Soyons concis. Wilco, comme le tire éponyme ouvrant la parade. Wilco, comme le septième chapitre d’une belle histoire. Wilco enfin, comme le groupe que toute l’Europe envie aux USA. Car Wilco est sûrement plus important que ce que l’on peut croire.
C’est triste à dire mais Wilco est l’un des secrets les mieux gardés du rock de ces vingt dernières années. Pourtant ce n’est pas le succès qui leur manque chez eux aux Etats-Unis où ce nouvel album, leur septième, sorti là-bas au tout début de l’été, est rentré directement à la quatrième place des charts. Ce n’est sûrement pas non plus le talent qui leur fait défaut, n’importe quel ado des années 90 (ou 2000) ayant passé des après-midi entiers à écouter ces formidables chefs-d’œuvre que sont (notamment) BEING THERE (1996) et SUMMERTEETH (1999) peut en témoigner. Alors quoi, que manque-t-il à Wilco pour devenir une référence absolue et incontestable du rock actuel ? Le glamour ? Les sorties en boîte avec des top modèles ? Les pseudo-scandales organisés par l’attachée de presse pour le plus grand bonheur des tabloïds ? Les virements bancaires pour pouvoir faire la couv’ du NME ou de Rock&Folk ? Allez savoir…
En tout cas, ce septième album qui nous intéresse ici, s’il n’est pas un grand Wilco, est un très bon Wilco. C’est dit. Les hostilités s’ouvrent avec “Wilco (The Song)”, l’excellent premier single du disque qui, avec sa petite rythmique très américaine, rappelle un certain nombre de classiques du groupe et constitue ainsi une parfaite entrée en matière. On enchaîne ensuite avec “Deeper Down”, une bien jolie ballade enjolivée par une slide guitare discrète, puis avec “One Wing”, un mid tempo avec un superbe refrain mélancolique, et “Bull Black Nova”, qui commence de la même façon puis monte en puissance et part dans une drôle de partie instrumentale où plein d’instruments analogiques et synthétiques s’entrecroisent. Encore une fois, on se fait la même réflexion que l’on s’est toujours faite à propos du groupe et qui explique peut-être ce manque de reconnaissance chronique, en Europe notamment : Wilco est un groupe à l’ancienne. Ces gens, encore en 2009, pensent toujours que l’on peut faire un album sans fanfare, sans trucs modernes/post modernes, sans concession à quelque mode que ce soit, sans gros concept, sans déclaration mégalo, en se basant simplement sur la qualité de ses compositions. Tant mieux pour l’amateur de musique, tant pis pour parvenir à atteindre le niveau de notoriété de truc Doherty ou de machin chose Gallagher.
Wilco est l’un des secrets les mieux gardés du rock de ces vingt dernières années
L’album continue sur le même rythme, enchaînant pop songs joyeuses (“You Never Know” qui, tiens tiens, sonne George Harrison à mort, “’ll fight”), superbes mid-tempos (“Everlasting Everything”), et jolies ballades (“Country Disappeared”, “Solitaire”), et se conclut sur ce qui est certainement son morceau le plus rock, “Dark Neon”. Evidemment, tout ceci sonne très américain, ce qui ne signifie pas pour autant « tous aux abris, encore un horrible groupe F.M. pour radios du Midwest ». Non, simplement il y a de la slide guitare un peu partout, parfois des harmonies un poil country, et un sens de la rythmique que l’on ne risque pas de confondre avec celui de Kaiser Chiefs…
Tout ceci nous donne donc au final un très bon album qui ravira les fans du groupe, même s’il ne possède pas la splendide intensité d’un SUMMERTEETH par exemple.