Après tout, vous avez le choix.
Le lien avec Wild Beasts ? Il s’agit du contrepoids parfait aux XX, via leur album TWO DANCERS. Il y a d’abord ce titre affolant, “We Still Got The Taste Dancing On Our Tongues” où les falsettos de Hayden Thorpe opèrent en réminiscences d’Antony Heagerty. On n’avait pas entendu pareille beauté depuis les derniers faits d’armes des sous-estimés Islands. Comme chez les XX, on ne s’embarrasse pas de milles et uns effets, mais la vocalise, sur qui l’attention se porte, est ici totalement maîtrisée. Et le supplément organique ne trahit pas l’approche gracile des Wild Beasts. Les influences 80’s sont aussi ici présentes, mais elles sont au service d’une entreprise bien plus honnête et surtout ambitieuse. Et, au contraire des Grizzly Bear, ils ne se vautrent pas dans les multiples plans de structures tout en gardant une certaine richesse. Ces « bêtes sauvages » pourraient bien avoir signé l’une des pépites pop 2009, en lévitation, emplis de classe et avec de la personnalité. Et aura permis de révéler le talent évident d’Hayden Thorpe. The XX font du Suicide raté, Wild Beasts la joue subtile, n’avouant pas ses références à premier abord, pour mieux capter l’attention. Les gens cools ne sont pas ceux que l’on croit.
On n’avait pas entendu pareille beauté depuis les derniers faits d’armes des sous-estimés Islands